Hortense Merda
Mariage en deux temps
Bonjour mon lecteur,
Le troisième samedi du mois est déjà arrivé et avec lui, le #RDVAncestral qu'il ne faut pas manquer... il y a tant d'ancêtres dans chaque arbre et il y a si peu de troisième samedi du mois dans une vie... il va falloir que je pense à faire des réunions de famille ancestrale plutôt qu'un rendez-vous avec une seule personne !
Je crois que la raison principale pour laquelle j'aime ce rendez-vous est le fait que, pour écrire une histoire cohérente et la plus proche possible de la réalité de son ancêtre :
- il est également obligatoire de chercher bien plus loin que ses ancêtres et leurs collatéraux, il faut retrouver leurs voisins, leurs amis, leurs relations...
- il faut se (re) pencher sur les moindres détails, relire les actes pour y déceler celui qui fait toute la différence... même s'il n'apporte pas de solution et si, au contraire, il ne fait que naître de nouvelles interrogations ;
- il est essentiel de ne pas transposer ses ancêtres dans notre époque mais bien au contraire de se transporter dans la leur et surtout il faut éviter de leur prêter des pensées où des sensations nées de notre propre sensibilité.
Ce ne sont ici que les grandes lignes à suivre pour retracer une partie de la vie de ses ancêtres, beaucoup d'autres considérations entrent en ligne de compte mais déjà, essayer d'appliquer ces trois points est un bon début pour arriver à une étude cohérente.
- Pourquoi ai-je choisi Hortense Merda pour mon rendez-vous ancestral de mai ?
- Parce qu'elle est une ancêtre directe, ce qui est tout de même le critère sine qua non de l'exercice (voir le petit tableau dans le corps du texte)
- Parce qu'elle est la sœur utérine de Julia Noyon au sujet de laquelle je publie en ce moment
- Parce que j'ai déjà écrit à son sujet et que donc, j'ai pratiquement tous les renseignements de base (naissance, mariage(s) etc.) et qu'il est alors plus facile de compléter un récit ou d'en modifier la présentation pour le rendre plus attractif.
- Comment ai-je suivi les points évoqués un peu plus haut ?
- Déjà, je travaille en parallèle sur Hortense Merda et Julia Noyon mais ce que l'on ne voit pas encore, c'est que, dans le même temps, je travaille sur la sœur utérine de Julia, Clémentine Noyon et donc, sur les époux respectifs de chacune (ce qui m'a valu une mésaventure sur un groupe d'entraide).... et bien plus loin encore car voici que je suis en train de faire quelques recherches sur une éventuelle sœur du futur 3e époux de Clémentine Noyon parce que cette dernière a été la marraine d'un bébé mis au monde par une femme qui porte le même patronyme que le parrain de ce même enfant ; parrain qui dans de nombreuses années, deviendra le troisième mari de Clémentine. Donc, il est évident que j'approche au plus près des circonstances du dernier mariage de Clémentine... ainsi, je n'aurai pas à imaginer un "coup de foudre" mais j'aurai des choses plus intéressantes à dire que : Clémentine a épousé le XXX, dans la ville de XXX, M. Tartempion".
- Se pencher sur les détails s'avèrent parfois très frustrant, ce qui est le cas à plusieurs reprises dans mon étude sur les sœurs Merda/Noyon. Voici un petit exemple : Il est noté sur la fiche matricule (elle a été envoyée au bagne de Nouvelle Calédonie) de Julia Noyon qu'elle est mère d'un enfant mais à part cette mention, je n'ai retrouvé aucune trace de sa progéniture et j'étais résignée à ne pas en découvrir plus... Sauf que, j'ai découvert une Henriette Noyon, témoin à une naissance à Nouméa... dans la même période où Julia vivait en Nouvelle Calédonie. Il y avait d'autres personnes, sans lien avec mes sœurs Merda/Noyon portant le patronyme Noyon en Nouvelle Calédonie mais, cette Henriette Noyon est témoin à la naissance d'un enfant dont la marraine est Clémentine Noyon, sœur consanguine de Julia qui se trouvait aussi en Nouvelle Calédonie à cette époque. Alors, qui est cette Henriette Noyon ? Julia et Clémentine se fréquentaient-elles ? La famille Noyon aurait-elle pris en charge l'enfant de Julia ? Et bien d'autres questions encore se posent à moi.
- Le plus difficile lorsque l'on souhaite retracer la vie de ses ancêtres n'est pas la collecte de renseignements ; ce n'est pas non plus la présentation de ses résultats ou la forme de publication à adopter... La complexité est de rester neutre devant les évènements ou les comportements de certains de nos ancêtres surtout qu'il est parfois très difficile d’appréhender la perception des choses au fil du temps...
