Pêle-mêle d'étrangetés et autres casse-tête - Challenge AZ 2020
M imétisme
Mais pourquoi Hortense, née en 1855, fille naturelle non reconnue de Marguerite Angélique Rahïr porte-t-elle le patronyme de Merda ?
Il nous faut remonter jusqu"à Angélique Rahïr, la mère de Marguerite, qui est née en 1800 d'Alexis et d'Angélique Hélain. Dans sa tendre enfance, sa vie n'était pas très facile mais lorsqu'en 1867, le père, cloutier, est décédé, la famille a basculé dans la misère la plus noire qui, de toute façon, guettait depuis longtemps. Heureusement, le bureau de secours de Lerzy, le village de l’Aisne dans lequel la famille était installée, a aidé la veuve et sa progéniture à survivre.
Angélique, après avoir perdu une petite fille de 18 mois qu'elle avait eue en 1823, s'est mariée le 07 octobre 1825 à Jean-Baptiste Merda, un journalier de 25 ans, originaire du même village. La naissance d'une petite fille a couronné l'union le 19 janvier 1826... mais l'enfant est décédée le 20 juillet suivant.
Ensuite, on ne sait pas trop ce qui s'est passé, mais Jean-Baptiste Merda est resté à Lerzy... Nous le retrouvons témoin ici et là aux grands événements... de sa belle famille... mais, plus aucune trace de la jeune Madame Merda... et pour cause, elle a laissé choir famille, mari et amis, persuadée qu'elle semble avoir été que sa vie serait meilleure ailleurs...
Elle en aura fait du chemin avant que nous retrouvions sa trace. Probablement abandonnée au bord de la route par un séducteur sans scrupule, elle survit en exerçant le très dur métier de blanchisseuse alors qu'elle est dans un état très avancé de grossesse... et c'est ainsi qu'elle a mis au monde, le 13 juin 1831 à Auxonne en Côte-d'Or, une petite fille qu'elle a prénommée Marguerite Angélique... A-t-elle alors déclaré qu'elle était mariée ? De toute façon, l'enfant née en Côte-d'Or ne pouvait évidemment pas être la fille de Jean-Baptiste Merda. L'enfant est donc enregistrée comme fille naturelle et non reconnue d'Angélique Rahïr... Son identité officielle est donc Marguerite Angélique Rahïr.
Puis, Angélique a ramassé son baluchon et, sa fille pressée contre son sein, elle est remontée dans le nord de la France... Elle n'est pas retournée vivre au domicile conjugal, mais s'est installée à quelques kilomètres, dans une masure, rue Sainte-Croix à Avesnes (sur Helpe) dans le Nord ; elle vit dans le voisinage de l'un de ses cousins, Jean-Joseph Rahïr qui semble l'avoir aidée.
Là, Angélique va donner le jour à deux autres petites filles. À chaque fois, c'est la sage-femme du lieu, Benoîte Lebon, femme Martin, qui assiste la parturiente et qui se charge de faire les déclarations à la mairie. Elle sait qu'Angélique Rahïr, domiciliée à Avesnes est la femme Merda dont l'époux vit à Lerzy mais elle le prénomme Louis-Joseph au lieu de Jean-Baptiste... Erreur ou volonté de la sage-femme de souligner que le mari d'Angélique ne serait pas le père biologique des fillettes ? On ne le saura jamais.
Le temps est passé vite, comme il sait si bien le faire et Marguerite Rahïr, la fille aînée d'Angélique, a 18 ans. Elle attend un enfant, dont on ne connaîtra jamais le père, qui va naître en 1849 puis, dans les mêmes conditions, un second garçon va naître en 1851 qui sera suivi de la naissance d'Hortense puis de celle d'Henri.
Lorsque Hortense vient au monde, le 16 mai 1855, dans une maison de la rue Bultot à Avesnes, comme pour ses frères nés avant elle et comme pour son frère Henri après elle, c'est une sage-femme qui l'accueille dans ce monde. Il se trouve que cette sage-femme est celle qui a aidé Angélique Rahïr à mettre ses enfants au monde, celle qui a fait les déclarations de naissance, comme il se doit d'ailleurs, des enfants d'Angélique sous le patronyme Merda, celui du mari d'Angélique, père légal des enfants...
Cette sage-femme a donc connu Marguerite enfant... sauf qu'elle a toujours entendu qu'elle était appelée Henriette... elle a également toujours su que celle qu'elle croyait se prénommer Henriette était la fille d'Angélique Rahïr, épouse de longue date de Monsieur Merda... il n'y a aucun doute, cette petite est la sœur aînée des enfants qu'elle a déclarées à la mairie sous le patronyme de Merda...
C'est donc tout naturellement qu'à la naissance d'Hortense, elle déclare le nouveau-né comme fille naturelle d'Henriette Merda... l'enfant devient donc officiellement Hortense Merda... comme ses trois frères dont l'aîné décède âgé d'une dizaine d'années et le second ne vivra pas un an.
L'état civil ne sera jamais rectifié et Hortense comme son jeune frère Henri transmettront le patronyme de Merda.
Il faut dire que, certainement, la sage-femme Benoîte Lebon n'était sans doute pas la seule à appeler Marguerite Angélique Rahïr, Henriette Merda ou, certainement plus souvent, Mariette...
Marguerite Angélique Rahïr allias Henriette Merda, alias Mariette, va finir par épouser un veuf, Constant Joseph Noyon né en 1810, ami très lié à la famille, mais ce qu'il y a de très intéressant dans ce mariage, c'est que l'acte précise bien la double identité de la fiancée.
De plus, cet acte de mariage m'a offert une belle surprise — oui, je sais, ce n'est pas charitable — : j'ai été très étonnée de constater que Margueritte Angélique Rahïr, alias Mariette, Merda savait signer... et, elle signe... A. Rahïr !
Hortense aurait pourtant dû s'appeler Rahïr pourtant, elle est bien devenue Hortense Merda.
À lundi pour la lettre N pour Nébuleux.
Vers l'ensemble du #ChallengeAZ 2020
Catherine Livet
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Quelle histoire...
RépondreSupprimerElle avait donc une triple personnalité/identité ?
RépondreSupprimerpas facile cette histoire !
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