samedi 8 août 2020

08 août 1815 - 1873

L'Histoire n'est qu'une suite d'événements 

Bonjour mon lecteur,

Le 08 août nous entraîne d'abord en 1815, sur l'Ile de Sainte-Hélène au milieu de l'océan, où Napoléon est obligé de prendre ses quartiers... sous la haute surveillance des Anglais. Un petit groupe de fidèles parmi les fidèles suit l'empereur dans son exil...

C'est à la fin de l'année que Napoléon s'installe à Longwood (1), la maison dans laquelle il vivra et décédera le 05 mai 1821. Le gouverneur de l'Ile, Hudson Lowe, chargé, entre autres, de la surveillance de Napoléon aurait alors dit : « Messieurs, c’était le plus grand ennemi de l’Angleterre, c’était aussi le mien. Mais je lui pardonne tout. À la mort d’un si grand homme, on ne doit éprouver que tristesse et profond regret. » 

Dans son testament et dans au moins un codicille, Napoléon avait exprimé le souhait d'être enterré en bord de Seine... Ces restes ne pourront être rapatriés sur le sol français que très longtemps après son décès  et, comme l'histoire n'est qu'une suite d’événements, j'ai déjà parlé des grandioses cérémonies qui ont précédées l'entrée au Panthéon des cendres de Napoléon au sujet de l'Arc de Triomphe de l'Etoile

 

 

avril le 16 - 1821 Longwood

Ceci est un codicille de mon testament

1er  Je désire que mes cendres reposent sur les bords

de la Seine au milieu du peuple

français que j'ai tant aimé

 


Regardez la vidéo : Présentation de l'armoire de fer par Emmanuel Rousseau conservateur du patrimoine, directeur des fonds d'archives


Bon, la vie de Napoléon est fort intéressante mais mon cheval de bataille en ce moment est la guerre de 1870 et ses suites alors, il faut tout de même que je vous parle un peu du 08 août 1873...

Pour en arriver à cette date, il nous faut remonter un peu plus dans le temps et parler d'une histoire
de fous...
Paul Verlaine est né le 30 mars 1844 à Metz ; il est marié depuis 1870 à Mathilde Mauté ; ses "Poèmes saturniens" sont déjà publiés depuis 1866...
Mathilde va mettre au monde leur fil en 1871, il sera prénommé Georges.
 
A Charleville, dans les Ardennes, est né le 20 octobre 1854 Arthur Rimbaud... Il est le second fils d'une fratrie de quatre enfants vivants sur cinq nés. Les parents d'Arthur se séparent alors qu'il n'est encore qu'un enfant, il est alors élevé par sa mère et devient un brillant élève au collège de la ville mais il est aussi un "ado" rebelle... il n'aime pas la religion et déteste l'ordre social.
En revanche, poète talentueux et précoce, il écrit très jeune, dès 1870, ses premiers essais dont "les effarés" et "le dormeur du val"
Fugue après fugue, il renonce à passer son baccalauréat et n'a plus qu'une idée en tête : Aller à Paris pour voir de près les suites de la guerre de 1870, dont la Commune et fréquenter le milieu littéraire...
 
Le jeune Arthur envoie quelques poèmes à Paul Verlaine, bien installé dans ce cercle d'artistes,  qui est tout de suite séduit par le talent du poète et qui l'invite à Paris.
Le petit provincial vient donc un temps habiter chez les beaux-parents de Verlaine mais sa conduite est assez édifiante... Malgré l'impulsivité, la méchanceté et la violence de Rimbaud, une passion insensée va envahir Verlaine qui n'aura plus d'yeux que pour le jeune débauché...
L'alcool coule à flot et la fée verte n'est pas, contrairement à ce que les deux amants maudits pensent, leur bonne amie... elle les rend fous... Verlaine qui passe pour quelqu'un de calme et doux lorsqu'il est sobre, devient d'une violence inouïe lorsqu'il est ivre... Mathilde, son épouse, et même Georges, leur fils encore bébé, seront ses victimes... Une séparation s'en suivra puis, dès que la loi le permettra, un divorce.
Le mal est grand. Dans "Confessions" en 1895, Verlaine écrira : "... Je me plais dorénavant à cette franchise qui fait l'honnête homme, parlons du peut-être seul vice impardonnable que j'ai parmi tant d'autres : la manie, la fureur de boire"
De son côté, Mathilde écrira : "Un an de paradis, un an d'enfer et de souffrances continuelles, voilà ce que furent mes deux ans se mariage.
Que s'était-il passé ? Quelles furent les causes de mon malheur, de ma vie brisée et, plus tard, de la triste et aventureuse existence de Verlaine ? Rimbaud ! l'absinthe !"
 
