J'ai des envies de nouveautés, sans doute parce que nous sommes au mois de janvier qui promet éternellement que l'année qui s'ouvre sera emplie d'allégresse et d'abondance. Alors, je regarde ma généalogie, je flâne, je badaude, de branche en branche, dans l'arbre des Livet et, je n'en connais pas vraiment la raison, mais mon esprit a une furieuse envie de faire plus ample connaissance avec la branche des BERNARD, ce nom si commun qu'il m'a été parfois difficile d'être sûre d'avoir trouvé le bon individu... surtout qu'ils ne m'ont pas toujours aidée avec leurs prénoms, changeants d'acte en acte.
Alors, je laisse mon esprit divaguer, à la recherche de ces ancêtres qui me semblent si loin, peut-être parce que je ne porte pas le même patronyme qu'eux... et que ce nom, assez répandu, avec des prénoms tout aussi communs, n'a pas facilité mes recherches.
Et me voici face à l'esprit de Nicolas BERNARD, le père de Marie-Louise qui avait épousé François Frédéric Livet. Drôle de mariage qui s'est soldé par une séparation de biens et de corps.
Savez-vous, Nicolas, que je connais bien le village de Septeuil, situé aujourd'hui dans le département des Yvelines, mais que vous appeliez Seine-et-Oise. Vous y êtes né et avez été baptisé le 11 avril 1817. Votre parrain, Nicolas Lude, est du village, où son père, Jean, est laboureur ; il sait remarquablement bien écrire son nom. Votre marraine est Marie-Jeanne Galles, la fille d'André, le meunier de Courgent, le village voisin ; elle ne sait pas signer. Votre père, Jean Joseph, est vigneron aux Groux, un hameau de Septeuil, où il habite avec votre mère, Marie Meslier.
Pont des Groux - Septeuil - Yvelines |
Ce n'est pas à Septeuil que vous vous êtes marié, mais à Rosay, le village natal — et adjacent de Septeuil — de votre épouse, Françoise Angélique Dromer. Vous aviez 21 ans et elle, 19, lorsque le 03 août 1798, vous vous êtes engagés à vous prendre pour mari et femme. Elle est la fille de Guillaume, qui est vigneron à Saint-Corentin, hameau de Rosay, et de Marie Marguerite Elisabeth Camus. Vos parents et ceux de Françoise Angélique sont présents et vos pères signent votre acte de mariage, mais ni vous ni votre épouse. Voilà, tout est bien acté, il faut que Françoise Angélique quitte sa famille et son village pour vous suivre au hameau des Groux, à Septeuil, car les vignes, exigeantes, attendent vos bons soins.
Oh ! Je ne sais pas dire exactement pourquoi, mais je ne suis pas certaine d'avoir retrouvé tous vos enfants. Jean-Baptiste semble ouvrir la liste en arrivant au foyer le 04 août 1799, il atteindra l'âge adulte et se mariera, toujours à Septeuil, en 1824. Puis, vous rejoint Marie Angélique ; elle est née le 22 septembre 1800, également à Septeuil, où elle se mariera en 1827 et où elle décèdera en 1861. Françoise Célestine est née le 07 août 1804, mais je perds sa trace. A-t-elle atteint l'âge adulte ? Vous retournez au village natal de votre épouse, au hameau de Saint-Corentin, où elle accouche, le 07 février 1806, d'une fille qui est prénommée Joséphine mais qui décède, au même endroit, cinq jours plus tard. Votre présence à Rosay serait-elle liée au décès de votre belle-mère, Marie Marguerite Élisabeth Camus ? Elle a rendu l'âme le 29 juin 1805 à l'âge de tout juste 59 ans, puisqu'elle était née le 26 juin 1746, à Villette, un village voisin.
De retour à Septeuil, vous accompagnez votre père à sa dernière demeure. Il est décédé, chez lui, le 15 juillet 1806. Votre frère, Jean-Baptiste, est également présent ainsi que Guillaume Dromer, votre beau-père, qui est le seul à savoir signer l'acte de décès.
Vous accueillez, le 22 octobre 1809, un nouveau fils. Il lui est attribué les prénoms de Nicolas et de Jean. Mais il y a un petit mystère : deux actes de naissance semblent exister pour un seul enfant. Sur ces deux actes — qui ne se suivent pas dans le registre, mais même la numérotation est chaotique — l'enfant né à votre domicile, de votre épouse, le 22 octobre 1809, est arrivé à quatre heures, seule l'identité de l'un des témoins est différente. Les deux actes sont signés, chacun par les témoins cités. Un seul de ces actes a été repris sur la liste alphabétique du registre. Que s'est-il passé ? Nicolas Jean atteindra l'âge adulte, se mariera et aura des enfants.
Actes de naissance de Nicolas Jean BERNARD et mauvaise numérotation des actes (1) |
Ha ! Nous arrivons à celle qui fait le lien entre vous et moi, puisqu'en 1813, viendra au monde mon ancêtre, Marie-Louise, qui n'aura pas de souvenir de sa mère car Françoise Angéique Dromer décède le 02 février 1817. Mais, vous n'allez pas priver vos enfants de soins maternels et vous vous empressez de convoler, le 1ᵉʳ juillet de l'année de votre veuvage, avec Marie-Elisabeth Valot, qui n'a que 28 ans. C'est la fille de Denis et de Marie-Anne Jeanne, vos voisins au hameau des Groux. De toute votre famille, y compris Pierre François Lagneau, votre beau-frère, seule votre mère, Marie Meslier, signe l'acte de votre second mariage. J'ai beau chercher, je n'arrive pas à situer Pierre François Lagneau... Est-ce vous qui avez élevé la petite Elisabeth Joséphine Augustine, née le 03 décembre 1815, au domicile de son grand-père, Denis Vallot ? Cette enfant va grandir à Septeuil où elle se mariera.
