mardi 8 mars 2022

1918 - Mes Parisiennes pendant la Grande Guerre

 


Tous les hommes valides de la famille sont au front, depuis le début pour Henri Montenach qui a déjà 46 ans en 1918 ; Papa Noé, mon arrière-grand-père, beau-frère de Henri Montenach juste cité, a commencé par être réformé n° 2 parce qu’à la veille de la mobilisation générale, il avait été victime d’un accident du travail qui lui avait brisé la jambe droite à plusieurs endroits… il est ensuite passé dans la réserve de la territoriale depuis octobre 1914… sa jambe s’étant quelque peu consolidée, il a été affecté aux services auxiliaires le 19 mai 1915 puis, le 12 janvier 1916, aux Gardes des Voies de Communication… En ce tout début de l’année 1918, il se trouve à Enghien-les-Bains dans le Val d’Oise ; bien qu’il n’y ait aucune trace probante, son petit-fils, René Livet, qui ne naîtra qu’en 1922, se souvenait que Noé lui racontait qu’il était alors brancardier.

L’autre homme de la famille, Georges Alexandre Sirejean est âgé de 46 ans en 1918 mais il n’a pas été rappelé, à dire vrai, il n’a même jamais fait son service militaire… il a toujours été d’une santé fragile et, en cette période qui nous intéresse, il est particulièrement faible… il semblerait qu’il souffre de tuberculose d’ailleurs, son frère, jumeau, qui était aux armées depuis le 23 mars 1915, a été réformé n° 2, dès le 16 avril suivant pour tuberculose pulmonaire… en ce début 1918, il est toujours dans ses foyers, pas très vaillant.

Georges Sirejean, respectivement fils et neveu des précédents, a 24 ans, né le 24 juillet 1894 il a été appelé dès le premier septembre 1914.

Même le jeune Lucien Montenach, le fils qu’Henri avait eu de son premier mariage mais qui a, presque depuis toujours puisque sa mère est décédée alors qu’il n’était qu’un tout petit enfant, été élevé par la seconde épouse de son père, Marie Chalvet, a rejoint le front… né le 13 décembre 1897, il a été appelé le 04 décembre 1917 et il a rejoint l’aéronautique militaire comme mécanicien… L’aviation française était très en retard par rapport à l’allemande… les grands moyens ont été déployés… Il ne faut pas que des aviateurs au sein de l’aéronautique, l’armée a besoin de techniciens, de mécaniciens etc. et, justement, dans le civil, le très jeune Lucien est mécanicien… Son père, Henri, exerce également dans l’aéronautique, il est, depuis le 09 août 1917, à l’école d’aviation de Vineuil qui est le prolongement de celle de Châteauroux.

A Paris, il ne reste donc plus que Georges Alexandre Sirejean, très malade, dont il faut s’occuper, Thérèse Livet, la mère de Noé, qui a déjà 63 ans, qui habite un peu à l’écart du reste de la famille mais qui, heureusement, vit avec sa fille Joséphine qui peut l’aider… enfin, disons qu’elles s’entraident mutuellement car la jeune femme a des particularités… mais là aussi il s’agit d’une autre histoire ; les trois sœurs Chalvet qui travaillent ensemble… lorsqu’il y a du travail… comme plieuse, brocheuse et relieuse… et tous leurs enfants dont certaines, Georgette et Henriette Sirejean, Elisa Montenach et Germaine Livet, heureusement, travaillent ; les autres enfants, dont seulement 2 garçons, sont écoliers et il faut s’occuper d’eux. 

A Paris, la vie est très chère mais, s’il n’y avait que le problème de la cherté, les Parisiennes ne se
plaindraient pas… Il y a pénurie… de tout… il faut déjà utiliser les tickets de rationnement et les Parisiens -il en va de même pour tout le pays d’ailleurs- doivent faire attention à tout, absolument tout ! On utilise des affiches de choc pour que cette idée entre bien dans la tête de chacun, des concours sont même organisés, où vont bientôt l’être, au sein des écoles pour créer les affiches qui seront placardées pour édifier la population… Aucun écolier Livet ou alliés n’a, à ma connaissance du moins, gagné l’un de ces concours. En plus du fait que la grande majorité des hommes est au front, les récoltes ne sont pas toujours bien grandes et puis, il faut aussi souligner que d’immenses terres alors agricoles dans les environs immédiats de Paris, voire en son sein même, ont été remplacées par des usines d’armement comme, par exemple, l’entreprise Citroën qui a construit un vaste complexe industriel, pour fabriquer des obus notamment, sur les terrains du quartier de Javel qui jusqu’alors était principalement constitué de terres maraîchères.

