Il s'agit de mon terrible arrière-grand-père maternel.
Il a toujours été un rebelle, un dur, une tête brûlée...
Je crois bien que sa vie aura été particulièrement difficile... Sa personnalité et son comportement n'y sont certainement pas étrangers.
Voici donc Gustave Beckrich que j'ai retrouvé de nombreuses fois dans les journaux, presque depuis son enfance... et pas pour la gloire.
Voici l'un des derniers articles :
Journal de Saint-Denis du 27 février 1910 |
Voici la dramatique fin de mon arrière-grand-père :
[...]
L’état de santé de Rachel ne s’améliore pas… l’hôpital ne peut rien pour elle, peut-être même pas atténuer ses éventuelles douleurs alors, elle revient dans votre si coquet deux pièces où tu fais ronfler le poêle à charbon pour qu’elle n’ait pas froid… mais elle succombe ce 15 novembre 1909… tu l’accompagnes le lendemain et assistes à son inhumation dans la fosse commune pour adultes numéro 23 dans le carré cinq de la cinquième rangée du cimetière communal… Une idée te taraude et tu en es sûr maintenant, ta seule chance d’être enseveli avec Rachel est de la rejoindre avant que la place ne soit prise par un autre… puis tu te rends à l’atelier de confection où tu es employé rue Brézin, et ton patron chez qui tu n’es pas venu travailler depuis plus de six jours, le temps de l’agonie de Rachel, t’annonce qu’il ne veut pas te reprendre… alors, désespéré, hurlant ta douleur… tu te précipites par la fenêtre que ton corps puissant pulvérise et tu t’écrases, dans les débris de verre et de bois qui ont accompagné ta chute, sur les durs pavés de la chaussée humide… Les courants d’air sont revenus habiter ton crâne… croyais-tu vraiment mettre fin à tes jours en jetant ton corps, encore jeune et robuste, d’un premier étage parisien ? La foule t’entoure, on te relève, quelques tessons se sont fichés dans ta peau épaisse et le sang coule des nombreuses et diverses blessures qui meurtrissent ton corps mais aucune n’est mortelle… même pas inquiétante… Tu es conduit à Lariboisière où tu es pansé mais où les médecins vont te garder pendant longtemps, très longtemps… je ne sais pas si tu as droit à la camisole de force et je ne veux pas plus connaître le remède qui t’est prescrit pour te faire passer tes idées suicidaires…
Le petit Marcel a sept ans maintenant et sa sœur cinq, ils sont confiés temporairement à l’assistance publique… Les jours passent… les semaines passent… les mois passent… et puis le médecin chef de l’hôpital décrète que tu es guéri, que tu peux récupérer tes enfants et rentrer chez toi… C’est ainsi que ce 20 février 1910, las, hébété, le marmot accroché d’une main à tes basques et traînant sa sœur de l’autre, tu regagnes ton petit logis qui te ravissait tant hier et que tu abomines aujourd’hui… Il n’y a pas deux jours que tu es rentré que ton propriétaire vient te réclamer le loyer que tu n’as pas réglé depuis le mois de novembre dernier… tu n’as plus un sou… toutes tes économies, si difficilement constituées, se sont envolées en frais médicaux… tu as une semaine avant d’être jeté à la rue… mais tu n’as plus de travail, plus même de forces ni physiques ni psychiques…
Un article parmi tant d'autres parlant de la tragique fin de Gustave Beckrich |
Pourquoi avoir gardé ces deux petits auprès de toi ? Tu ne sais pas quoi faire d’eux alors, tu adresses une lettre à Monsieur Magnan, le commissaire de police du quartier, lui demandant de bien vouloir prendre toutes les dispositions pour que l’on s’occupe bien de tes chers petits que tu appelles auprès de toi, sur ce lit où tu viens de t’étendre… On te prête cette parole « Embrassez bien votre papa, il va mourir ! » Tu déposes ta missive-testament bien en évidence sur la table de chevet, de son petit tiroir tu sors ce revolver que tu avais acheté pour défendre ta famille des malfrats qui sont encore légion en ce début de siècle… et, à même pas 36 ans, devant tes enfants, ce 23 février 1910 à six heures du soir, tu te fais sauter la cervelle.
Non, Gustave, ne pleure pas, ne t’excuse pas… tu n’as rien à regretter… Tu viens d’être rattrapé par le destin… ton destin… ni toi ni moi n’y pouvons quoi que ce soit, mon esprit n’est entré en communion avec le tien que pour pouvoir réparer le maillon de la grande chaîne de la vie que désespoir et misère avaient brisé.
Oui, bien sûr, je reviendrai te rendre visite, je ne lâche jamais un membre de ma famille… et regarde à tes côtés, l’homme appuyé sur le manche de sa pelle qui, amicalement, nous fait signe ; il s’appelle Charles Muyllaërt, lui aussi a tenté d’échapper à sa destinée, il m’attend, il est mon second arrière-grand-père maternel et ce n’est pas sa seule qualité.
Il me faut maintenant mettre un terme au plus vite à cette visite, car je sais trop quelle angoisse étreint mes proches lorsqu’ils découvrent mon corps avant que mon esprit n’en ait repris possession, craignant un accident cérébral ou je ne sais pas trop quoi… ils n’ont jamais réellement admis que je puisse dissocier les deux composantes de ma petite personne.
Vous pouvez en savoir plus sur sa vie en suivant le lien :
"Jusqu'aux tréfonds de l'esprit de mon arrière-grand-père"
Je vous invite à rejoindre le groupe Facebook "De la généalogie à l'écriture", vous y trouverez des idées pour écrire votre histoire familiale.
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