Masques, inutiles contre le Covid-19

Ou comment cacher une pénurie

Vers la partie 2

Bonjour mon lecteur,

Hier, j'ai eu un fâcheux contretemps qui m'a obligée à suspendre le récit de mon passé pour regagner mon présent afin d'accomplir une mission urgente : fabriquer des masques en tissu, à plis, pour mon entourage et pour moi aussi bien entendu.

Donc du coup, puisque nous sommes aujourd'hui, je vais finalement vous parlez de mon passé puisque l'affaire s'est déroulée hier.

Parmi les nombreux problèmes qui découlent directement de l'invasion de la terre entière par le minuscule mais redoutable Covid-19, il y a la pénurie des masques de protection...

Du coup mon esprit toujours prompt à faire des comparaisons, s'est lancé dans les méandres de ma mémoire... car un autre scandale au sujet de ces fichus masques avait déjà eu lieu en France en 2010 (Il y avait aussi une grande polémique au sujet du vaccin contre cette grippe mais c'est un autre sujet). Roselyne Bachelot était alors  ministre de la santé et une menace planait au dessus de nos têtes depuis la fin de l'année précédente, son nom était grippe A, c'était le fameux H1N1. Trop alarmiste peut-être ou prévoyant l'attaque du Covid-19 dix ans plus tard, la dame a acheté un stock phénoménale de masques... qui n'a finalement pas été utilisé et, bien entendu, il lui a été reproché avec virulence d'avoir dépensé les deniers publics...

Ne dit-on pas que gouverner c'est prévoir ? Pourtant, les ministres de la santé se sont succédé et aucun d'entre eux n'a pensé à renouveler ce stock, du moins dans une quantité moindre puisqu'il avait été jugé excessif à l'époque de Madame Bachelot... ce stock qui aurait été très utile lors de la venue parmi les humains du perfide Covid-19 avait fondu comme neige au soleil.

Jetée en pâture depuis plusieurs décennies, l'industrie française était à l'agonie... comme notre service de santé mais ce fut un autre scandale... Il n'y avait donc que très peu d'usines qui pouvaient encore fabriquer ces fameux masques que tout le monde réclamait à cor et à cri et puisque j'en suis a utiliser des métaphores au son de vénerie, j'ose aller jusqu'au bout et écrire que l'hallali n'était pas loin. Devinerez-vous où il fallait alors commander ces précieux masques ? Mais oui, vous avez bien compris, il suffisait de les commander en Chine... l'usine du monde !

A la fin du mois de janvier, Agnès Bazyn était encore ministre de la santé et affirmait qu'il n'y aurait pas pénurie de masques en cas d'épidémie.

En France, à cette époque, la campagne pour les municipales battait son plein... Le 16 février, les Français apprenaient qu'Agnès Buzyn venait de démissionner de notre ministère de la santé pour... remplacer un dénommé Benjamin Griveaux, tête de liste LREM à la course à la mairie de Paris... contraint de démissionner... Monsieur Griveaux semblant avoir dépassé le stade des propos grivois... mais cette histoire n'a été qu'un de ces fabuleux scandales à rebondissements qui ont jalonné la politique en France durant quelques décennies... Benjamin Griveaux était un proche de notre Président, Emmanuel Macron, il était, avant sa candidature aux municipales 2020, secrétaire d'état auprès du ministre de l'économie et des finances et porte-parole du gouvernement rattaché au premier ministre qui était Edouard Philippe.

Justement, puisque je parle de lui, je dois préciser que dans ce passé où les têtes dirigeantes nous serinaient qu'ils savaient tout mais que de toute façon, même si ce n'était pas possible à 100 %, ils  comprenaient le reste, qu'ils étaient entourés des meilleurs conseillers, des plus grands spécialistes... qu'ils étaient rompus à la réflexion et à la prise de décisions... Edouard Philippe, le surhomme parmi les surhommes, a alors médusé le peuple. Nous commencions à nous mettre dans la tête que nous avions tous les masques nécessaires pour équiper nos soignants... ou pas... et que le tout un chacun n'avait nullement besoin d'en porter... pourtant, le 13 mars, le premier ministre français prenait le décret n° 2020-247 relatif aux réquisitions nécessaires (les masques) dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 ; cette réquisition était prévue jusqu'au 31 mai suivant.

