samedi 25 juillet 2020

25 juillet 1593

Comprendre la vie de nos ancêtres

à travers l'histoire de France et de Navarre

Bonjour mon lecteur,

Saint-Denis en Seine-St-Denis - Gravure 17-18e siècle
Gravure Saint-Denis - 17-18e
Même si les temps sont un peu troubles, je vous entraîne en 1593 où, en ce 25 juillet, Henri IV abjure dans la basilique des rois, à Saint-Denis aujourd'hui en Seine-Saint-Denis, et devant Monseigneur Renaud de Beaune, alors archevêque de Bourges et grand aumônier de France, le protestantisme...

C'est tout de même la sixième fois qu'il change de religion ! Il redevient donc catholique, comme à sa naissance, et le restera désormais jusqu'à la fin de ses jours.
"Paris vaut bien une messe", "Ralliez-vous à mon panache blanc !" Vous savez, le roi préféré des Français... celui dont le grand-père avait frotté les lèvres, dès sa naissance, avec une gousse d'ail et qui lui avait versé quelques gouttes de vin de Jurançon sur la langue... Sully, la belle Gabrielle d'Estrées, Ravaillac... Le "Béarnais", "l'hérétique" devient le "Très chrétien" roi de France... Il sera sacré à Reims.
Quel chemin pour le "Vert Galant" ! Et que de légendes !
Né le 13 décembre 1553 à Pau, il est le fils d'Antoine de Bourbon et de Jeanne d'Albret qui devient reine de Navarre, en 1555 à la mort du roi, son père, Henri... la reine adhère à la Réforme en 1560. Enfant, en 1561, il est envoyé à la Cour de France, garant de la bonne entente entre le royaume de France et l'austère Navarre.
Mais le jeune Henri, alors protestant, fait ses premières armes aux côtés de ses coreligionnaires lors de la troisième guerre de religion en Poitou, Saintonge et Guyenne... La victoire catholique de Jarnac, le 13 mars 1569, sera marquée par la mort -l'assassinat -  de l'un des chefs protestants, et pas le moindre, le prince de Condé, Louis de Bourbon, qui est le frère d'Antoine et donc le neveu du jeune Henri qui assiste à la bataille.

Sa mère étant décédée en juin 1572, le jeune homme devient Henri III de Navarre... le 18 août 1572 il épouse, à Paris, Marguerite de Valois, la sœur du roi de France Charles IX... Que rêver de mieux qu'un tel mariage comme symbole de l'entente et de l'amitié entre la Navarre huguenote et la France catholique ?

Oui mais... Henri de Navarre n'assiste pas à la messe célébrée à Notre-Dame... Il reçoit la bénédiction nuptiale sur le parvis... De plus, de nombreux chefs huguenots sont venus assister au mariage... mais les voir se pavaner dans les rues de Paris est considéré comme une agression par certains... les tensions sont palpables... tant que, le 24 août 1572 restera dans toutes les mémoires de France et de Navarre puisque ce jour là aura lieu le massacre dit de la Saint-Barthélemy. Le jeune marié ne se fait pas trucider... c'est un prince de sang, mais il est fermement invité à abjurer... et, pour ne prendre aucun risque, il est gardé prisonnier à la Cour... En 1576, il s'échappe, rentre en Navarre et... redevient protestant...
Chef du parti protestant, il signe le 26 novembre 1580, la convention de Fleix avec François d'Alençon, frère du roi de France ; c'est la fin de la septième guerre de religion.
Mais voilà qu'en 1584, la mort de François d'Alençon, héritier du roi de France (son frère, Henri III) sans enfant, rebat les cartes... le roi de Navarre, huguenot, devient héritier de la couronne de France... tout le monde n'est pas d'accord... surtout les Guise... dont le duc, un autre Henri, prend la tête de la Ligue, le parti catholique fondé par son père François qui a été assassiné par un protestant
Assassinat de l'amiral de Coligny - St-Barthélemy
Assassinat de l'amiral de Coligny
le 18 février 1563, pour lutter contre le calvinisme. La Ligue a même son candidat au trône de France en la personne du cardinal de Lorraine qui sera proclamé roi sous le nom de Charles X.