Pourtant des dépenses, que l’on pourrait aujourd’hui trouver parfaitement inutiles, sont engagées par
Germaine Livet… Elle est alors âgée de 18 ans, son « petit fiancé » est là bas… quelque part… soldat… il lui réclame une photographie… Et il semblerait que la jeune fille aime bien se faire prendre en photo… Elle fait réaliser des portraits à la moindre occasion… et les envoie généreusement à qui veut bien en recevoir. Comme tous les Livet depuis plusieurs générations déjà, elle travaille « dans le livre », son fils aussi fera carrière dans ce milieu… mais ce sera le sujet d’une autre histoire…
Germaine est brocheuse au sein des éditions Max Leclerc et Henri Bourelier dont les ateliers sont installées 8 avenue Villemain dans le 14e arrondissement de la capitale, à quelques centaines de mètres à peine de son domicile, cet établissement est déjà une importante entreprise, qui est encore connue de nos jours sous le nom d’Armand Colin dont la fille avait épousé Max Leclerc ; Germaine y est entrée, comme apprentie, le 14 mai 1913… déjà, et comme dans toutes les entreprises de ce secteur hautement syndiqué, elle bénéficie de nombreux avantages sociaux… par exemple, son simple statut d’apprentie lui ouvre droit à de futures prestations de retraite.

Sa mère, Emilie Chalvet, a trouvé une solution pour ne plus avoir de dépense de loyer… Pendant très longtemps, la famille a habité rue Deparcieux dans le 14e arrondissement de Paris, les Livet sont très connus dans le quartier… et l’idée d’Emilie, est de devenir concierge… elle est appréciée des habitants alors, sa demande est relayée auprès de tous les propriétaires des rues avoisinantes et voilà que la loge du 39 rue Daguerre est libre… la personne qui la tenait jusqu’à présent ne se sentant plus la force de le faire, s’est retirée chez sa fille… Et c’est ainsi qu’au tout début de l’année 1918, Emilie déménage avec sa fille et son jeune fils, Emile, alors âgé de 11 ans… la loge n’est pas très grande, elle se compose d’une pièce à vivre d’une vingtaine de mètres carrés mais qui sert aussi pour la réception des locataires de l’immeuble et d’une alcôve d’environ huit ou neuf mètres carrés que l’on isole du reste du logement à l’aide d’un paravent… mais Emilie bénéficie aussi, pour sa famille, de l’appartement du 3e étage… celui là même où, des décennies plus tard, je vais naître.. ou presque puisque je vais voir le jour à l’hôpital voisin et je ne serai installée dans cet appartement qu’à la sortie de la maternité… Bien entendu, en ce début de 1918, Emilie ne sait pas qu’elle vient d’ancrer ses descendants, pour longtemps, dans ce quartier-village du 14e et que l’immeuble dont elle est maintenant la concierge deviendra « l’immeuble des Livet »… en attendant, elle fait de substantielles économies et peut continuer à exercer, à domicile, son métier de relieuse qu’elle effectue avec ses sœurs ; Louise fait la pliure des documents, Marie est chargée de la piqûre sur la pliure de Louise et Emilie intervient pour relier les différents petits fascicules, formés par Marie, pour constituer un livre… avant la guerre, elles travaillaient chez Marie qui avait le plus grand appartement mais aujourd’hui, Emilie doit être présente pour les locataires du 39 rue Daguerre alors, ce sont ses sœurs qui viennent travailler chez elle. Et puis, il y a un autre changement aussi, avant la guerre encore, c’était Noé Livet, son époux, qui amenait le travail à faire et qui emportait l’ouvrage terminé… cette fichue guerre complique grandement la vie… il faut maintenant donner la pièce aux gamins du quartier pour qu’ils se chargent des livraisons.

Voilà donc l’organisation des Livet en ce tout début d’année 1918, Germaine est logée et nourrie par sa mère, elle n’a aucune facture de gaz, d’eau, de charbon à régler… bien entendu, si nécessaire, elle aide volontiers sa mère pour une facture donnée mais Emilie a toujours été une parfaite ménagère, très
économe alors, les difficultés financières sont plutôt rares, voir inexistantes… surtout qu’elle n’a plus de loyer à payer. C’est ainsi que Germaine peut s’offrir un peu, voir beaucoup, de superflu, très prisé par les jeunes filles de son âge… comme les photos qu’elle affectionne tant.