Je sous souhaite une excellente lecture et je vous remercie de prêter attention à mes bavardages.
A très bientôt,
Catherine Livet
Mariage en deux temps
Hortense Merda
J’ai un peu écourté une soirée chez des amis afin de pouvoir préparer ma participation au #RDVAncestral
de mois de mai 2019, je sais pourtant parfaitement de qui et de quoi je
veux parler cependant, bien installée derrière mon bureau, l’ordinateur
en ordre de marche, mon regard posé sur l’écran où l’une après l’autre
les lettres s’affichent, formant des mots puis des phrases… je n’arrive
pas à me concentrer sur ce travail d’écriture qui ne serait pas comme je
le souhaite si je ne permettais pas à mon esprit de se dissocier de mon
corps… il a besoin de s’évader, de traverser l’espace… de se
dématérialiser pour pouvoir entrer en contact avec le vôtre…
Bonjour
Hortense. Non, ne prenez pas peur, les inconnues ne sont pas toujours
des ennemies… d’autant plus que je n’en suis pas vraiment une puisque
nous sommes de la même famille. Non, je ne suis pas votre cousine
éloignée, je suis votre descendante… Oui, vous avez sans doute raison,
il est probable que je ne vous ressemble pas beaucoup… surtout qu’il
paraît que je suis l’incarnation tant physique que morale de mon
arrière-grand-mère paternelle et il se trouve que vous êtes l’une de mes
aïeux maternels…
Cinq
lignes suffisent pour que nous comprenions parfaitement le lien de
parenté qui nous lie pourtant, plus de cent ans séparent nos naissances
respectives… Plus d’un siècle ! Comme la vie a changé !
Mais
je suis beaucoup trop bavarde, je venais juste parler un peu de vous.
Vous êtes née le 16 mai 1855 à Avesnes (sur Helpe) dans le Nord, vous
avez eu un grand nombre de frères et de sœurs… utérins ou germains… peu
importe en fait, vous êtes la fille de Mariette comme les gens qui la
connaissaient l’appelaient, son nom légal était Angélique Rahïr et elle
le savait malgré le fait que ses contemporains pensaient qu’elle
s’appelait Henriette Merda ; c’est pour cette raison que votre patronyme
est Merda, vous ne le tenez pas de votre père, qui sera pour toujours
inconnu, mais bien de votre mère alors même que Merda ne fut jamais son
nom.
Frères, sœurs et autres alliés d'Hortense Merda |
Vous
avez un seul frère vivant que j’ai toujours considéré comme germain
d’une part parce qu’il est né assez rapidement après vous et que d’autre
part, je n’ai jamais envisagé que votre mère puisse « faire la vie »
mais peut-être suis-je trompée par la sympathie que j’ai toujours
éprouvée pour vous et qui n’a fait que grandir au long de mes recherches
généalogiques… Je n’ai jamais rien trouvé de « mal » à votre sujet,
j’ai toujours pensé que vous étiez une femme d’honneur, résignée à votre
mauvais sort et que vous avez fait le mieux que vous avez pu avec ce
que vous aviez… car la vie ne vous a pas épargnée ! Vous êtes née de
père inconnu, ce qui était plutôt courant pour l’époque dans le milieu
dans lequel vous êtes venue au monde, ce n’était évidemment pas un atout
mais pas franchement une tare… il vous manquait un appui, un repère et
un salaire supplémentaire n’aurait pas été du luxe dans le foyer où vous
avez grandi lors de vos premières années mais personne ne vous a
montrée du doigt en tant que « fille naturelle » surtout que votre mère,
alors que vous aviez un tout petit peu plus de 5 ans, s’est mariée ;
elle a épousé, le 08 août 1860, Constant Noyon, un veuf, père d’un
certain nombre d’enfants dont l’une va avoir un destin réellement
extraordinaire alors que son frère va devenir votre… époux ! Des frères
et sœurs utérins vont arriver au foyer mais seuls deux enfants vont
vivre, votre demi-sœur Julia qui aura un destin que j’ose qualifier de
tragique et Henri Paul qui commencera encore plus mal sa vie que les
autres membres de la fratrie puisque votre beau-père a tout bonnement
oublié d’aller déclarer cette naissance…Sur les huit enfants répertoriés
nés de votre mère, seuls quatre vont atteindre l’âge adulte et avoir à
leur tour des enfants. Votre situation n’est pas des plus enviable
cependant, j’ose imaginer que vous avez pu tirer un peu de bonheur des
rares distractions qui vous ont été offertes à Avesnes au cours de votre
enfance comme les formidables fêtes de la bienfaisance en 1863, où la