Où sont les masques ? Tout le monde se posait cette question et la porte-parole du gouvernement, le génie personnifié qu'était la merveilleuse, intelligente, gentille Sibeth Ndaye a profité de l'occasion qui s'offrait à elle d'étaler sa science et, à BFMTV, le 23 mars voilà ce que nous avons pu entendre :

"Vous savez quoi ? Je ne sais pas utiliser un masque. Je pourrais dire : Je suis une ministre, je me mets un masque’, mais en fait, je ne sais pas l’utiliser. Les masques ne sont pas nécessaires pour tout le monde parce que l’utilisation d’un masque, ce sont des gestes techniques précis, sinon on se gratte le nez sous le masque, on a du virus sur les mains ; sinon on en a une utilisation qui n’est pas bonne, et ça peut même être contre-productif. »

C'est la classe ! Non ? Non. Effectivement, comme vous en lisant cette pendable histoire, je m'étais demandé, et croyez moi sur parole je n'ai pas été la seule, comment un énergumène de cet acabit, s'exprimant d'une telle manière, étalant son arrogance et la vacuité de son esprit pouvait être ministre et porte-parole du gouvernement.

Si ma belle-mère avait encore été de ce monde elle m'aurait dit : "Bah dites donc, elle est gratinée celle-là"

Et voila le résumé de la raison pour laquelle j'ai été amenée hier, à lire les recommandations de l'AFNOR, l'Agence française de Normalisation, afin de confectionner quelques masques dans le tissu le mieux adapté possible.

J'ai fait quelques modifications à la partie haute en la renforçant par un ourlet sur chacune des deux épaisseurs de tissu qui composent le masque et en introduisant un petit fil de fer souple et plastifié afin que le masque reste bien en place au niveau du nez.

Il est préconisé de ne pas porter ce masque artisanal plus de quatre heures et de le laver à 60 °... il est également précisé de préférer l'élastique au ruban pour les fixations... j'ai mis de l'élastique mais dans le futur, j'utiliserai du ruban que je taillerai dans du biais parce que je serai bien étonnée que l'élastique résiste longtemps à une telle température de lavage.

Aujourd'hui, au moment où j'écris, je suis tout à fait satisfaite du résultat mais hier, j'ai cru que je n'y arriverai jamais. Ma machine à coudre, pas toute jeune, dans une odeur de brûlée très désagréable, a refusé de faire plus de dix points avant-arrière... J'ai failli abandonner... piètre couturière, n'ayant pas enfilé une aiguille depuis de très nombreuses années... j'ai un instant pensé la tâche impossible... mais convaincue que le port du masque va devenir sinon à la mode du moins obligatoire et que nous

n'étions pas prêts de voir la fin de cette crise sanitaire, je me suis attelée à l'ouvrage et, après quelques piqûres sur le bout des doigts et vingt centimètres de couture irrégulière et zigzagante,  j'ai pris ma vitesse de croisière, redresser mes coutures et arrêté de me planter l'aiguille dans les chairs  : plus de trois heures pour comprendre le document de l'Afnor, trouver fil et aiguille relégués tout en haut d'un placard, me souvenir ce qu'étaient les surjets, les points d'ourlet et autres basiques, suivre pas à pas le patron et les explications fournies, inventer ma petite amélioration personnelle comme je l'ai déjà écrit un peu plus haut, coudre et repasser... pour enfin tenir mon premier masque à plis, en tissu, répondant aux normes Afnor. En fait, c'est un travail plutôt facile et j'ai mis une vingtaine de minutes pour réaliser le deuxième et autant pour les suivants.

Depuis le début de la crise sanitaire, les informations ont fusé et tout le monde a donné son avis, au sujet des masques et de tout le reste... L'information n'a fait que devenir de plus en plus confuse, il est rapidement devenu évident qu'aucune confiance ne pouvait être accordée aux personnes qui clamaient à longueur de journée qu'elles savaient de quoi elles parlaient et que faire.

Le 07 avril, Olivier Véran, successeur d'Agnès Buzyn au ministère de la santé, a déclaré, en parlant du port obligatoire du masque : "C'est encore une question ouverte qui dépendra des recommandations".

L'académie de médecine recommandait déjà que le port d'un masque "grand-public" ou alternatif, en tissu par exemple, soit rendu obligatoire pour les sorties nécessaires... 

Qu'allons nous faire dans le futur ? Depuis quelque temps déjà, on entendait parler du dé-confinement... Quand ? Comment ? Pourra-t-on faire confiance à nos dirigeants ? 

La France va recevoir, de Chine, deux millions de masques chirurgicaux et FFP2 réservés aux soignants... ils devraient arriver fin juin...

Le système D est le bienvenu. Mon esprit n'a pas pu s’empêcher de remonter le temps... jusqu'en 1973... Valéry Giscard d'Estaing était alors ministre des finances alors que nous étions en pleine crise pétrolière... il a eu l'idée de changer d'heure... parce que, souvenons-nous de cette époque : "en France, on n'a pas de pétrole mais on a des idées" alors, creusons-nous la tête !

A très bientôt,

Catherine Livet

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