Germaine est née le 17 janvier 1900, au tout début de cette année ronde si emplie de promesses de félicité et, malgré les pénuries et les restrictions, Emilie réunit toute la famille pour fêter dignement les 18 ans de sa fille… Je ne sais pas comment arrivent sur la table la viande, le vin et les gâteaux… je laisse chacun imaginer… mais il est évident qu’Emilie a toujours été pleine de ressources…

Mais voilà qu’en cette période qui se voudrait joyeuse, la tristesse étreint les cœurs… Papa Noé et oncle Henri ne sont pas là, tout comme les cousins, et ils ne pourront pas faire plein de bécots sur les bonnes joues rondes de la petite Germaine qui est en train de se transformer en une ravissante jeune femme…

Germaine va donc chez le photographe et fait faire un tirage spécialement pour son cher père. Je conserve aujourd’hui plusieurs exemplaires de cette photo, une d’origine, en noir et blanc et d’autres, mises en couleurs, plus ou moins réussies… la qualité n’est pas au rendez-vous, c’est ce qui explique les différents tirages encore en ma possession aujourd’hui… Celui que je présente ici est tout de travers… la teinte de la robe est beaucoup trop foncée… Finalement, c’est la photo en noir et blanc qu’elle envoie, sous forme de carte postale, à son très cher père qui se trouve à Enghien-les-Bains ; il lui manque énormément ainsi qu’à sa mère, elle l’écrit, elle a tant de choses à dire à son père qu’elle n’a pas assez de place. Mais Noé ne lira cette carte postale qu’à son retour à Paris car lorsqu’elle arrive à Enghien, il n’y est plus et elle sera renvoyée à son expéditrice… C’est la seule lettre écrite par Germaine qui est arrivée jusqu’à moi pourtant, je ne peux pas imaginer que Germaine n’ait pas régulièrement écrit à son père, elle écrivait très souvent à son « petit fiancé » qu’elle a un peu, et même complètement, oublié en ce début d’année 1918 et à son oncle Henri Montenach dont je possède les réponses qu’il envoyait à sa nièce et qu’elle a toujours conservées.

Voici la transcription de cette carte :
« Je t’écrie pour t’envoyez
Ma photo qui je pense 
Te trouvera en bonne santé
Moi et mon frère on se porte
Bien et je pense que tu es
De même sais pour toi
Que je me suis fais photographier
Je pense que sa te fera plaisir
Je t’embrasse de tout cœur ta
Fille qui t’aime
Pour la vie Germaine
Emile et maman se joint A ma carte Pour t’embrasser de tous cœur
Je pense que tu viendras dans le courant de la
semaine
Maman s’ennuie »

Nicolas II et Emile Loubet en 1901
En ce début d’année 1918, l’absence des hommes n’est pas le seul souci de mes Parisiennes… des bruits courent, la rumeur enfle… Bien entendu, on savait que des incidents se déroulaient en Russie mais jusqu’à présent, on n’y avait pas vraiment pris garde… il y avait et il y a toujours tellement de problèmes à régler au quotidien… mais voilà que maintenant, les évènements politiques en Russie se répercutent ici même, dans le village du 14e arrondissement de Paris, dans la rue et même… au 39 de la rue Daguerre… Les emprunts russes viennent d’être répudiés par le nouveau régime politique… 
Les Français ont massivement souscrit ; de nombreuses personnes, incitées par le gouvernement français, se sont constitué des rentes pour leurs vieux jours, certains ont placés l’intégralité de leurs économies… 
L’entente franco-russe était si parfaite : « Prêter à la Russie, c’est prêter à la France » disaient alors les affiches de propagande. Les liens entre les deux pays étaient si forts, indéfectibles… 
L’industrie en Russie avait besoin des investisseurs étrangers pour se développer et la France avait besoin d’un allié face à la menace de guerre… Mais voilà qu’en ce début d’année 1918, Paris apprend que les intérêts de décembre 1917
ne seront pas versés… 
"Le Journal" 19 janvier 1918

C’est embêtant, très, car certaines personnes vont avoir des difficultés financières mais on pense encore alors, du moins rue Daguerre, que la situation va s’arranger… une solution va être trouvée et tout va reprendre comme avant… La Russie, comme la France, pensait que cette fichue guerre devait être facile et rapide mais l’armée russe a connu des revers certains et la belle union du peuple derrière son tsar n’est plus qu’un souvenir… 
les troupes russes se sont démoralisées, les désertions se sont multipliées, l’économie s’est effondrée… les tensions, les manifestations et les grèves sont devenues quotidiennes… le régime tsariste de Nicolas II a été remplacé en 1917 et les Bolcheviks ont, quelques mois plus tard, remplacés le gouvernement provisoire… et Emilie commence à comprendre que les répercussions vont se faire sentir à travers le monde et que l’onde de choc va toucher son petit univers.