féerique cavalcade avec ses chars majestueux a été suivie par des bals,
des concerts et même un concours de tir à la cible, dont vos
contemporains vont parler pendant plusieurs années tant ils auront été
éblouis par le faste déployé… Alors, je vous imagine, suivre la
cavalcade, vos yeux d’enfants brillants d’émerveillement, devant le char
symbolisant la chine sur lequel les participants sont vêtus de
magnifiques costumes enrichis de soie de couleurs vives et de fabuleuses
broderies… Il me plait sincèrement de penser que votre triste vie
d’enfant de parents reconnus indigents a parfois été égayée de la sorte…
car bientôt, votre situation va s’aggraver…
Votre
beau-père, Constant Noyon est admis à l’hospice civil d’Avesnes où il
décède le 27 septembre 1872, votre mère ne semble pas avoir de métier,
elle doit faire ce qu’elle peut en acceptant les petits travaux que des
familles plus fortunées veulent bien lui confier en échange de quelques
pièces ; vous réalisez des travaux de couture longs et pénibles qui ne
rapportent que des misères, votre frère Henri est trieur de laine… la
fille de votre beau-père, Clémentine, quelques temps après son précoce
mariage, est devenue parisienne et a été prise dans la tourmente de la
guerre de 1870 et de la Commune de Paris…
Mais
vos malheurs ne sont pas terminés car le 26 février 1873, c’est votre
mère, Angélique Rahïr dite Henriette Merda, que tout le monde appelle
Mariette, qui s’éteint dans la masure qui vous abrite tant bien
Rue Sainte-Croix |
que
mal, située rue Sainte-Croix dans la partie basse et misérable de la
ville d’Avesnes… C’est la déroute… votre sœur utérine, la petite Julia, a
onze ans et son frère n’en a que neuf, ils sont incapables de subvenir à
leurs besoins…
Cependant
une lueur d’espoir s’offre à vous en la personne de Henri Noyon qui est
le fils que votre défunt beau-père a eu de son premier mariage. Le
jeune homme a plutôt alors un bon métier puisqu’il est employé au chemin
de fer, il est célibataire et vous le connaissez bien… alors, vous
allez vous marier.
Et
nous voici, en ce jour du 07 décembre 1874, il fait très froid et la
neige s’est glissée au rang des invités, il faut faire attention de ne
pas avoir le pied qui glisse en montant l’impressionnant escalier
extérieur de la mairie d’Avesnes à l’intérieur de laquelle un adjoint au
maire attend la petite assemblée pour procéder au mariage civil… tout
est prévu, l’acte a été préalablement rédigé, vous avez fait appel aux
deux membres stables de votre famille, à votre oncle par alliance,
l’incontournable Charles Durget qui est aussi employé au chemin de fer
et à votre cousin Xavier Bricard qui sont vos témoins ; votre grand-mère
maternelle, Angélique Rahïr, alors déjà âgée de 72 ans s’est déplacée
et est consentante à votre mariage… Mais voilà que quelqu’un s’aperçoit
enfin que vous n’avez que 19 ans, que vous êtes mineure, orpheline et
surtout fille naturelle non reconnue… c’est pour cette raison que le
seul consentement de votre grand-mère n’est pas suffisant ; pour
autoriser votre union, il aurait fallu réunir le conseil de famille et
nommer un tuteur ad hoc… ce qui n’a pas été fait… Mais la situation va
être régularisée, un certificat d’indigence est rédigé, ainsi justice
pourra vous être rendue malgré votre dénuement ; un conseil de famille
va se réunir devant le juge de paix et le tuteur ad hoc qui sera désigné
validera votre mariage… C’est bien heureux car il semble bien que vous
ayez consommé votre mariage sans attendre l’autorisation d’un tuteur
idoine !
Maintenant
Hortense, je vous laisse profiter de ces quelques années à venir qui
semblent être un peu moins dures que celles que vous avez connues
jusqu’à présent… Il est tard, très tard… j’ai durant trop longtemps
laissé mon esprit côtoyer le votre pourtant, il y a une question à
laquelle j’aimerais que vous apportiez une réponse mais les faits qui
m’intéressent ne se dérouleront que le 16 mars 1890… Je reviendrai vous
rendre visite car pour l’instant, il faut que mon esprit regagne mon
corps, toujours installé derrière mon bureau, pour que je puisse rédiger
ce fameux #RDVAncestral.
Catherine Livet
- Clémentine Noyon
- Henri Paul Noyon
- Henriette Noyon :
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