samedi 20 novembre 2021

#RDVAncestral Laurent Muyllaërt

 En cette froide soirée de novembre 2021, obsédée par mon travail de recherches et de rédaction pour sortir de l'oubli "Les Poilus de Limay", je ne peux pas m'empêcher de penser à mes arrière-grands-pères et plus particulièrement à Charles Muyllaërt, sergent à la Légion Etrangère pendant la Grande Guerre dont j'ai réussi à reconstituer une grande partie de sa vie... très mouvementée...  Je pense souvent que, pour le mieux connaître, il serait bon que je m'immisce dans la vie de ses proches... Un milieu rude aux manières frustes...
C'est décidé, je vais laisser mon esprit partir à la dérive, s'échapper de mon corps, s'élever et traverser les murs et la toiture afin de vagabonder dans les limbes où se trouve plus certainement qu'au paradis l'âme sans doute torturée de celui dont j'aimerais avoir les confidences...

A n'en pas douter, c'est lui, l'esprit de mon arrière-grand-oncle, qui gronde et qui ricane... mais cette tentative d'intimidation ne risque pas de réussir tant je suis déterminée à faire sa connaissance. "Allez, sors du purgatoire et viens te confesser ! Je sais qui tu es et voici ce que je sais de toi" :

Tu es Laurent Hector Muyllaërt ; tu es né le 10 août 1881 dans une maison rue Bultot à Avesnes dans le Nord. Tu es le premier enfant commun de Charles François Muyllaërt et de Hortense Merda mais, chacun de leur côté, ils sont déjà le parent d'un certain nombre d'enfants nés de leur premier mariage car, ils sont tous les deux veufs. Vous allez former une famille tellement unie qu'en 1893, le fils de ton père épousera ta sœur utérine et ce ne sera pas une réussite ! Il faut dire que la misère semble régner en maîtresse absolue sur tous les membres de ta famille.

Mairie du 13e arrondissement de Paris
Bien entendu, je ne sais rien de ton enfance. Je te retrouve jeune homme comme en 1903 où tu es le
témoin du mariage de ton demi-frère, Léon Benoît, divorcé de ta sœur utérine, Henriette Noyon, pendant que ta femme est celui de ta nouvelle belle-sœur. Tu t'es marié bien jeune, le 10 novembre 1900, dans le 13e arrondissement de Paris. Ton épouse a un âge en rapport avec le tien puisqu'elle est née le 11 septembre 1882 ; elle s'appelle Gabrielle Emilie Lapostre ; elle est la fille de Joseph qui est statuaire et d'Henriette Leferme. Comme ton père, tu exerces alors le métier de cordonnier.
Mais voilà que ton histoire commence à s'auréoler de mystères... Qui est cette Berthe Muyllaërt qui, témoin de ton union, signe "femme Muyllaërt" ? La seule qui pourrait répondre à ces critères serait Berthe Beaudet mais elle ne deviendra ta belle-sœur qu'en 1903 en épousant Léon Benoît.
Un petit Léon Charles naît à la maternité de l'hôpital Boucicaut juste sept jours après ton mariage, tu habites alors au même endroit que ton demi-frère, mais le nouveau-né n'a pas aimé la vie et il décède le 04 mars 1901, chez toi, à la même adresse que celle de tes parents.
Le 14 octobre suivant le décès de ton aîné, c'est encore un garçon, Emile Hector François, qui arrive chez toi. Tu es alors terrassier et Gabrielle est repasseuse. Bon, je ne vais pas m'appesantir sur le fait que les témoins de cette naissance sont le marchand de vins du 11 rue Baudricourt et la marchande de vins du 05 de la même rue, celle où tu habites au numéro 10 mais, je suis obligée de remarquer la profession de tes amis... en tous les cas, je ne sais pas - et je ne veux par ailleurs pas le savoir -  s'il y a une relation de cause à effet mais, le nouveau-né décède le lendemain. Ce sont tes parents qui font la déclaration à la mairie.
Le 20 juin 1903, c'est une fille qui arrive chez toi, à Fontenay-aux-Roses, dans les Hauts-de-Seine ; c'est ton beau-père qui t'assiste lors de la déclaration. Tu es redevenu cordonnier et Gabrielle blanchisseuse. Ah ! Bonne nouvelle ! Peut-être parce que le temps était plus clément, la petite Laurence Marguerite va atteindre l'âge adulte et se marier. Bon, j'ai bien l'impression que ton beau-père est décidé à te venir en aide et, avec femme et enfant, tu t'installes chez lui.

