mardi 14 juillet 2020

La Fête nationale

Que fêtons-nous réellement le 14 juillet ?

Vers toutes les fêtes

Bonjour mon lecteur,

C'est une évidence, tout le monde sait que la prise de la Bastille a eu lieu le 14 juillet 1789...

J.Bapt. Lallemand (détail) - Musée Carnavalet
La forteresse médiévale est prise d'assaut par un groupe d'hommes qui pensent y trouver de la poudre et des munitions. Ces gens ont été mis très en colère par la rumeur matinale selon laquelle  Louis XVI allait faire disperser les députés réunis à Versailles et/ou que des troupes étaient prêtes à pénétrer dans Paris.

Armés des fusils, qu'ils ont prélevés au passage aux Invalides, ces personnes arrivent à la Bastille qui n'est gardée que par une poignée d'hommes qui se font rapidement massacrer... la tête du gouverneur de la place est triomphalement brandie au bout d'une pique...
Le roi n'ose pas réprimer ces violences... Ce sera la porte ouverte à tous les débordements...

Un an plus tard, les députés qui se sont érigés en assemblée nationale constituante, ont mis sur pied un projet de monarchie constitutionnelle. Louis XVI est bien obligé d'accepter... le pays est heureux et, pour bien le montrer, des fêtes sont improvisées au quatre coins du royaume...

Les députés de l'Assemblée constituante et le marquis de La Fayette décident d'officialiser le moment et organisent une fête grandiose le 14 juillet 1790... ce sera la Fête de la Fédération. Les députés de tous les départements, les "Fédérés", convergent vers l'esplanade du Champ-de-Mars. Les Parisiens sont venus en masse admirer le spectacle. Une tente immense a été dressée pour accueillir la famille royale, un arc de triomphe a été érigé en face. Au milieu de la place, Talleyrand, l'évêque de la Révolution, célèbre la messe entouré de plusieurs centaines de prêtres...
Eau-forte 27,5x44 cm de Ch. Monet gravé par Helman et Duclos - 1790 - BNF
Puis, vient la cérémonie des serments. C'est La Fayette qui commence :
« Nous jurons de rester à jamais fidèles à la nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi et de protéger conformément aux lois la sûreté des personnes et des propriétés, la circulation des grains et des subsistances dans l'intérieur du royaume, la prescription des contributions publiques sous quelque forme qu'elle existe, et de demeurer unis à tous les Français par les liens indissolubles de la fraternité ».
Le président de l'Assemblée prêtera serment au nom des députés et des électeurs puis, ce sera au tour du roi ; la reine s'associera en son nom et en celui du dauphin aux paroles du roi.
La monarchie constitutionnelle est fêtée en grande pompe, c'est la fête de l'union nationale. Le peuple est ravi...

On oublie ensuite un peu le 14 juillet, car les remémorations révolutionnaires sont particulièrement nombreuses puis, sous l'empire, on préfère la Saint-Napoléon...
Il faut attendre 1877, lorsque la majorité de la Chambre — jusqu'alors monarchiste — bascule républicaine... Les symboles de la révolution de 1789 sont alors ressortis...
C'est ainsi que la IIIe République fait de "la Marseillaise" un hymne national dont la version officielle sera fixée en 1887.
Si tout le monde s'entend pour avoir une fête nationale qui mette le peuple à l'honneur, la date n'est pas facile à fixer... le 14 juillet est choisie, peut-être, un peu par défaut car aucune autre date ne correspond pleinement pour une fête nationale mais aussi, et peu-être surtout, parce que le 14 juillet présente deux facettes.
Bien sûr, il y a la prise de la Bastille en 1789 qui est le symbole de l'arbitraire, mais il y a eu le 14 juillet 1790 qui a fait oublier — ou presque —  la violence de la prise de la Bastille et qui a grandiosement célébré l'union nationale dans cette magnifique Fête de la Fédération de 1790.
Tout le monde est content :
  • les modérés et même certains "orléanistes" adoptent en fait l'année 1790,
  • les républicains endurcis sont ravis du choix de la date du 14 juillet 1789 comme symbole du peuple vainqueur.
C'est ainsi que, le 21 mai 1880, un député parisien, Benjamin Raspail, dépose un projet de loi qui est adopté le 08 juin puis par le Sénat le 29 suivant, la loi est promulguée le 06 juillet... le jour est chômé pour que chacun puisse y participer. La loi, qui ne comporte qu'un article, est parue dans le Journal Officiel de la République française du 07 juillet 1880, page 7681 : "Article unique : la République adopte le 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle"
Imprimeur lithographe : Vagné et Cie - Musée Carnavalet

Avant même sa promulgation, les détails de la fête ont été mis en place et il y aura deux facettes :
  • un défilé militaire,
  • des festivités populaires.
Le rituel ainsi déterminé avec soin sera le même dans toutes les villes de France... mais la fête la plus spectaculaire se déroule, ce 14 juillet 1880, sur l'hippodrome de Longchamps avec une formidable revue militaire et la remise des drapeaux, par le président de la République, Jules Crevy, à l'armée qui se voit investie de la mission de protéger et de représenter la Nation. Le peuple est intimement uni à cette représentation militaire par le "bal populaire".
Il est à noter que, certainement pour la première fois, aucun Te Deum n'est prévue... même pas une petite messe...

À bientôt,
Catherine Livet

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