Henri de Guise est l'un des chefs catholiques qui a participé à la bataille de Jarnac où fut tué Louis de Bourbon, l'oncle d'Henri III de Navarre et il est soupçonné d'être le commanditaire du meurtre de l'amiral Coligny... assassiné, durant la nuit de la Saint-Barthélémy, dans son lit alors qu'il venait d'échapper à un attentat, son corps fut jeté par la fenêtre et massacré.
C'est lui le "Balafré"... depuis une blessure reçue à la bataille de Dormans qu'il a remportée en 1575.
Le 09 mai 1588, malgré l'interdiction royale, il entre dans la capitale... il est triomphalement accueilli par les Parisiens... Il se rend maître de la ville le 12 mai suivant, à la suite de la journée des Barricades... les ligueurs renversent la municipalité et divisent la capitale en seize quartiers chacun doté d'un chef, l'ensemble forme le "conseil des Seize"...
Devenu lieutenant général, la puissance du Guise devient franchement menaçante pour le roi de France et Henri III le fait assassiner à Blois le 23 décembre 1588... et, le lendemain, le même sort est réservé au cardinal de Lorraine, frère du duc...
Le frère des deux trucidés, le duc de Mayenne, Charles, va prendre la relève à la tête de la Ligue...
L'assassinat des Guise provoque un soulèvement massif de toute la France ligueuse... Tout va mal pour Henri III dont la mère, le "grand roi de France" selon les paroles du futur Henri IV, meurt le 05 janvier 1589... Le roi doit quitter Blois et se réfugier à Tours le 06 mars 1589... complètement en déroute, il doit se réconcilier avec Henri de Navarre... ce sera fait le 30 avril 1589 à Plessis-lès-Tours... et les deux hommes se liguent pour combattre la Ligue ! François de Coligny, fils de l'amiral, se rallie à eux... tout comme les chefs catholiques dont le redoutable duc d'Epernon, l'Archi-mignon d'Henri III de France... Ensemble, ils marchent sur Paris pour reprendre la ville tenue par la milice bourgeoise forte de 45 000 hommes et financée par le roi d'Espagne...
Mais le 1er août 1589, entre en scène Jacques Clément qui, prétendant apporter des nouvelles du Louvre, se fait conduire jusqu'au roi de France... et le frappe à l'aide d'un couteau qu'il cachait sous sa robe de bure... Les quarante-cinq, les cruels Mignons de la garde rapprochée d'Henri de France, accourent... dardent, sans faillir, de leurs épées acérées le moine régicide... les chirurgiens et autres barbiers recousent soigneusement la ventrale plaie béante après avoir remis en place les royaux intestins qui en avaient jailli sous les coups du méchant religieux... Sur son lit devenu de mort, Henri III, roi de France, reconnaît Henri III, roi de Navarre, comme son successeur naturel... et il passe de la vis à trépas au petit matin du 02 août 1589 emportant avec lui les secrets de sa singulière personnalité qui reste une énigme encore de nos jours...

Abjuration d'Henri IV le 25 juillet 1593
Document BNF
Mais Henri IV, puisque tel est désormais son nom, est toujours protestant... Les grands chefs de guerre catholiques le quittent, ne voulant pas servir un roi hérétique... le duc de La Trémouïlle, pourtant protestant, se retire du jeu n'ayant pas apprécié que le nouveau roi de France ait déclaré qu'il respecterait la religion catholique...

Et Henri IV est incapable d'entrer dans Paris toujours aux mains de la milice soutenue par les Espagnols... Les reproches des protestants se font de plus en plus vifs et le roi rétablit, avec restrictions, leur liberté de culte, en juillet 1591 par l'édit de Mante (aujourd'hui Mantes-la-Jolie dans les Yvelines). Puis, le 04 avril 1592, Henri IV annonce qu'il veut être instruit dans la religion catholique et... abjure solennellement le protestantisme, le 25 juillet 1593, devant Monseigneur de Beaune...
"Paris vaut bien une messe"

Henri IV est LE sosa multiple de ma généalogie et, même lorsqu'il n'intervient pas comme ascendant dans l'une ou l'autre de mes branches patronymiques, il a directement influencé la vie de certains de mes ancêtres, non seulement à cause des batailles bien entendu, mais aussi parce que pendant que Paris lui interdisait l'entrée, il a séjourné dans la région, aux abords de Mante, où vivaient, à cette époque précise, certains de mes ancêtres.
J'ai bien sûr déjà évoqué certains des personnages d'aujourd'hui dans d'autres articles.

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