jeudi 10 novembre 2022

Le monument aux Morts de Limay, dans les Yvelines


 

Le 24 décembre 1919, à 20 heures, sous la présidence de Monsieur Prunet, maire, le conseil municipal au grand complet, débat au sujet du monument à édifier en souvenir des « Morts pour la France »

C’est la soumission de Monsieur Maurice Lerouge qui a été retenue, il est sculpteur à Mantes, Il s’engage à réaliser le monument au prix forfaitaire de 11 500 francs. Ce prix est extrêmement avantageux car Monsieur Lerouge a tenu à ce que l’une de ses œuvres soit édifiée dans son « pays », il a donc fait cadeau de son travail de sculpture.

Il faut également décider de l’endroit où sera érigé ce monument du souvenir. Le terre-plein situé dans l’axe de la rue Nationale, au croisement de la route de Magny et de celle de Meulan est retenu.

Ce terrain appartenant à l’Etat, le maire est chargé d’en obtenir la cession.

Monsieur Deschamps, architecte de l’arrondissement, est responsable de la direction et de la surveillance des travaux.

Le 18 février 1920, le conseil municipal décide d’ajuster le forfait pour le porter à 12 500 francs pour tenir compte de l’augmentation du coût de la main d’œuvre, d’ici un an, durée nécessaire pour les travaux.

Le conseil compte aussi sur la subvention promise par l’état pour poser une grille sur parpaings de pierre dont le coût est estimé à 4 000 francs.

Décret du 21 octobre 1920 (1)
Le 16 juin 1920, le conseil décide de faire effectuer ultérieurement, la pose de la grille. En revanche, les travaux du monument principal peuvent commencer puisque la somme nécessaire est disponible. La dépense est couverte par :

· 6 000 francs du budget additionnel de 1920

·  6 500 francs provenant d’une souscription publique.

La commission préfectorale d’examen des projets des monuments aux « Morts pour la Patrie » émet un avis favorable au projet de Limay avec 7 voix pour et 3 voix contre.

Le 21 octobre 1920, tout est en ordre, le ministère de l’Intérieur adresse le décret approuvant la délibération du conseil de Limay du 16 juin 1920 ; il est signé par Alexandre Millerand et par Théodore Steeg alors ministre de l’Intérieur.

Le 29 octobre 1920, un contrat est signé entre Monsieur Maurice Lerouge et la ville de Limay. Le sculpteur s’engage à réaliser l’œuvre, conforme au projet qu’il avait présenté et qui avait été accepté, dans un délai maximum d’un an à compter de la date contractuelle. En fait, ce contrat est l’approbation de celui qui avait été rédigé le 17 février précédent.

Le paiement aurait dû être effectué par tiers :

·        Premier tiers, à l’approbation du projet par la préfecture,

·        Deuxième tiers, à l’avancée des travaux,

·        Troisième tiers, après réception des travaux.

Mandat de paiement du solde (2)

 

En pratique, plusieurs acomptes seront versés pour un total de 8 333 francs. Un acompte de 2 000 francs sera touché par Monsieur Lerouge le 31 août 1921, à l’achèvement des travaux. Le solde, soit 2 167 francs, lui sera versé lors de la réception définitive, sans aucune réserve, par Monsieur Deschamps, architecte d’arrondissement, le 19 novembre 1921, après l’inauguration qui s’est déroulée le 16 octobre 1921.

Le monument se compose d'une base et d'une pyramide avec, sur la face principale, une figure statuaire de deux mètres de haut. Le tout est réalisé en roche dure, fine de Chérence. Pierre connue depuis fort longtemps à Limay - et ailleurs aussi dont Mantes et Paris - puisqu'elle avait déjà été utilisée pour la construction de l'église Sainte-Christine du prieuré des Célestins en 1374.

Sur la face principale et sur les deux faces latérales, seront gravés, en lettres de "1/4 d'effet", les noms des "enfants" de Limay "Morts pour la Patrie" et la dédicace de la commune.

C'est donc le 16 octobre 1921 que les habitants et les invités à la cérémonie vont pouvoir constater si l'œuvre répond bien à la description.

Les personnages officiels ont été reçus à l'hôtel de ville par M. Prunet maire, M. Durand, adjoint et tout le conseil municipal, sans compter les nombreux fonctionnaires et les invités. Etaient présents, M. Guesnier, sénateur ; le sous-préfet, M. Henry Roger ainsi que les députés MM. Aimond, Cornudet et Périnard.

Toutes les sociétés de Limay et de Mantes étaient présentes. Citons les sapeurs-pompiers, la société de gymnastique, les médaillés militaires, les vétérans, les mutilés, les anciens prisonniers de guerre, les sections des anciens combattants de Limay et de tous les villages des environs, etc.

Tout ce monde a alors constitué un cortège qui, au son de la fanfare, s'est rendu à l'emplacement du monument. Sur la place, une tribune avait été dressée et des sièges installés face au monument.

Toutes les personnalités étaient présentes. On a pu voir l'abbé Cosson, curé de Limay ; M. Pernot, le juge de paix ; MM. Morice et Ferrand, juges de paix suppléants ; le greffier, le percepteur ; M. Lerouge, sculpteur de l'œuvre ; M. Deschamps, architecte d'arrondissement ; M. Lefebure, président du syndicat agricole ; M. Barrau, commissaire de police, M. Paysan, chef de gare, etc.

La Marseillaise a retenti et le voile qui masquait le monument a été ôté.

Carte souvenir (3)
 

M. Prunet a prononcé le premier discours. Puis, ce fut au Docteur Vinaver, très ému, de prendre la parole ; il a été suivi par M. Guesnier, sénateur ; le député Aimond lui a succédé puis a laissé sa place au député Périnard puis le député Cornudet a pris la parole. L'intervention de M. Henry Roger, sous-préfet a clos la série des discours.

Les enfants des écoles sont alors venus déposer des fleurs au pied du monument qui était déjà orné de gerbes et de bouquets. Les anciens combattants avaient apporté une palme en souvenir de leurs camarades. Les pupilles de la Nation ont offert une très grande couronne d'œillets roses.

L'harmonie de Mantes a joué le chant religieux de Bach et la cérémonie s'est terminée au son de la Marseillaise.

Le cortège s'est enfin dirigé vers l'école des filles(a) où l'attendait le vin d'honneur. Un conseiller municipal a offert le champagne et un autre les biscuits. Monsieur le sous-préfet a levé son verre à la prospérité de Limay.

À bientôt pour d'autres découvertes,

Catherine Livet

"Les Poilus de Limay"

Livre 16 x 24 cm - Dos carré collé - 337 pages - Nombreuses illustrations - Auteur : Catherine Livet pour la collection "Destins d'ancêtres" de Becklivet - Imprimerie Messages Sas. ISBN 9782493106018 - Dépôt légal mars 2022 - Sortie le 29 mars 2022

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Crédit photos : (1) et (2) Archives départementales des Yvelines - Cote 20129 2 
 
(3) Aujourd'hui l'école Jules Ferry

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