Pour ce RDVAncestral, mon esprit n’est pas allé bien loin puisqu’il s’est arrêté à Hargeville, dans les Yvelines, à quelques kilomètres de l’endroit où mon corps est resté, confortablement blotti dans son fauteuil préféré, en attendant patiemment la fin de l’échappée.
Ho ! Tous ces champs ! Ces gros chiens dans les rues ! Comme tout est différent ! Comme il fait froid ! Me voici perdue dans une époque fort éloignée et, qui plus est, en plein hiver. Nous sommes le mardi 11 janvier 1780 et la foule se presse dans la petite église, fort simple, dédiée à Saint-André.
C’est un grand jour, bien préparé dans les règles ; la publication des bans a été faite les trois derniers dimanches dans la paroisse d’Hargeville, mais aussi dans celle de Goupillières et une belle cérémonie de fiançailles a été organisée. Ainsi, le père Bauny, curé du lieu, peut maintenant recueillir le consentement des futurs et c’est avec plaisir que je peux faire la connaissance de mes ancêtres et de leurs proches.
Bonjour Marie Anne Denise Baucher. Oui, je suis votre très lointaine descendante, celle qui, 245 ans après vous, viendra habiter à Limay, ville voisine, mais sur l'autre rive de la Seine, des endroits où vous avez vécu. Vous êtes la fille de Jacques qui est journalier à Hargeville, et de Marie Gabriel Dufour. Mais, si votre mère est bien née dans cette ville, ce n’est pas le cas de votre père qui n’est venu habiter ici que vers 1753 ; il est natif de Perdreauville… bon, ce n’est pas vraiment très loin, même pas à 15 km de distance.
Votre fiancé est Pierre Chevalier ; il est marchand et habite à Goupillières, mais serait né à Anet. Il est le fils des défunts Jean, qui était vigneron, et Marie Marguerite Osmont. En ce jour spécial, il n’est pas seul, car son parrain, Louis Dujardin, est venu l’assister ; sa signature est remarquable.
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Signatures en bas de l'acte de mariage de Pierre Chevalier et de Marie Anne Denise Baucher |
Vos parents sont présents, mais ils ne savent pas signer ; d’ailleurs, contrairement à votre époux, vous ne savez pas plus signer qu’eux. Trois autres personnes inscrivent leur nom en bas de votre acte de mariage : Charles Gilbert, Jean-Baptiste Luvoy et Denis Henry Gourdet. Je sais qui est Charles Gilbert, il est votre parrain ! Ha ! vous vous demandez comment je le sais. Un peu de patience, je vais vous le dire.
Dans la foule qui se presse autour de vous, je crois bien voir vos deux sœurs, Marie Jeanne et Anne.
Vous devez laisser votre famille pour aller vous installer chez votre époux, à Goupillières. C’est dans ce village, entre le 13 novembre 1780 et le 17 prairial de l’an 3, que vous allez donner le jour à six enfants. Parmi eux, mon ancêtre Anne, née le 19 février 1783. Elle attendra d’avoir trente-deux ans et onze mois pour épouser, à Goupillières, Charles Livet qui n’a même pas fêté ses vingt ans. J’ai toujours trouvé cette différence d’âges très étrange.
Votre mari, Pierre Chevalier, termine sa vie terrestre le 10 août 1822 ; ce sont vos gendres qui font la déclaration.
Quelques années se passent, des petits-enfants continuent de naître et puis, le 10 février 1828, votre fille Anne rejoint son père. Mon ancêtre, son fils aîné, François Frédéric Livet, a une dizaine d’années, il a un frère né en 1822 et une sœur née en 1824. Votre gendre, Charles Livet, ne perd pas de temps pour choisir une mère de substitution aux enfants, et c’est le 23 juin suivant qu’il épouse Marie Agathe Marche qui a 29 ans, âge plus en rapport avec le sien que celui de votre défunte fille Anne Chevalier. Avez-vous assisté au deuxième mariage de votre gendre ? En tous les cas, il viendra, avec votre autre beau-fils, Louis Charles Guitel, déclarer en mairie votre décès, survenu chez vous, à Goupillières, le 03 septembre 1829. Il est précisé que vous seriez âgée de 73 ans et que vous seriez née à Saint-Léonard, dépendance d’Arnouville.
Alors, j’ai cherché longuement votre acte de baptême à Arnouville, autour de l’année 1756… sans succès… En revanche, il existe un acte, concernant une petite fille, prénommée Marie Anne Denise et fille de Jacques Baucher et de Marie Gabrielle Dufour. Cette petite fille, sans aucun doute, c’est vous. Vous êtes donc née le 04 mars 1755 à Hargeville et vous avez été baptisée le lendemain. Votre marraine a été Marie Jeanne Dufour, fille de Louis, probablement votre tante maternelle. Votre parrain, témoin à votre mariage, a été Charles Gilbert, fils de Charles. Je pense que vos parents devaient habiter dans la zone un peu floue où l’on ne sait pas vraiment si le sol fait partie d’Arnouville ou d’Hargeville. Cependant, l’un de vos enfants, Jean-Baptiste Roch, y habitera autour de l’année 1825 et y exercera son métier de tisserand.
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Plan de Saint-Léonard - Archives des Yvelines |
Marie Anne Denise, je suis bien heureuse que nos esprits se soient rencontrés, j’ai ainsi pu faire la connaissance de plusieurs générations de mes ancêtres et c’est réconfortant pour moi de retrouver mes racines.
Je dois vous quitter pour rejoindre la planète Terre où m’attendent mes contemporains, mais j’espère bien, un jour, avoir #RDVAncestral avec vos grand-mères, Anne Brossais, la mère de votre père et Marie Henry, celle de votre mère.
Catherine Livet
Ce texte est rédigé dans le cadre du #RDVAncestral
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Les signatures en bas des actes de mariage sont toujours émouvantes, qu'elles soient très belles ou très appliquées, c'est toujours une "image" de nos anciens qui les reflètent
RépondreSupprimerTu as raison, c'est une belle trace d'eux, aussi précieuse qu'une photo. Merci Véronique pour ton commentaire.
SupprimerLes signatures en bas des actes de mariage sont toujours émouvantes, qu'elles soient très belles ou très appliquées, c'est toujours une "image" de nos anciens qui les reflètent
RépondreSupprimerTu as raison, c'est une belle trace d'eux, aussi précieuse qu'une photo. Merci Véronique pour ton commentaire.
SupprimerCette affaire de différence d'âge titille décidément toujours, quel que soit le siècle !
RépondreSupprimerC'est vrai, même aujourd'hui.
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