Jean-Baptiste Livet, 3e du nom
Série "Mes ancêtres dans les Yvelines"
Bataille de St-Cast 1758 - Nicolas Ozanne (1728-1811) Musée de Bretagne |
Hier était le rendez-vous mensuel avec l'un de ses ancêtres et, comme vous le savez sans doute, je n'ai jamais manqué l'une de ces rencontres depuis que je connais l'exercice.
En ce mois de septembre j'ai choisi Jean-Baptiste Livet, dont le père et le grand-père portaient le même prénom, parce que je n'avais pas beaucoup de renseignements à son sujet et que c'était donc une bonne occasion de pallier, un peu, les lacunes et bien, je dois dire que j'ai été ravie de mon choix car oui, vraiment, il y a toujours quelque chose à trouver au sujet de ses ancêtres et du coup, ce #RDVAncestral que je vous soumets aujourd'hui me paraît bien pâle par rapport à tout ce que j'aurai pu écrire si j'avais eu plus de temps.
Je vous remercie pour votre lecture,
A bientôt,
Catherine Livet
La maison bruisse… J’aimerais être
seule pour pouvoir laisser vagabonder mon esprit à ma guise, le sentir voguer
dans l’espace, planer, virevolter jusqu’à ce qu’il trouve l’esprit de l’ancêtre
avec lequel je souhaite une rencontre… Je m’isole dans mon bureau, pièce sacrée,
les bruits s’estompent… Je peux enfin me concentrer et je vous vois… Je sais
qui vous êtes et vous savez qui je suis…
Ah mais ce n’est pas
possible ! Vous ne m’avez pas simplifié la tache ! Mais oui, je sais
bien que ce n’est pas de votre faute ! C’est évident que ce n’est pas vous
qui avez choisi votre prénom mais c’est vous qui êtes en face de moi aujourd’hui
Jean-Baptiste Livet et de toutes les façons, j’ai déjà fait le même reproche à
Robert, notre ancêtre commun et moi aussi je suis une Livet, une vraie de
vraie ! Râleuse ! Surtout que vous avez encore tenté de me perdre en
épousant Marie Marguerite Hourdiot qui avait pour jeune sœur Marie Marguerite
Hourdiot ! A croire que toute cette histoire a été tramée pendant
plusieurs générations dans le seul dessein que je mélange tout le monde !
Schéma généalogique |
Vous
êtes né le 21 octobre 1758 au village d’Epône alors en Seine et Oise et aujourd’hui
dans les Yvelines de Jean-Baptiste et de Marie Jeanne Thibout et vous avez été
baptisé le lendemain, votre parrain est Philippe Thibout, votre oncle maternel,
et votre marraine Marie Marguerite Le Roy qui, dans quelques temps, épousera
votre parrain. Vos parents se sont mariés en 1757 et vous êtes le premier né
mais je pense que vous aurez toujours le sentiment d’être fils unique car vos
sœurs qui sont nées à Hargeville vont y décéder très jeunes et je ne pense pas que vous puissiez avoir de
souvenirs d’elles… De quoi sont elles mortes ? Nous ne le saurons jamais
mais la vie ne doit pas être très facile… Louis XV n’est plus le Bien-Aimé, la
Pompadour anime la Cour et la politique, de plus la France est en guerre, celle
dite de 7 ans, contre nos meilleurs ennemis les Anglais… Cependant, la région est couverte de vignes
et de cultures qui permettent un commerce régulier avec Versailles et la
capitale.
Carte des Yvelines avec l’implantation des Livet au fil des siècles |
Il faudrait que vous puissiez me
parler de votre enfance car, bien entendu, je ne sais rien de vous à cette
époque puisqu’il n’y a aucune trace de vous depuis votre baptême jusqu’à votre
mariage qui va être célébré en début de l’an 1782. La publication des bans se
fait tant à la paroisse d’Hargeville qu’à celle de Goupillières où vous vivez
désormais avec vos parents qui, comme vous, sont dits journaliers.
Votre fiancée est Marie
Marguerite dont le patronyme est écrit Hourdiot mais qui était écrit Hourdeau à
son baptême qui a été célébré le 20 août 1759, le jour de sa naissance, à
Hargeville. Elle est la fille de Jean Denis, charretier, et de Marie Marguerite
Dubois, son parrain est Martin Pelletier et sa marraine Marie Anne Hourdeau,
fille de Nicolas.
