mercredi 27 novembre 2024

W ChallengeAZ 2024

 Waterloo

Si Waterloo – 18 juin 1815 –  unanimement qualifié de désastre,  est une date restée gravée dans l’histoire, il n’est pas toujours évident de se rappeler que cette défaite a été précédée de deux occupations de la France et, notamment, de la Seine-et-Oise, depuis toujours terre de passage de soldats. C’est un peu étrange que cette période semble oubliée.

Bon, c'est vrai, le département de la Seine-et-Oise est très vaste et très peuplé puisqu'on estime qu'il compte alors 429 000 habitants. La région est aussi prospère grâce à ses productions variées, capable de nourrir toute sa population et à sa capacité à pouvoir vendre les surplus... Mais la région a aussi le souvenir récent de la crise agricole qui l'a touchée en 1811 alors  que les récoltes s'annonçaient abondantes, de terribles orages étaient venus causer de grandes destructions entraînant pénurie, flambée des prix et misères jusqu'en 1812 où, par exemple, 4 819 indigents ont été recensés à Versailles alors que la ville compte 27 754 habitants. La guerre a fait grimper les prix et les habitants sont réquisitionnés.
Pourtant, les médecins de Mantes se sont dévoués pour apporter leur aide aux soldats de la campagne de France qui, blessés ou malades, sont arrivés en masse - le chiffre de 20 000 hommes a été avancé -, à l'hospice de Mantes qui s'est avéré trop petit pour les recevoir. Le curé a ouvert son église aux malheureux et une quarantaine de lits de fortune y ont été installés... Il paraît que trois médecins sont morts de l'une ou l'autre des fièvres très contagieuses véhiculées par ces malheureux soldats. Le docteur Pierre Maigne semble être le seul rescapé, il sera nommé médecin chef des hospices de Mantes en 1825. Il paraît aussi que toutes les précautions ont été prises pour préserver la population des épidémies.

Les habitants de Seine-et-Oise éprouvent donc de grandes peines... et ce n'est pas fini... Les événements sont en train de se précipiter... Les troupes stationnées à Versailles doivent quitter les lieux. Le général Préval, chargé d'évacuer les troupes de cavalerie - on avance le nombre de 15 000 hommes - se replie sur Mantes.Toute l'infanterie devait également suivre le mouvement.  le préfet, le baron Delaitre, après avoir quitté Montfort, passe quelques jours à Houdan avant d'arriver à Mantes où il dissuade le général de défendre Meulan et Mantes contre des forces bien supérieures. Le général Préval recevra aussi l'ordre, du ministre de la guerre, Henri Jacques Guillaume Clarke, réfugié avec l’impératrice-régente Marie-Louise à Blois, de se rendre à Caen pour organiser la résistance depuis la Normandie...

Les habitants du coin, dont mes ancêtres, se sont-ils déplacés lorsqu'ils ont su que "l'impératrice" Joséphine, la première épouse de Napoléon, avait quitté sa résidence de la Malmaison, le 29 mars au matin et était arrivé dans la soirée à Mantes où elle avait passé la nuit avant de reprendre sa fuite jusqu'au château de Navarre, dans l'Eure, avant de retrouver la Malmaison où elle décédera le 29 mai suivant.

Le 31 mars 1814, le tsar Alexandre 1er fait une entrée triomphale à Paris. L’Empire de Napoléon 1er s’est effondré. Le préfet de Paris exhorte la population au calme en l'assurant que la capitulation a été négociée pour assurer la sécurité de tous et en insistant sur le fait que la Garde Nationale est toujours en charge de la protection des Parisiens et de leurs biens et que l'Empereur Alexandre assurait la population de sa bienveillance.

Préfecture de Police aux Parisiens (1)

Napoléon 1er doit abdiquer... sans condition... un traité, dit de Fontainebleau, est signé le 11 avril 1814 et ratifié le 14 suivant... Napoléon quitte Fontainebleau et va séjourner sur l’Île d'Elbe dont on lui donne la propriété et la souveraineté... Ses adieux, le 20 avril 1814 dans la cour du château de Fontainebleau, à sa vieille garde sont déchirants...

Louis XVIII a été reconnu roi de France et il fait son entrée solennelle dans Paris le 03 mai 1814... Il ne perd pas de temps et réorganise l'armée qui, pour l'infanterie, ne comportera plus désormais que 90 régiments... Il va tenter de composer avec les acquis de la révolution et de l'empire...  Il va lui être très difficile de faire l'unanimité...

Cosaques - Occupation (2)
Mais en attendant que la paix revienne réellement, précédés de leur terrible réputation, les cosaques sillonnent la région. 

Ils ne sont pas les seuls, tous les alliés sont représentés, les Autrichiens sont également très nombreux et les villageois peuvent également croiser des Prussiens et, dans une moindre mesure, des Wurtembergeois et des Badois. 

Les réquisitions ne sont pas très bien accueillies et pourtant, il faut bien nourrir et loger les 24 800 occupants de la région, sans compter leurs chevaux, qui pourraient être 23 650.

Heureusement, l'occupation ne durera guère, un traité, signé le 30 mai 1814, réglera les conditions de la fin de la guerre et l'occupant libérera  la Seine-et-Oise  - et toutes les régions envahies -, au début du mois de juin 1814.