Disparu ! Après cette naissance en 1903, je ne trouve plus aucune trace de toi jusqu'au mariage de ton frère, mon arrière-grand-père, Charles Muyllaërt.
Surprises ! Il n'est même pas majeur et il épouse, le 16 avril 1910, une femme de 34 ans, veuve, mère d'un garçon de 12 ans et est... ta belle-sœur ! Elle s'appelle Henriette Lapostre et est enceinte jusqu'aux yeux... Celle qui deviendra ma grand-mère maternelle n'en peut plus de n'être qu'un fœtus et décide de faire son entrée au monde trois jours après le mariage de ses parents.
Il y a encore, et toujours, du changement dans ta vie. Tu habites alors, avec Gabrielle et votre fille, chez ta mère, rue de la Pointe d'Ivry dans le 13e arrondissement de la capitale ; tu es coltineur, comme ton frère, et ton père est absent... il est hospitalisé en Belgique... Nous ne le reverrons plus...
Laure Gabrielle, ta fille, naît quelque temps plus tard, le 25 octobre 1910, à ton domicile qui est alors situé rue Baudricourt, toujours dans le 13e ; tu es dit débardeur, ce qui n'est pas très loin de coltineur mais... tu es absent et c'est ta mère qui a fait venir une sage-femme et qui s'est chargée de faire la déclaration de naissance à la mairie. Encore une bonne nouvelle : la petite va grandir et se marier !

Où étais-tu lors de cette naissance ? Je vais bientôt le savoir mais avant tout, il faut que je t'avoue - et tu le prends comme tu veux - que j'ai été très surprise que tu saches lire, écrire et compter parce que, sincèrement, je pense que tu étais plutôt un petit drôle qu'un élève appliqué...
Je n'aurais jamais de photo de toi mais, je sais que tu mesures 1,69 m, que tu es châtain aux yeux gris et que si ton nez est large, ta bouche est petite et je sais aussi que tu es un mauvais garçon !

Gabès - Camp militaire
Condamnations à des amendes pour infractions, à la prison pour vol... Allez oust ! Il fallait s'y attendre, l'armée t'expédie apprendre les bonnes manières au 4e Bataillon d'Infanterie Légère d'Afrique... le fameux Bat d'Af et c'est donc en 1903, tu avais été déclaré "bon absent" en 1902... N'étais-tu pas en train de purger une peine de prison ? En tous les cas, te voici embarqué et tu découvres Gabès en Tunisie où tu vas rester du 02 décembre 1903 au 27 mars 1906...

Ah là là ! Jusqu'au bout tu m'auras tendu des pièges ! Tu vas encore me faire courir d'un lieu à un autre... mais avant de te suivre sur ton parcours de misères, je te laisse méditer dans les limbes pendant que mon esprit regagne la planète Terre... j'ai besoin de renouer avec ma vie et ses petits bonheurs avant d'affronter les grands malheurs qui ont jalonné la tienne.

Catherine Livet

Ce texte est écrit dans le cadre du #RDVAncestral Vous êtes chaleureusement invité à participer.


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4 commentaires:

  1. Il faut que je dessine un arbre pour m'y retrouver :)

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    1. Plus compliquée que cette branche, ce n'est pas possible !

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  2. Réponses
    1. La vie de tous les membres de cette branche de ma généalogie est très mouvementée
      Merci Dominique pour ta lecture et ton commentaire

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Merci pour cette lecture.
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