Mais votre fiancée a une petite sœur
qui est née et a été baptisée le 30 septembre 1762, aussi à Hargeville, et qui
est prénommée Marie Marguerite mais le nom est orthographié Hourdiot ; son
parrain est Jacques Drouart et sa marraine est Marie Anne Placet. Bien entendu,
cela ne devait poser aucun problème lorsque vous étiez ensemble sur terre, les
deux jeunes femmes étaient parfaitement reconnaissables l’une de l’autre, sans
doute même n’étaient-elles pas appellées par le même prénom… mais cela n’est
pas aussi évident pour vos descendants… mais heureusement Monsieur Bauny, curé
d’Hargeville qui a célébré votre mariage le 05 février 1782, a pris la peine de
bien citer les témoins de votre union. Bien entendu, Jean-Baptiste père était
présent et consentant et vous étiez également assisté par Philippe Thiboust,
votre oncle maternel qui est aussi
votre parrain. La future est orpheline et est assistée par Nicolas Hourdiot qui
est son tuteur ainsi que par son oncle Maximilien Hourdiot et par… Martin
Pelletier, laboureur, qui est le… parrain de la fiancée… Ouf ! Surtout, n’oubliez
pas de remercier Monsieur le curé de ma part.
De nombreux autres parents et
amis sont présents et certains signent en bas de votre acte de mariage sur
lequel je découvre votre signature. Vous n’écrivez pas notre nom comme le curé
et ses prédécesseurs le faisaient déjà puisque vous ne mettez pas la lettre T
finale que vous remplacez par un accent sur le E
Signature Jean-Baptiste Livet en 1782 |
Votre mariage est rapidement
suivi d’une naissance, celle de Marie Marguerite dont la visite éclair sur
terre tient en un seul acte rédigé par le curé Bauny qui précise que l’enfant a
été baptisée le samedi 08 juin 1782 et qu’elle a été inhumée le lendemain dans
le cimetière d’Hargeville en présence du parrain et de la marraine.
Le second enfant ne va pas se
faire attendre très longtemps et c’est encore une fille que le curé Bauny
baptise le 29 avril 1783 en présence de son grand-père paternel de la paroisse
voisine de Goupillières qui fait office de parrain et de Radegonde Cacheux, la
marraine, qui signe et qui donne son prénom à l’enfant. Bien que cette petite Marguerite
Radegonde n’atteindra pas l’âge de 6 ans, elle va jouer un rôle important dans
votre vie puisqu’elle va permettre à Marie Marguerite Hourdeau d’élever des
nourrissons venus de Versailles dont au moins un, décèdera chez vous en 1785.
Les deux enfants qui suivent sont
encore des filles mais elles naissent et sont baptisées à Goupillières, la ville
voisine dans laquelle vivent vos parents ; sur ces quatre premières
naissances, seule la dernière fille, Victoire Elisabeth, va atteindre l’âge
adulte. Les prochaines naissances auront lieu à Hargeville à commencer par
celle d’un garçon, Jean Louis, le 22 décembre 1788 dont je perds la trace. Le
début de la période révolutionnaire ne réduira pas la fécondité de votre union
et les naissances vont continuer de se suivre à un rythme plutôt soutenu puisque le 12 septembre 1790 naît une fille,
Marie Angélique, qui se mariera en 1826, elle sera suivie de la naissance, le
14 décembre de l’année suivante, de Jacques qui deviendra omniprésent dans la
vie de ses contemporains. Suis-je passée au dessus de certains actes ?
