mercredi 9 novembre 2022

ChallengeAZ 2022 : Houbre

Elle nous parait sans doute légèrement immature pourtant, lorsque j'ai rencontré Isabelle, pour la première fois, le 27 octobre 1886, dans le 5e arrondissement de Paris, elle venait de mettre au monde une petite fille, Jeanne, née de père non dénommé. L'accouchement s'est déroulé chez une sage-femme, 34 rue des Ecoles mais la parturiente habite habituellement au 27 de la rue Bourg Tibourg dans le 4e arrondissement où elle exerce le métier de couturière.

La toute jeune femme, elle n'a que 16 ans lorsqu'elle devient mère, est née également dans le 5e arrondissement parisien, le 1er mai 1870 et, elle aussi, de père inconnu. Sa mère, Marie Augustine Houvre était un peu plus âgée, elle avait 19 ans lors de cette naissance, était employée et avait reconnu sa fille, toujours dans le 5e arrondissement, une dizaine de jours après la naissance. La mère d'Isabelle décède, le 06 avril 1883, âgée de 32 ans, à Epinay-sur-Orge alors qu'elle habite rue d'Orsel, dans le 18e arrondissement de la capitale, il n'y a pas de précisions sur son lieu de décès et l'un des témoins est un garde champêtre. Nous ne savons pas qui s'occupe d'Isabelle à cette époque.

En revanche, c'est à Montreuil-sous-Bois, aujourd'hui en Seine-saint-Denis, que nous la retrouvons quelques mois après son accouchement. Elle est toujours couturière et habite 41 rue Voltaire, chez son grand-père, François Houbre qui a spécialement été nommé tuteur, par le conseil de famille qui s'est tenu le 27 mars 1888 dans le 18e arrondissement de Paris, pour le mariage de sa petite-fille. Isabelle est bien entourée. Les témoins de son union sont Auguste Houbre qui est âgé de 38 ans et est employé, et Léon Wollenschneider,  âgé de 28 ans, également employé et habite à la même adresse qu'Isabelle ; le premier est son oncle et le second son oncle par alliance. Un autre Houbre, Edouard, un jeune clerc de notaire de 24 ans, est témoin du côté du mari dont il est l'ami.
Le marié est Jules César Léon Bazile. Il est employé de commerce, il est né le 20 juin 1863 à Granville, dans la Manche où sa mère, Virginie Victoire Lechartier, habite toujours ; elle a donné son consentement au mariage par acte notarié. En revanche, le père du futur est absent et il a même été nécessaire de faire dresser un acte de notoriété car Jules Bazile a disparu.
Le mariage, célébré le 26 mai 1888, est couronné par la naissance de Marcel Jules Léon, le 09 janvier 1889 dans le 11e arrondissement de la capitale ; François Houbre, le grand-père de l'enfant, accompagne son gendre pour faire la déclaration.

Il faudra attendre le 05 avril 1892 et nous rendre dans le 14e arrondissement parisien pour assister à la naissance suivante. C'est une fille qui naît, on la prénomme Hermence Amélia Rosalie ; le père n'est pas présent lors de la déclaration... Mais, il est représentant de commerce et on l'imagine facilement en tournée commerciale, sa femme enceinte, ne pouvant pas forcément le suivre sur les routes...
Cependant, il y a une petite particularité sur cet acte, car la mère est appelée Isabelle Léonie Amélie... d'où viennent ces prénoms ? De plus, Isabelle est dite parfumeuse. Elle est alors censée habiter au 9 rue des Martyrs, à Paris, avec son époux.

Bon, jusqu'à présent, l'histoire d'Isabelle n'a rien d'extraordinaire, excepté la disparition de son beau-père, Jules Bazile et l'apparition de nouveaux prénoms pour la désigner.
L'annonce de son divorce n'est pas plus spectaculaire. Car, effectivement, le couple se sépare, le 07 mars 1894. Le tribunal prononce le divorce au profit du mari auquel elle confie la garde des deux enfants plus âgés, mais celle d'Hermence, la dernière née, est pour la mère et le père doit verser une pension mensuelle de 20 francs pour son entretien. En revanche, Isabelle doit payer les dépens.
À la date du divorce, Jules César Léon Bazile, est domicilié à Champigny-sur-Marne et Isabelle à Montreuil-sous-Bois.

Pourtant, le 13 juin 1895, chez une sage-femme domiciliée 79 Grand-rue à Champigny, Isabelle Houbre donne le jour à une petite fille et la rédaction de l'acte est assez surprenante. Elle a pour prénoms Henriette et Marie, mais il y a une erreur sur le nom de famille, comme si Isabelle continuait à se faire appeler Madame Bazile... Cependant, le nouveau-né est étiqueté fille naturelle et Isabelle est devenue Isabelle Suzanne, en revanche, elle est toujours parfumeuse.

1910 est l'année des mariages pour cette drôle de famille.

Le 03 mars, Jules César Léon Bazile est à Paris pour assister sa fille qui épouse Marcel Théophile Joseph Georget ; elle est femme de chambre, il est coiffeur. En revanche, le père de Jeanne, toujours sur les routes pour son commerce, est domicilié à Saint-Florent dans le Cher. Le frère de la mariée, Marcel, a fixé son domicile à Auneau où il est plombier, mais il a fait le déplacement pour être aux côtés de sa sœur. Isabelle est absente et personne, dans l'assemblée, ne connaît son domicile.