Les préoccupations deviennent plus matérielles encore, le danger immédiat… les sirènes hurlent dans la nuit du 30 au 31 janvier 1918… les locataires dévalent les escaliers en chemise, ils traînent derrière eux des manteaux, couvertures et objets divers… ils se ruent vers les caves et les abris qui sont depuis longtemps identifiés dans le quartier… Ca tombe bien, il n’y a pas bien loin à aller… il faut atteindre la loge d’Emilie… la sirène l’a sortie du lit, dans la précipitation, le paravent qui sépare la partie privée de son petit logement est tombé, endommagé à plusieurs endroits… On ne sait pas pourquoi, ce détail l’a marqué et elle le racontera longtemps, toute sa vie même… Je pense qu’elle voulait expliquer qu’elle considérait qu’elle avait manqué de sang-froid ce jour là, elle aurait du être plus calme, surtout que non seulement elle avait cassé son paravent mais aussi, elle n’avait pas pris le temps de lasser ses bottines, ni même d’enfiler des pantoufles… en chemise, en cheveux… presque nue en somme, elle avait tiré la lourde table de chêne pour dégager l’accès à la non moins lourde trappe, seul moyen possible pour descendre dans les entrailles de Paris… les carrières si profondes qu’aucune bombe ne pourrait jamais les atteindre… Avant la guerre, ce passage était strictement interdit, il avait même été condamné mais depuis, un escalier a été aménagé pour que les habitants puissent s’y mettre à l’abri, Emilie est chargée de le maintenir propre et accessible en cas de besoin et là, c’est sûr, tous ont besoin d’elle… elle va aider chacun à emprunter l’escalier si pentu qu’il ressemble à une échelle de meunier, elle va porter les enfants et soutenir les vieillards… Toujours en chemises, toujours en cheveux et toujours pieds nus, une lampe à pétrole à la main, elle va courir d’un appartement à l’autre dans tout l’immeuble pour s’assurer que personne n’est en plan… elle va même aller vérifier au 37 de la rue Daguerre que l’on ne peut, de toute façon, atteindre qu’en passant par le premier étage du 39… Elle n’est pas tellement sûre qu’elle soit responsable des habitants du 37 mais elle les connaît tous, ils sont obligés de lui dire bonjour à chaque fois qu’ils entrent ou qu’ils sortent de chez eux puisqu’ils doivent emprunter la porte d’entrée de « son » immeuble.

Taube en vol
Cette nuit du 30 au 31 janvier 1918, ce sont des avions, comme les Parisiens n’en ont encore jamais vu, qui, dans un bruit assourdissant, survolent la capitale larguant sur leur passage des bombes d’une puissance jusque là ignorée… mais les pauvres citadins ne savent pas encore vraiment ce qui se passe… pour l’instant, chacun tente de sauver sa peau car, à n’en pas douter, le danger est grand…. Certains ont regardé par la fenêtre et ont distingué des avions… autrement plus menaçants que ceux qu’ils avaient déjà vus jusqu’à présent car maintenant qu’ils sont à l’abri, les Parisiens se souviennent que, le 30 août 1914, les Allemands avaient envoyé leurs « Taubes » survoler la capitale, ces monoplans avaient bien jeté quelques « petites bombes », sans causer de gros dégâts, mais surtout, avaient largué des tracts et autres oriflammes de propagande… le but étant de démoraliser la population… but un peu, voir complètement, raté car les Parisiens, loin de s’émouvoir, avaient alors montré une grande curiosité et le survol de la ville par les « Taubes » était vite devenu une sorte de spectacle à ne pas manquer… il paraît même qu’à Montmartre, en septembre 1914, chaises et longues-vues, à chaque apparition des « Taubes », se louaient aisément… Les passages des « Taubes » et le largage de leurs quarante-cinq bombes ont fait six morts, dix-huit blessés et des dégâts plutôt légers… Une histoire étrange, peut-être une légende, circulera longtemps dans Paris… elle a été relayée sur plusieurs générations… et je m’en fais aujourd’hui l’écho : « Un « Taube » aurait survolé Paris sans lâcher de bombe, il aurait aussi survolé Raincy et serait arrivé en vue du fort de Chelles ou était stationné un régiment d’infanterie qui, le voyant, comme un seul homme, tire, au fusil, sur l’avion ennemi… réussissant ainsi à crever son réservoir d’essence… Le « Taube » ne pouvant alors que descendre, en vol plané, entre le fort de Chelles et la petite ville de Bron… le pilote aurait réussi à poser son appareil en plein dans un chantier où des hommes auraient été justement en train de creuser des tranchées autour de Paris pour empêcher l’avancée allemande sur la capitale… Le pilote allemand, sautant de son appareil, se retrouvant brusquement face à ces Français, aurait déchargé son revolver dans leur direction… Loin d’être impressionnés, les Français se seraient rués sur le pilote allemand et l’auraient abattu de quelques coups de pioches bien assénés avant de reprendre leur travail de terrassement… » 
Les essais n’ont pas été concluants et les « Taubes » ont rapidement disparu du ciel de Paris mais la France a pris au sérieux l’avertissement et des mesures pour lutter contre une attaque aérienne sont mises en place… du moins les prémices car les Parisiens ne sont qu’au début de leurs surprises… Ce n’est pas fini et, si les Allemands ne font plus de tentatives dans le ciel de Paris, c’est qu’ils sont en train de fourbir leurs armes aériennes…Ils mijotent leurs plans, persuadés que cette arme nouvelle est l’avenir,
la victoire et voilà qu’une gigantesque ombre obscurcie le ciel de Paris, la nouvelle menace venu des airs a pris la forme de « zeppelins », ces dirigeables capables de transporter des bombes autrement plus importantes que celles des « Taubes »… les dégâts occasionnés ont été particulièrement importants lors du raid du 29 janvier 1916 lorsqu’un « Zeppelin » avait largué sa cargaison de mort sur Belleville et Ménilmontant occasionnant de nombreuses victimes… 
 