La liaison amoureuse des deux hommes et la personnalité de Rimbaud choquent... Le couple maudit mène alors une vie vagabonde faite de ruptures et de retrouvailles... leur relation tumultueuse va se terminer dans le drame à Bruxelles où Rimbaud va accepter de rejoindre Verlaine qui refuse d'être séparé de son amant... Verlaine, une nouvelle fois, est ivre et armé d'un pistolet... nous sommes alors le 10 juillet 1873...
 

Déclaration de Rimbaud au commissaire de police, 10 juillet 1873

 
Depuis un an, j'habite Londres avec le sieur Verlaine. Nous faisions des correspondances pour les journaux et donnions des leçons de français. Sa société était devenue impossible, et j'avais manifesté le désir de retourner à Paris. Il y a quatre jours, il m'a quitté pour venir à Bruxelles et m'a envoyé un télégramme pour venir le rejoindre. Je suis arrivé depuis deux jours, et suis allé me loger avec lui et sa mère, rue des Brasseurs, no 1. Je manifestais toujours le désir de retourner à Paris. Il me répondait : « Oui, pars, et tu verras ! »
Ce matin, il est allé acheter un révolver au passage des Galeries Saint-Hubert, qu'il m'a montré à son retour, vers midi. Nous sommes allés ensuite à la Maison des Brasseurs, Grand'Place, où nous avons continué à causer de mon départ. Rentrés au logement vers deux heures, il a fermé la porte à clef, s'est assis devant ; puis, armant son révolver, il en a tiré deux coups en disant : « Tiens ! Je t'apprendrai à vouloir partir ! »
Ces coups de feu ont été tirés à trois mètres de distance ; le premier m'a blessé au poignet gauche, le second ne m'a pas atteint. Sa mère était présente et m'a porté les premiers soins. Je me suis rendu ensuite à l'Hôpital Saint-Jean, où l'on m'a pansé. J'étais accompagné par Verlaine et sa mère. Le pansement fini, nous sommes revenus tous trois à la maison. Verlaine me disait toujours de ne pas le quitter et de rester avec lui ; mais je n'ai pas voulu consentir et suis parti vers sept heures du soir, accompagné de Verlaine et de sa mère. Arrivé aux environs de la Place Rouppe, Verlaine m'a devancé de quelques pas, puis il est revenu vers moi : je l'ai vu mettre sa main en poche pour saisir son révolver ; j'ai fait demi-tour et suis revenu sur mes pas. J'ai rencontré l'agent de police à qui j'ai fait part de ce qui m'était arrivé et qui a invité Verlaine à le suivre au bureau de police. Si ce dernier m'avait laissé partir librement, je n'aurais pas porté plainte à sa charge pour la blessure qu'il m'a faite.
Archives de Bruxelles

Transcription du rapport de police :

À Monsieur le Commissaire en chef de police.

Vers huit heures du soir, l’agent Michel de la 2è division amène au bureau le sieur Verlaine paul , homme de lettres, né à Metz la 30 mars 1844, en logement rue des brasseurs 1, depuis 4 jours venant de Londres, qu’il a arrêté rue du Midi sur la réquisition du sieur Rimbaud arthur, homme de lettres, né à Charleville (France) le 20 octobre 1854, en logement rue des brasseurs 1 depuis deux jours venant également de Londres, lequel déclare qu’il a été blessé au bras gauche d’un coup de revolver que lui a tiré vers deux heures, son ami Verlaine dans la chambre qu’ils occupent rue des brasseurs, qu’il s’est rendu ensuite se faire panser à l’hôpital St Jean, accompagné de Verlaine et de la mère de ce dernier, et sont revenus tous ensemble au logement précité, il n’aurait pas porté plainte de cette blessure, si Verlaine ne s’était pas opposé à son départ, mais se voyant poursuivi par Verlaine qui était toujours porteur de son revolver et craignant d’être tué par lui il avait réclamé le secours de l’agent de police.

J’ai saisi le revolver qui est encore chargé, à la suite de mon instruction Verlaine a été écroué au dépôt communal et mis à la disposition de Monsieur le procureur du Roi.

Bruxelles, le 10 juillet 1873.

[Signature (illisible)]

 


Paul Verlaine est condamné à deux ans de prison à Bruxelles le 08 août 1873.
 
Arthur Rimbaud avait renoncé à porter plainte.
Il cessera toute poésie dès ses 20 ans et partira à la conquête du monde.
 
À bientôt,
Catherine Livet
 
 
 

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