Nous sommes vendredi soir. Dehors, les températures sont négatives, il faut dire que nous sommes en janvier, mais à l’intérieur, lovée dans mon fauteuil préféré, emmitouflée dans une couverture moelleuse, les joues rosies par la douce chaleur qui règne dans mon salon, je songe à cette branche de ma généalogie que je n’ai commencé à étudier que depuis la fin de l’année dernière. Il est tard, si tard que nous sommes presque demain, troisième samedi du mois, le jour du #RDVAncestral… Je suis prête. Mon corps est heureux, mon esprit va pouvoir s’élancer à la rencontre de celui de l’un de mes ancêtres, de cette branche qui ne m’est pas encore familière.
Bonjour Edmé Auguste Antoine. Vous êtes le fils d’Auguste Marie Edmé Neuhaüs que j’ai eu le grand plaisir de rencontrer, il n’y a pas si longtemps. Vous êtes né un an après que votre père eut épousé, votre mère, Louise Angélique Antoinette Aumont, que je ne connais pas encore très bien mais à qui, je l'espère, je vais rendre une petite visite un jour plus ou moins proche.
Vous auriez pu être l’aîné d’une belle fratrie composée de quatre garçons et d’une fille, cependant le destin en a décidé autrement et vos frères et sœur sont tous morts avant l’âge de cinq ans.
Vous avez atteint votre taille adulte, 1,64 m, mais l’armée n’a pas voulu de vous, car vous n’étiez pas dans une forme éblouissante, vous étiez même plutôt souffreteux et vous avez été diagnostiqué scrofuleux. Et, même si vous êtes né dans la dernière demeure des rois de France, pas un d’entre eux n’est venu toucher vos écrouelles pour vous en guérir ; pourtant, c’est à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, que vous êtes arrivé sur terre, le 17 janvier 1814. Mais pourquoi vos parents sont-ils venus s’installer dans cette ville alors que les Neuhaüs étaient parisiens depuis déjà plusieurs générations ?
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| Atelier d'un doreur sur bois (1) |
Nous voici le 21 juillet 1840, vous habitez alors au 13 rue de Berry à Paris ; vous vous mariez. Votre fiancée s’appelle Thérèse Karrer et… je la connais… un peu… car j’ai déjà écrit à son sujet. Ah, elle habite à la même adresse que vous ! Ah ! Mais, que vois-je ? Qui est ce nourrisson ? Ah oui ! C’est votre fils, il se prénomme Auguste Paul, il est né le 10 janvier précédent, à Paris, dans le 4e arrondissement ancien. Comme vous, il sera doreur sur bois.
Vous accueillez un second fils en 1844 mais, je ne sais ni où ni quand il est né, je sais juste qu’il répond aux prénoms de Georges Auguste et puis, encore quatre années vont passer et Thérèse fera son entrée chez vous, le 29 juillet 1848. C’est elle qui fait le lien entre vous et moi ; dans vingt-six ans, elle épousera Charles Edouard Chalvet et ils donneront la vie à Emilie qui deviendra la grand-mère adorée de mon père, René Livet.
Mais, vous ne saurez rien de tout cela car, vous décédez à l’hôpital Beaujon, au 208 rue du Faubourg
Saint-Honoré, le 15 juillet 1858, à l’âge de 44 ans. Votre fille n’a donc qu’une dizaine d’années ; heureusement, elle a toujours sa mère et deux frères qui sont en âge de travailler. Sauf que Thérèse Karrer, qui est alors blanchisseuse, décède chez elle, le 1er avril 1865. Je me demande si, de votre vivant, votre épouse exerçait ce dur métier ou si elle ne s'occupait que de votre foyer...
En 1858, la famille était installée au 5 de la rue Saint-Honoré mais en 1865, Thérèse vivait rue des Déchargeurs et votre aîné au 21 rue Saint-André, dans le 18e arrondissement de Paris. C'est dans cet
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| Rue St-André vers 1850 |
arrondissement qu'il se marie, le 29 septembre 1866, avec Aline Olympe Armande Olin qui a dix ans de plus que lui mais qui lui a donné un fils, qui porte les prénoms de Jules et Léon, né le 24 mai 1861, quelque part à Paris.
Et, je regrette de devoir vous le dire, votre fils aîné décèdera plus jeune que vous encore, à l’âge de 43 ans. En revanche, je ne sais rien de votre second fils et je me demande toujours comment a fait votre fille Thérèse pour vivre alors qu’elle était orpheline et âgée de 17 ans, car je la perds de vue jusqu’au mois de mai 1872 où je la retrouve enfin, habitant au 6 rue des Lavandières, déjà mère de plusieurs enfants, à la même adresse que Charles Edouard Chalvet qu’elle n’épousera qu’en 1875. L’histoire, votre histoire, se rejouera puisque la malheureuse, sans doute de faible constitution comme, il semblerait, plusieurs membres de votre famille, va s’éteindre, à l’hôpital Broussais, à l’âge de 43 ans.
Et c’est ainsi que se termine votre histoire. Votre vie a été bien courte et, je n’ai trouvé que très peu d’informations vous concernant. Je ne sais même pas quel était votre prénom usuel… De vous, ne reste qu’une signature en bas de l’acte de décès de votre père.
C’est terminé, nous sommes à la fin de notre #RDVAncestral ; il me faut retourner sur terre pour noter ces maigres renseignements qui finiront dans un livre d’histoire familiale qui, je l'espère, sera transmis de génération en génération par le plus grand nombre de vos descendants dont je fais partie.
Catherine Livet
Ce texte est écrit dans le cadre du #RDVAncestral, qui a lieu chaque 3e samedi du mois. Vous pouvez retrouver de nombreuses participations sur le site qui lui est dédié en suivant le lien :
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Belle histoire !
RépondreSupprimerMerci Christiane !
RépondreSupprimerDoreur sur bois un beau métier
RépondreSupprimerOui, je le pense aussi. Merci Fanny
SupprimerQuelle triste damnation injustifiée …
RépondreSupprimerOui, c'est bien triste !
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