 
Un enterrement national avait été organisé pour les morts de ce jour, le crime avait alors été qualifié de particulièrement odieux… Dix-sept bombes étaient tombées du ciel sur le quartier de Belleville, la station de métro Couronne avait été complètement pulvérisée, juste après le passage d’une rame…

Gotha
Sûr que les souvenirs remontent à l’esprit, on se remémore les premiers raids aériens mais
aujourd’hui, les Parisiens comprennent parfaitement qu’ils sont face à une arme aboutie… deux ans plus tard, presque jour pour jour, la menace revient planer… autrement plus terrifiante… Le « Gotha », sans doute le premier véritable bombardier de l’histoire de l’aviation militaire, vient de faire son apparition au-dessus de Paris. Les dégâts que cet avion formidablement abouti cause dans la capitale sont très importants… 
La tour Eiffel en1918 - défense anti raids aériens

L’avion a été conçu pour un long rayon d’action, sa vitesse peut atteindre 140 km à l’heure et son autonomie en vol dépasse les 800 km… Mais l’armée française n’est pas en reste, elle continue à développer son aviation et à améliorer ses techniques de défense contre les raids c’est ainsi que la tour Eiffel sera aménagée pour riposter contre ces redoutables machines de guerre.

La capitale est cependant cruellement blessée ; partout, dès le matin du 31 janvier, les Parisiens errent dans les rues dévastées… des vitres ont volé en éclats, des toitures se sont effondrées, des murs se sont ouverts, des cratères ont enfoncé la chaussée… Les victimes n’ont pas encore été comptabilisées mais à n’en pas douter, il y en a beaucoup. Pratiquement tous les quartiers ont été touchés… 
Boulevard Saint-Michel le 31 janvier 1918
Partout les pompiers, les gardiens de la paix, des
volontaires s’activent pour étayer les maisons qui risquent de s’effondrer, relever les ruines, déblayer les gravas… après s’être occupé des victimes bien entendu… 
De gros dégâts sont constatés à moins d’un kilomètre du domicile de Thérèse Livet ; rugissant juste au dessus de l’abri dans lequel elle devait être terrée avec sa fille et ses voisins, le « Gotha » meurtrier a largué trois bombes de cent kilos chacune sur l’école des Mines, ratant les bâtiments, elles sont tombées, dans un formidable bruit d’explosion, sur le trottoir à trois mètres des murs et à douze mètres les unes des autres… malgré l’heure tardive, il paraît qu’un cocher en stationnement et un passant attardé ont été tués. Partout, c’est la même désolation…

Ce premier mois de l’année 1918 se termine pour mes Parisiennes… Elles ne le savent pas encore, ce n’est que le début de leurs malheurs… D’autres évènements, plus meurtriers les uns que les autres vont s’abattre sur elles et tous les Parisiens… des fléaux inimaginables vont ravager la population civile… le danger ne viendra pas que des airs…

A suivre…

Catherine Livet

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2 commentaires:

  1. La place des femmes prise, par la force des circonstances, pendant la 1ère guerre mondiale, marque un changement dans les mentalités. une période charnière de la condition féminine. Intéressante à mettre en valeur.

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  2. Oui, les femmes ont alors endossé tous les costumes. Merci Dominique pour ton commentaire.

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Merci pour cette lecture.
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