En ce jour d’hiver 1692, au cœur du village de Septeuil, dans la froide église dédiée à Saint-Nicolas, la famille, les amis et voisins sont venus assister à l’union d’enfants dits du pays.
Le futur, c’est vous, Jean BERNARD, fils de Georges, qui est maçon, et de Nicole JEAN ; la future est Elisabeth Leloup, elle est la fille de Jacques et de Jeanne Godefroy. Jacques Leloup est décédé, après avoir reçu les sacrements des mourants, le 21 mai 1691, et a été inhumé le lendemain, il était âgé d’environ 57 ans et était vigneron aux Graviers, l’un des nombreux hameaux de Septeuil. C'est d'ailleur au même lieu-dit des Graviers que vous allez passer les prochaines années.
C’est dommage, le curé qui vous marie n’est pas prolixe et oublie de donner quelques détails qu’il m’aurait été agréable de connaître. Il a beau préciser que vous êtes de Septeuil, je doute que vous soyez natif de cette riante paroisse dont les terres appartiennent à Monsieur Claude ROBERT, procureur du roi au Châtelet de Paris. Il est seigneur des lieux depuis le 22 septembre 1683, par acquisition, moyennant la somme de 100 000 livres, auprès de Pierre du Halegaët dont la famille détenait les droits depuis approximativement un siècle. Avez-vous connu ce seigneur qui, parfois, se querellait avec la mère bénédictine de l'abbaye de Saint-Corentin, Angélique de Bullion, pour des questions de justice ?
Bon, je vous laisse vous installer avec votre épouse ; je sais qu’elle est féconde et que vous allez vous retrouver à la tête d’une belle famille.
Mais que se passe-t-il ce 16 janvier 1694 ? Quel est ce défilé ? Pourquoi cet homme, attaché, nu, est-il promené par les carrefours et les lieux fréquentés de la ville ? Mais, est-ce possible ? Il est battu et fustigé de verges ! Ho, mais tout le monde le connaît ici ; c’est François Dupré ; il a été condamné le 04 du même mois, par le tribunal de Paris à cette peine et encore, il n’a pas fini de souffrir, car il doit être aussi ainsi exhibé les jours de marché et, à l’un d’entre eux, il doit être flétri d’un fer chaud sur l’épaule droite et marqué d’une fleur de lys. Ha la justice ! Comme vous seriez surpris de son évolution entre votre époque et la mienne dont le corps hante encore la terre en cette année 2025 lorsque je rédige ce petit texte, résumé de notre #RDVAncestral.
Septeuil semble vraiment être un bourg prospère, en plus du marché hebdomadaire, qui se tient le lundi, Septeuil a le grand privilège d'accueillir deux foires par an ; la première se tient le 9ᵉ jour de mai, à la Saint-Nicolas de Vounaine et la seconde, sans doute dans un souci de parité, se tient le 25ᵉ jour de novembre, à la Saint-Catherine.
Elisabeth Leloup, entre pour la première fois dans les affres de l’accouchement. C’est un fils qui vient au monde, ce 19 mai 1694. Il est baptisé dans la foulée ; son parrain est Jean Cochin – qui est, ou va être, le mari de Marie Duchesne — et sa marraine est Françoise Leloup, qui est la sœur de votre femme et l’épouse de Philippe Duchesne. À cette époque, vous étiez maçon, comme votre père.
En 1696, arrive Marie, elle épousera Michel Dubois, un vigneron. Elle décèdera âgée d’environ 50 ans, le 31 mars 1747, après avoir reçu tous les sacrements, et sera inhumé le lendemain, mais je n’ai retrouvé ni son acte de naissance ni celui de son mariage.
Jeanne suivra, le 15 août 1697, sa marraine est Marie Leloup. Mais l’enfant ne va pas vivre bien longtemps. Toute la famille va connaître le départ de très jeunes enfants pour l’au-delà. Que s’est-il passé en cet hiver 1700 pour que les plus faibles d’entre vous ne résistent pas ? Le 27 janvier, votre petite Jeanne est inhumée, en présence de Philippe Duchesne, votre beau-frère et, le lendemain, vous vous retrouvez encore au cimetière de Septeuil pour assister à l’inhumation du petit Jean, âgé d’un an, fils du même Philippe Duchesne… je pense que vous étiez le parrain du garçonnet. D’autres petits du village, qui ne vous sont pas apparentés, ont été portés en terre quelques jours avant Jeanne et Jean.
Cette même année, marquée par le deuil, la vie continue et un petit Nicolas vous est offert le 09 mars. Quelle est cette idée ? J’ai cru que ce garçonnet était celui qui allait devenir mon ancêtre… Que nenni ! Il faut attendre le 02 juin 1702 pour que vienne au monde celui qui fait le lien entre vous et moi ! C’est d’autant plus perturbant pour moi que le premier Nicolas va vivre et se marier… tout comme le second, mais j’ai eu beaucoup de doutes, surtout que la mère de mon ancêtre, est prénommée Isabelle dans l'acte de baptême de ce second Nicolas.
Jacques va rejoindre la famille le 09 mars 1704, mais le curé procédera à l’inhumation du bébé, en votre présence, le 28 novembre de la même année. Et puis, si peu de temps après, le rideau s’est fermé sur la grande scène de votre vie. Vous aviez environ 38 ans lorsque le 27 février 1705, vos beaux-frères, Jean Leloup, et André Pignon, l’époux de votre sœur Claude, ont assisté à votre inhumation dans le cimetière de Septeuil.
Heureuse de savoir que vous aviez une sœur, je me suis lancée à sa recherche. Elle est née le 25 mai 1675 à Boinvilliers... cela me conforte dans l'idée que vous n'êtes pas né à Septeuil... Je n'ai pas encore trouvé votre acte de naissance, mais je ne désespère pas...
Reste-t-il un maçon au hameau des Graviers où vous habitiez ? Vos fils deviendront vignerons et votre fille épousera un vigneron. À votre décès, votre aîné avait onze ans et le plus jeune, mon ancêtre, un peu plus de trois ans. Quelle a été la vie de votre veuve ? Qui a représenté l’image du père auprès de vos enfants ? Pensez-vous, qu’un jour, je trouverai une réponse à chacune des questions qui assaillent mon esprit ?
Il faut que je vous quitte. Mais, c'est certain, un jour prochain, je reviendrai discuter avec vos contemporains.
Catherine Livet
Ce texte a été rédigé dans le cadre du #RDVAncestral
Vers le #RDVAncestral avec Nicolas BERNARD
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Sources/biographie :
- Archives des Yvelines,
- Mongraphie communale de Septeuil
Belle rencontre ! Mais que de questions encore !
RépondreSupprimerMerci Christiane. Ha oui, tant de questions !
SupprimerCela a dû être bien pénible de rester dans l'ancien monde de 1692 à 1704, c'est risqué.
RépondreSupprimerHo là là ! Oui ! Une époque bien différente de la nôtre ! Merci pour la lecture et le commentaire.
SupprimerQue d’interrogations, mais quelles traces reste-t-il de cet époque ?
RépondreSupprimerOui, des questions et encore des questions. Je ne sais pas trop ce qu'il reste vraiment de l'époque à Septeuil : l'abbaye a été détruite, l'église reconstruite, etc.
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