Lors de votre mariage, votre mère est veuve pour la seconde fois. Elle était devenue madame Jean Legay, le 31 juillet 1809. Le marié n'est pas tout jeune, il a 77 ans et est veuf d'Emerancienne JEAN. Il semblerait que votre mère soit allée vivre chez son époux, à Rosay, jusqu'au décès de celui-ci, survenu le 03 avril 1816. Est-elle réellement retournée vivre aux Groux, auprès de vous ? En tous les cas, c'est bien à Septeuil qu'elle se marie pour la troisième fois, le 07 juillet 1819, à l'âge de 74 ans ! L'heureux élu a pour nom Denis Siroine, il est veuf de Marie Baron et est vigneron à Rosay. Comme lors du deuxième mariage de votre mère, vous et votre frère, Jean-Baptiste, êtes témoins. Pardonnez-moi, Nicolas, mais je dois vous dire que je trouve ces mariages tardifs quelque peu étranges.
Bon, s'il est vrai que le nouveau mariage de votre mère va être — obligatoirement — stérile, il n'en va pas de même du vôtre, pourtant, Marie-Elisabeth Vallot, a attendu le 13 mai 1821 pour donner le jour à Jean-Louis.
La dernière page de la biographie de Marie Meslier est en train de s'écrire. Était-elle malade depuis quelque temps ? N'a-t-elle pas — ou très peu — cohabité à Rosay avec son troisième époux ? En tous les cas, c'est chez vous, aux Groux, que votre mère décède, au creux de l'hiver, le 26 janvier 1825, à l'âge fort respectable de 82 ans. Son dernier époux ne lui survivra pas longtemps et il quitte la terre de Rosay, où il est décédé chez lui, le 02 février 1825, à l'âge de 86 ans.
Votre épouse prend son temps et ce n'est que cinq ans après la naissance de votre fils Jean-Louis, qu'elle entre dans les affres de l'enfantement pour vous offrir, le 06 août 1826, une fille prénommée Marie Catherine. Encore quelques années de répit et elle se décide à donner le jour à Joséphine, née le 20 mars 1831. Vous assisterez tous vos enfants lors de leur mariage. Je trouve que celui de votre dernière fille est intéressant parce que, je crois que j'ai quelques informations à partager avec vous.
C'est le 09 février 1850, à Septeuil, qu'elle a dit oui à François Félix Sonnard, vous étiez présent et savez que, quelques mois plus tard, le 12 juin de l'année de son mariage, elle a donné le jour à une petite fille. Vous ne le savez sans doute pas, mais vous êtes en marche pour la sortie de la vie et, le 22 septembre qui suit la naissance de votre petite-fille, le glas sonne pour vous. Vous décédez, âgé de 73 ans, à votre domicile, au hameau des Groux ; vous ne saurez donc pas que votre fille, Joséphine, va avoir une seconde enfant, née le 09 janvier 1853, à Septeuil ; elle sera appelée Marie Joséphine.
Tout le long de mes recherches, j'ai eu le sentiment que vous étiez très proche de votre jeune frère, Jean-Nicolas qui vivait aussi au hameau des Groux. Je ne sais pas si vous exploitiez ensemble les mêmes terres, peut-être héritées de votre père, ou si vous aviez des domaines bien séparés, mais vos vies étaient indubitablement imbriquées. Alors, je pense que je me dois de vous raconter la suite de votre histoire. Marie-Joséphine, la petite-fille que vous n'aurez pas connue, a très tôt perdu sa mère — votre fille Joséphine. Sans doute quitter Septeuil pour suivre son époux, employé de commerce, à la capitale a été un trop gros traumatisme puisqu'elle y est décédée, 02 juin 1858. J'ai bien l'impression que son père a très vite confiée votre petite-fille aux bons soins de son oncle, votre fils Jean-Louis. En tous les cas, son père est toujours à Paris et elle habite à Septeuil lorsque, le 24 mai 1873, elle se marie. Le futur est charretier à Orvilliers, village voisin, mais il est né, le 14 janvier 1851, au hameau des Groux ! Il se prénomme Auguste et, il est le fils de Gabriel Jean BERNARD qui habite aux Groux... et ce Gabriel Jean n'est autre que votre neveu, le fils de votre frère Jean-Baptiste qui a définitivement quitté les Groux pour vous rejoindre pour l'éternité, le 14 septembre 1853.
J'étais certaine que savoir que l'aventure des BERNARD à Septeuil, et plus particulièrement au hameau des Groux, allait continuer pendant au moins un siècle, vous intéresserait.
Nicolas, je suis particulièrement heureuse de vous avoir rencontré, car grâce à ce #RDVAncestral, j'ai considérablement étoffé la branche des BERNARD de mon arbre généalogique. Maintenant, il faut que je vous quitte pour pouvoir mettre en ordre tous les précieux renseignements glanés lors de notre échange, avant de les partager avec mes contemporains.
Catherine Livet
Ce texte a été rédigé dans le cadre du #RDVAncestral
Vers le #RDVAncestral avec Gabriel Livet
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(1) Archives des Yvelines. Seul l'acte n° 58 est enregistré sur la liste alphabétique à la fin de l'année 1809, sur le registre :
Il est vrai que cette double inscription sur le registre est étrange ... J'ai eu un cas pour une naissance de jumeaux, en deux actes qui se suivaient mais leurs décès à 4 heures d'intervalles n'a fait l'objet que d'un seul acte
RépondreSupprimerOui, très étrange double inscription. Merci Véronique
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