Avez-vous quitté Hargeville et Goupillières durant quelques années ? Avez-vous
participé activement à la Révolution dont certains effets ont été fortement
répercutés sur la région à cause de sa relation privilégiée avec Versailles et
la capitale et par la présence de villes fortifiées le long de la Seine, voie
de communication alors essentielle ? Je me pose toutes ces questions car le
rythme soutenu des naissances semble connaître un répit de plus de quatre ans
puisque Charles, dont j’ai l’honneur de descendre, ne verra le jour à
Hargeville que le 19 avril 1796 mais deux autres filles vont naître ensuite,
Marie Marguerite en 1798 et Magdeleine en 1800, toutes les deux vont atteindre l’âge
adulte et se marier et Magdeleine va sans doute veiller plus particulièrement
sur vos vieux jours…
Comme j’aimerai savoir ce que
vous avez fait durant cette Révolution et surtout, ce que vous en avez pensé
car un faisceau de petits éléments m’incite à imaginer que vous avez joué un
certain rôle dans cet épisode majeur de l’Histoire de la France…
C’est durant cette période
trouble que votre père, Jean-Baptiste, décède chez lui à Goupillières le 20 mai
1799 ; vous venez faire la déclaration le lendemain et je peux constater
que la signature du citoyen que vous êtes devenu a considérablement évolué
puisque vous ne notez plus que votre patronyme qui a perdu son accent et qui a
retrouvé son T final.
Signature Jean-Baptiste Livet en 1799 |
A
son veuvage votre mère, Marie Jeanne Thiboust, vient s’installer à Hargeville
auprès de vous et de son frère Philippe en tous les cas, c’est bien dans cette
petite ville qu’elle décède le 24 janvier 1801 ; c’est vous qui faites la
déclaration assisté de votre oncle et parrain Philippe Thiboust ; vous
signez strictement de la même façon que lors du décès de votre père. Ce qui est
remarquable dans cet acte et qui est l’un des éléments me faisant penser que vous
avez été lié d’une manière plutôt active à la Révolution est la personne du
maire de la commune car il a pour nom Martin Pelletier et il y a une forte
probabilité que nous soyons en présence du parrain de Marie Marguerite
Hourdeau, votre épouse.
Goupillières va rester longtemps dans la vie de vos
descendants car beaucoup de descendants de vos petits-enfants vont y naître ;
il faut dire que vous avez gardé autour de vous, à l’exception de l’aînée de
vos filles, Victoire Elisabeth, qui vivra à quelques kilomètres à Autouillet,
vos enfants vivants ; C’est dans ce village que vous mariez Marie
Marguerite, le 03 juillet 1822, avec Jean Louis Drouard, un jeune cordier de 24
ans ; ce mariage est suivi d’une naissance puisque Marie Louise Drouard
pousse son premier cri le 23 octobre suivant ; c’est son oncle Jacques qui
se charge d’assister le père pour la déclaration de naissance malheureusement tout
ne se passe pas trop bien et votre fille sans doute mal remise de ses couches,
décède le 10 décembre de la même année et un malheur n’arrivant jamais seul, le
bébé suit sa mère dans la tombe puisque sa petite âme quitte son corps le 19
décembre suivant… C’est encore votre fils Jacques, qui deviendra omniprésent
dans la vie non seulement des Livet mais aussi des villageois en général, qui a
le triste privilège d’assister Jean Louis Drouard lors de ces deux
déclarations.
Mais parmi les autres évènements
de votre vie, il y a le mariage de François Frédéric, votre petit-fils né de
votre fils Charles. Il est bien jeune, même pas 20 ans, lorsqu’il épouse le 04
juillet 1837 à Septeuil, Marie Louise Bernard qui a 24 ans… Il me plaît d’imaginer
que vous avez assisté à cette union dont le principal témoin est bien entendu
votre autre fils, Jacques. J’aimerai que vous puissiez me parler de votre fils
Charles et de votre petit-fils François
Frédéric qui sont, comme vous, mes ancêtres.
Ah Jean Baptiste, le temps presse !
Je sais que nous aurions pu parler bien plus en détails de beaucoup de choses
et de chacun de vos enfants mais il va falloir que mon esprit regagne vite mon
corps car ma maison s’anime… De toute façon, nous sommes arrivés à la fin de
votre expérience terrestre puisque, veuf depuis le 14 janvier 1836, entouré de
vos enfants survivants, de vos petits-enfants et même de votre arrière-petite-fille,
Julie Rosalie Louise Alexandrine Livet qui est née le 11 mars 1838 des œuvres de
François Frédéric, vous vous éteignez, chez vous, à Goupillières, le 18 avril
1840.
Ce texte a été rédigé dans le
cadre du #RDVAncestral du mois de septembre 2019
Sources – Bibliographie :
- Archives des Yvelines
- Archives personnelles
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