Pendant ce temps, sur son île, Napoléon s'ennuie... il prépare son retour... en grand secret... et le 26 février 1815, il embarque avec ses fidèles sur le brick l'Inconstant... Il pose les  pieds sur la terre ferme à Golf-Juan le 1er mars suivant et gagne Paris par la route des Alpes... Louis XVIII est allé se réfugier à Gand en Belgique le 23 mars... 
Nous voici donc arrivés à la période appelée les "Cent-Jours" .
Prussiens à Paris (3)

Le 30 mai, Napoléon décide la levée des Gardes nationaux mobiles. 4 500 hommes sur un effectif total, en Seine-et-Oise, de 5 040.
On imagine aisément que les ennemis de la France soient particulièrement mécontents de la situation et le pays est une fois de plus envahi par les alliés.
La date du 18 juin 1815 restera liée au nom de Waterloo.
Napoléon passe la nuit du 29 au 30 juin dans son château de Rambouillet qui semble lui avoir été très cher. Il quitte la propriété par la grille de Gueville (4) pour son ultime exil.
Le 11 juillet suivant, après l'entrée des représentants des coalisés à Paris, les quatre régiments de cavalerie de réserve du 2e corps de l'armée prussienne, sous les ordres du major général Katzeler, prennent leur quartier à Poissy, Pontoise, Meulan et Mantes...
La région est donc une nouvelle fois investie, plus particulièrement, par les Prussiens. Quelques garnisons sont installées dans les villes, mais les soldats circulent beaucoup, ils visitent le moindre village et sont principalement logés chez l'habitant alors que leurs officiers le sont chez les notables. Très éloignées de leur pays d'origine, et donc de leur logistique, les troupes d'occupations ne peuvent que compter sur les ressources locales... la population croule sous les réquisitions...

Je ne sais pas si c'est lié aux événements mais un seul petit Livet est né durant cette période : Pierre Jacques, né le 06 janvier 1815 à Goupillières ; il est le neveu de mon ancêtre Charles.

Catherine Livet

Vers la lettre X

Ce texte est rédigé dans le cadre du ChallengeAZ

Pour lire mon challenge de A à Z 

En lien avec ce texte et mes ancêtres :
- Jean-Baptiste Chalvet, jeune soldat de Napoléon 1er

- L'autre ennemi du soldat de Napoléon

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Pour me joindre :


(1) Imprimerie de J.-R. Lottin, 1814 - Musée Carnavalet, Histoire de Paris, AFF3476 - CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris - Arts graphiques - Affiche -  Impression typographique - Dimensions - Œuvre :H. : 52 cm, l. : 41,5 cm ; Dimensions - Montage du musée : H. : 65 cm, l. : 50 cm
Transcription :  " PREFECTURE/ DE POLICE./ Paris, le 31 Mars 1814./ CITOYENS DE PARIS!/ Les évènemens [sic] de la guerre ont amené à vos portes les armées des Puissances coalisées./ Leur nombre et leurs forces n'ont pas permis à nos Troupes de continuer la défense de la/ Capitale. Le Maréchal qui la commandait a du [sic] faire une Capitulation; il l'a faite fort/ honorable. Une plus longue résistance eut compromis la sûreté des personnes et des propriétés. / Elle est aujourd'hui garantie par cette capitulation, et par la promesse de Sa Majesté/ l'Empereur Alexandre qui a donné ce matin au Corps Municipal les assurances les plus/ positives de sa protection et de sa bienveillance pour les habitans [sic] de cette Capitale. Votre/ Garde Nationale demeure chargée de protéger vos personnes et vos propriétés. Restez donc calmes et tranquilles dans ce gand évènement [sic], et montrez dans cette occasion le bon/ esprit qui vous a toujours signalés./ Signé, le baron PASQUIER, Préfet de Police,/ Et le Baron CHABROL, Préfet du Département de La Seine. "
" A PARIS, de l'Imprimerie de J.-R.LOTTIN, Imprimeur de la Préfecture de Police, rue de Nazareth, N°1, au Palais de Justice. (1814) "
Marque du musée - B.D.: " CARNAVALET "
(2) Cosaques au bivac - Debucourt, Philibert Louis , Graveur Vernet, Carle , Dessinateur Bance, Charles (dit Jeune) , Marchand d'estampes - En 1816 - Musée Carnavalet, Histoire de Paris G.1164 - CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris
Arts graphiques - Estampe - Dimensions - Œuvre : H :  35 cm, l. : 25,7 cm - Dimensions - Montage :  H. : 50 cm, l.: 35 cm
(3) 1815. N° 9. / Bivouac prussien au jardin du Luxembourg. / ou / La Déclaration d'Amour. Anonyme , Graveur Genty (marchand d'estampes) - Éditeur - Musée Carnavalet, Histoire de Paris G.10858 - CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris -
Estampe Arts graphiques Eau-forte - Dimensions  : Œuvre : H : 27,2 cm, l. : 35 cm ; Montage : H : 32,6 cm, l. : 49.9 cm
(4) Nom d'une rivière.
Sources, bibliograpie :
- État des troupes cantonnées en Seine-et-Oise, archives des Yvelines (4 Mi-12) ;
- Mémoires de Madame de Genlis, Gallica ;
-
Monographie communale de Paul Aubert, Mantes la Jolie, Archives des Yvelines (J 3211/3)



2 commentaires:

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