Puis, Jules César Léon Bazile, quoi de plus normal, se remarie, le 06 septembre 1910, dans le 9e arrondissement. Son père est déclaré décédé et sa mère habiter à Granville, il est dit qu'il est divorcé d'Isabelle Houbre. Il habite alors au 46 rue Lamartine, avec sa fiancée, Marie Julia Jourdan.
Ils profitent de leur union pour légitimer André Julien dont la naissance est un peu mystérieuse. L'enfant est déjà âgé de plus de 6 ans, il est né le 14 mars 1903, à Amiens dans la Somme. De plus, il a été déclaré par la sage-femme qui a procédé à l'accouchement de père et de mère non dénommés ; jusqu'au mariage de Jules César Léon Bazile et de Marie Julia Jourdan, cet enfant n'avait pas de patronyme... où a-t-il passé ses premières années ?
Mais le mystère va encore s'épaissir lorsque nous allons nous intéresser à la mère. Jusque-là, Jules César Léon Bazile étant représentant de commerce, ne restant jamais très longtemps dans le même endroit, l'enfant qu'il a reconnu comme le sien étant né à Amiens, nous avons naturellement pensé qu'il avait fait connaissance de sa fiancée lors d'un séjour qu'il aurait effectué dans cette ville. Mais, s'est-il réellement déplacé à Amiens ?
En 1909, il était domicilié à Auneau, en Eure-et-Loir et en 1912, il sera à Sotteville-lès-Rouen en Seine-Maritime.
Revenons à la seconde épouse de Jules César Léon Bazile. Elle s'appelle Marie Julia Jourdan. Elle est née le 23 août 1879 à Valognes, dans la Manche, de père non dénommé et de Marie Jourdan, sans profession, âgée de 31 ans. C'est un ébéniste de 43 ans, qui habitait avec elle rue Pelouze, qui est venu faire la déclaration de naissance. Voulez-vous connaître le nom de cet homme ? Vous allez être surpris. Il s'agit de Jules Bazile, le père de Jules César Léon Bazile !

Mais que devient Isabelle Houbre ? Tout laisse donc penser qu'elle n'a plus aucun lien avec son ex-mari et leurs deux premiers enfants. De plus, lorsque son fils Marcel s'est fait recenser en vue d'accomplir son service militaire, en 1909, il semble qu'il ait carrément déclaré que sa mère était morte.
Pourtant, elle est bien vivante et, elle aussi, se remarie en 1910, le 17 novembre, à Sèvres dans les Hauts-de-Seine où elle habite, avec son fiancé, au 2 rue du Chemin de fer. Elle épouse Henri Albert Louis Antoine Dauzat ; c'est un homme de lettres et, petit détail, il est âgé de 33 ans alors qu'elle en a déjà 40. En fait, elle est la femme d'un homme déjà célèbre, connu sous son prénom d'Albert ; en plus d'être écrivain, il est linguiste, auteur de "la toponymie française", il est directeur d'études de l'école pratique des hautes études et sera même, en 1939, nommé à la commission nationale de toponymie et d'anthroponymie... entre autres... et, à ce titre, il est, encore de nos jours, bien connu des généalogistes.

En 1912, le 02 décembre, c'est le fils d'Isabelle qui se marie. L'union est célébrée à Auneau. Le père du marié, bien qu'habitant alors à Sotteville-lès-Rouen en Seine-Maritime, est présent, mais Isabelle Houbre est encore absente et personne ne sait quoi que ce soit à son sujet.

Lorsqu'Hermence se marie, 04 avril 1918, à Montreuil où elle est domiciliée avec sa mère, le père est non seulement absent mais, déclaré mort ; de plus, ses parents ne sont pas dits divorcés mais sa mère veuve et remariée. La future est assistée par sa mère et son beau-père, Albert Dauzat, est témoin. La jeune femme est plumassière et son fiancé habite 84 rue des Amandiers dans le 20e arrondissement. Hermence divorcera de Marc Frédéric Bouges en 1924. C'est curieux, c'est toujours à cette adresse qu'elle sera censée habiter, lors de son décès survenu le 02 juin 1932 au 9 avenue des Sorbiers à Villiers-sur-Marne. C'est sa mère qui sera la déclarante de la mort de sa fille, qui n'exerçait aucune profession. Le décès sera transcrit le 10 juin suivant, dans les registres de la mairie du 20e arrondissement parisien.  Que s'est-il réellement passé ? Nous ne le saurons sans doute jamais.

Qu'est devenue la fille naturelle d'Isabelle, née en 1895 et prénommée Henriette Marie ?

Isabelle décède chez elle, 10 rue Villa Benoît à Villemomble en Seine-Saint-Denis, le 14 mars 1935.

À demain pour la lettre I

Catherine Livet

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2 commentaires:

  1. Le ChallengeAz donne l’occasion d’approfondir des recherches sur des branches moins connues. Ce travail de recherche sur les traces de ce couple n’a pas dû être aisé.

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  2. Il y avait un hospice à Epinay-sur-Orge à cette époque

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