31 juillet 1914

Bien comprendre les enchaînements de l'Histoire

pour rédiger la vie de nos ancêtres

Bonjour mon lecteur,

Partons en 1914 assister, malheureusement, le 31 juillet au soir, à l'assassinat de Monsieur Jean Jaurès...

Tout a commencé en 1892 avec la grève des mineurs de Carmaux où Jean Jaurès avait pris la défense d'un syndicaliste licencié après avoir été élu maire, socialiste, de la ville.

Jaurès est ensuite élu député socialiste en 1893 ; il avait déjà été député républicain du Tarn du 04 octobre 1885 au 14 octobre 1889.

On lui prête les paroles suivantes : "Quand je suis entré en politique en 1885, je ne connaissais que deux choses : la République d'un côté, la réaction monarchique et cléricale de l'autre... Je ne connaissais même pas le nom des diverses organisations socialistes qui luttaient contre la République bourgeoise"

...

En 1893, va devenir le porte-parole des 41 députés socialistes.

Le 24 juin 1894, Sadi Carnot, président de la République française, est assassiné par un anarchiste italien... L'agitation syndicale et anarchiste est très active... c'est d'ailleurs à cette époque que sont votées les "lois scélérates" visant à réprimer l'anarchie... Jaurès s'oppose fermement à ces lois.

Jaurès, pendant tout ce temps, s'occupe de l'unification des socialistes... ce n'est pas une sinécure...

En 1898, c'est "l'affaire Dreyfus" et les socialistes se divisent au sujet du "J'accuse" de Zola... Le 22 janvier de cette année-là, à la Chambre, Jaurès dénonce vivement l'attitude du gouvernement... Dreyfusards et Anti-Dreyfusards en viennent aux mains...

Jaurès devient directeur politique de "La Petite République", le journal d'Alexandre Millerand...

Mais Millerand (qui sera président de la République de 1920 à 1924) va accepter d'entrer au gouvernement de Waldeck-Rousseau... aux côtés du général Gallifet, le "massacreur de la Commune"... les socialistes se disputent violemment à ce sujet aussi... Guesdes, du Parti Ouvrier français, est très hostile à Millerand depuis cette nomination ; il reste intransigeant dans sa lutte contre le capitalisme alors que Jaurès et ses amis sont... disons... modérés...

En 1901, "l'union socialiste" est composée du côté de Guesde du "Parti socialiste de France" et du côté de Jaurès du "Parti Socialiste français"

Dès 1903, Jaurès s'impose à la Chambre... c'est un formidable orateur.

En 1904, il fonde son journal, "l'Humanité"

En 1905, Guesde et Jaurès s'affrontent une nouvelle fois violemment, mais se quittent sur une poignée de main... le congrès d'avril de cette année verra l'union tant attendue prendre forme, ce sera la naissance de la S.F.I.O : la Section Française de l'Internationale Ouvrière.

Jaurès est très occupé, il passe son temps à tempérer les bellicistes de droites et les antimilitaristes forcenés qui ne sont vraiment pas décidés à faire un pas les uns vers les autres...

...

En 1913, Jaurès s'oppose à "la loi des 3 ans" qui porte de 2 à 3 ans la durée du service et étant à 28 ans la durée des obligations militaires pendant laquelle les hommes peuvent être rappelés à l'activité sous les drapeaux.

Bien comprendre l'histoire de Jean Jurès

Jaurès le 25/05/1913 - Pré-St-Gervais

Une formidable manifestation sera organisée au Pré-Saint-Gervais, le 25 mai 1913, sous la houlette de Jaurès mais la loi sera promulguée le 07 août suivant.

À la fin de cette année, Doumergue propose à Jaurès, qui refuse, d'entrer au gouvernement.

Lors de la chute du gouvernement Barthou, qui n'aura duré que du 22 mars au 02 décembre 1913, Caillaux se voyait bien aux commandes... il avait négocié dans cette optique avec Jaurès... mais avait finalement accepté de devenir ministre des finances du gouvernement Gaston Doumergue.

En 1914, la S.F.I.O est le deuxième parti de France derrière le parti radical de Joseph Caillaux... qui est le ministre des Finances, instigateur de l'impôt sur le revenu... il est aussi lié à des affaires finan

La femme du ministre des finances Caillaux, tue le directeur du Figaro

cières louches... Monsieur le ministre n'a pas que des amis... Le Figaro mène une virulente campagne contre sa politique... tous les moyens sont bons... Gaston Calmette, le directeur du fameux journal, publie une lettre que Caillaux avait adressée, alors qu'il était marié, à sa maîtresse Henriette Raynouard... devenue depuis Madame Caillaux... Lors de cette publication, la dame se rend, le 16 mars 1914, auprès de Monsieur Calmette et l'abat d'une balle de son revolver...

Les tensions sont palpables...

Le 28 juin suivant, c'est l'assassinat de Sarajevo qui met le feu aux poudres...

Le lendemain, Jaurès participe à Bruxelles à une réunion du Bureau de l'Internationale socialiste où son discours lui vaut une ovation... mais l'opinion publique ne croit plus qu'il soit possible d'éviter la guerre et les efforts de Jaurès pour tenter de calmer la situation sont parfois très mal acceptées...

Le 30 juillet, Jaurès apprend que la Russie vient de mobiliser, il tente de convaincre le gouvernement français de calmer les Russes...

Le lendemain, il se rend au siège de l'Humanité, 16 rue du Croissant dans le deuxième arrondissement de la capitale, dans le but de rédiger un article fort... dans la soirée, en perspective de la nuit de travail qui s'annonce, il sort avec deux de ses collaborateurs pour dîner... Ils s'installent dans un restaurant, le "café du croissant" situé à l'angle de la rue du Croissant et de la rue Montmartre...

"Comment peut-on s'opposer à la guerre à moins d'être vendu aux Allemands ?" est sans doute la question qui hante les pensées du jeune homme adhérent de la "Ligue des jeunes amis de l'Alsace-Lorraine" qui observe les dîneurs par une fenêtre... Il tire deux coups de feu...

"On a assassiné Jaurès !"

sera le titre de tous les quotidiens du lendemain.