Germaine Livet est née le 17 janvier 1900, au 123 du boulevard Port Royal, dans le 14e arrondissement de Paris. Sa mère, Émilie Chalvet, a 18 ans, et elle est relieuse. Son père, Noé Livet, est cocher, il fait des livraisons pour les maisons d’édition et des imprimeries. La famille habite alors 110 rue de Vanves.
Elle a toujours été une petite fille aimée et très gâtée. Malgré cela, elle a été amenée à travailler dès 1913.
Le 14 mai, elle entre en qualité d’apprentie brocheuse, aux éditions Max Leclerc et Henri Bourrelier, les successeurs d’Armand Colin – Max Leclerc est son gendre -, dans un atelier situé 8 avenue Villemain dans le 14e.
La très jeune fille serait-elle prévoyante ? Ce premier emploi lui ouvre droit à des prestations retraite ; une carte spéciale lui est automatiquement délivrée.
Son prénom officiel est Andrée, mais lorsqu’elle n’était qu’une toute petite enfant, elle n’arrivait pas à prononcer son prénom et préférait se faire appeler Germaine, son second prénom, ce qui lui est resté toute sa vie.
Et puis, la France est entrée en guerre et le travail est devenu rare. De plus, sensible aux incitations à participer par tous les moyens à l’effort de guerre, Germaine, qui vient de fêter ses 18 ans, quitte le 13 mars 1918 son emploi de brocheuse au sein des Éditons Max Leclerc et se fait embaucher dans une fabrique d’obus… Pour être tout à fait honnête, sa contribution à la guerre n’a pas été sa seule motivation, la nécessité a également largement participé à ce changement d’emploi… il n’y a plus guère de travail dans l’édition traditionnelle, tous les ateliers et toutes les usines se sont convertis à l’armement… alors, elle se retrouve à peser des obus toute la journée pour en vérifier la charge… le nom de son employeur de cette époque n’est pas parvenu jusqu’à moi, les seuls souvenirs de cette période sont qu’elle travaillait dans le 15e arrondissement et la description de son emploi et les seuls documents que je possède sont une carte d’adhérente au comité d’entente des métaux voiture, aviation et électricité… et une carte de grève… car il y a eu des grèves en cette terrible année 1918 au sein des usines d’armement… Il paraît que peu de femmes étaient alors syndiquées… Germaine l’est depuis qu’elle a mis les pieds dans un atelier… Je ne sais pas si elle à suivi le mouvement enclenché par les "Midinettes", en mai 1917, ces ouvrières des ateliers de couture qui travaillaient 10 h par jour, tous les jours sauf le dimanche, et qui était bien peu payées. Ces grèves ont rapidement été étouffées… mais mériteraient un chapitre entier tant parler d’elles ferait particulièrement appréhender la vie des ouvrières - et des quelques ouvriers qui restaient dans les usines et ateliers - de cette vraiment très difficile année.
Nous retrouverons Germaine, encore en grève à partir du 13 mai 1919 et au moins jusqu’au 27 juin suivant, toujours adhérente au comité d’entente des métaux voiture, aviation et électricité ; elle est monteuse.
C'est d'ailleurs en 1919 qu'elle retrouvera son emploi de brocheuse. Les habitudes seront prises et elle restera adhérente à un syndicat... comme tous les membres de la famille.
Catherine Livet
Vers la lettre U
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