Mon grand-père maternel, Marcel Beckrich, très tôt orphelin, a été séparé du reste de sa famille. Il lui arrivait cependant de parler à ma mère de sa sœur qu'il aurait aimé revoir. Cette sœur était bien réelle et j'ai eu la grande joie de retrouver ses descendants.
Il n'avait jamais dit qu'il avait aussi un petit frère, né en avril 1907.
Le drame qui va les rendre orphelins s'est joué en deux actes. Le premier, le décès de leur mère, est survenu en novembre 1909. Le dernier-né a sans doute été placé en nourrice. Mon grand-père est né en août 1903 et sa sœur en octobre 1904 ; ils sont donc très proches et très jeunes au moment des faits. Il semble ainsi possible qu'ils aient oublié l'existence de ce bébé.
Mais voilà, mon grand-père n'était pas l'aîné de la famille... Pourtant, il n'a jamais parlé de Paul qui avait dix ans au moment de la fin tragique de leur père. Comment Marcel, âgé de six ans, a-t-il pu oublier l'existence de son frère ?
Après la première tentative de suicide de leur père, pendant qu'il était interné dans un hôpital psychiatrique, le bébé a été mis en nourrice et Marcel et Suzanne ont été placés à l'orphelinat... mais, pas Paul ! Il aurait été confié à des parents en province... Lesquels ? Je n'ai jamais trouvé la moindre piste ? A mon avis, il faudrait chercher du côté de la famille de leur mère plutôt que du côté des Beckrich... mais, je ne peux avoir aucune certitude...
Paul est né le 04 septembre 1899 dans le 10e arrondissement de Paris, à l'hôpital Saint-Louis. Il a été enregistré, deux jours plus tard, sous le nom de CHARLES, sur la déclaration de deux employés de l'hôpital. Sa mère, Ida Rachel Ernestine CHARLES, l'a reconnu le 12 octobre suivant, à la mairie du 19e, elle était âgée de 18 ans, blanchisseuse et habitait au 35 de la rue Fessard. Pour accomplir cette démarche, elle était accompagnée de deux femmes, d'âge mûr, qui ne lui sont pas apparentées. Ensuite Rachel - c'est probablement son prénom usuel, car mon grand-père disait que sa mère s'appelait Rachel -, est retourné à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, où ses parents habitaient et travaillaient.
C'est dans cette ville que, le 07 septembre 1901, elle a épousé Gustave Beckrich qui a reconnu le petit Paul comme son fils et l'a légitimé... Sauf qu, il est impossible que cet enfant puisse être né des œuvres de Gustave, car mon terrible arrière-grand-père, mauvais garçon depuis son enfance - j'ai retrouvé quelques commentaires de ses maîtres lorsqu'il était écolier - n'est sorti de prison, dans sa jeunesse, que pour être expédié à Tataouine - ce n'est pas une image -, le 25 mars 1896, au 3e bataillon d'Afrique ; il n'a été libéré que le 23 août 1900.
Alors, aurait-on rabâché à mon grand-père, tout au long de sa prime enfance, que Paul n'était pas vraiment son frère ?
Après le terrible suicide de Gustave, j'ai complètement perdu de vue le jeune Paul. Ce n'est que le 03 décembre 1917 qu'il réapparaît. Il faut alors se rendre en Dordogne, à la mairie de Bergerac. Paul est venu s'engager, pour quatre ans, au 30e régiment d'infanterie. Il est passé au 97 régiment d'infanterie le 13 avril 1918. Il se fait remarquer et est cité à l'ordre du régiment (n° 643) : "Soldat très courageux et dévoué. Le 16 octobre 1918 s'est porté crânement à l'attaque d'une position ennemie puissamment défendue par des mitrailleuses, a contribué pour une large partie à la capture de nombreux prisonniers." Paul est décoré de la Croix de guerre.
Il a été affecté à la 22e section d'infirmiers et a été envoyé en renfort sur le front d'Orient, le 29 avril 1919. Il a ensuite bénéficié d'une permission de 80 jours et est rentré en France le 15 mars 1921 ; il habitait alors chez Madame Gerbault, aux Granges près Vélines en Dordogne ; il était à Gensac, en Gironde, en 1922 puis, à l'été 1926, il est allé travailler chez Monsieur Michel, à Belleville-le-Comte, en Eure-et-Loir. Et c'est dans cette région qu'il s'est installé.
Il avait 27 ans et était chauffeur de machines à battre. C'est le 22 janvier 1927, à Béville-le-Comte, qu'il a épousé Yvonne Marie Clémence Rébiffé, fille d'Armand Georges Joseph, journalier et de Lydie Eugénie Louis. Le témoin de Paul a été Monsieur Eugène Marie MICHEL, entrepreneur de battages.
C'est à Chartres, à l'hôpital, qu'il est décédé le 29 mars 1951. Il n'avait que 52 ans mais n'exerçait aucun métier.
Je ne sais pas si je vais, un jour, chercher à en savoir plus au sujet de Paul Beckrich mais j'estime que le frère aîné de mon grand-père vaut bien ce petit article.
Catherine Livet
ChallengeAZ 2022
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