samedi 20 mars 2021

Un RDVAncestral sur fond de Commune de Paris

 

Mes ancêtres et la Commune de Paris
Nous sommes le 19 mars 2021 ; depuis hier, nous commémorons les 150 ans de la Commune de Paris. Certains de mes ancêtres ou de leurs collatéraux ont été très impliqués dans les terribles événements. En
premier lieu, nous trouvons la mort tragique, sur sa barricade, d’Adolphe Lapote, le frère de mon ancêtre Pierre Joseph qui se trouvait à ses côtés ; viennent ensuite la fabuleuse Clémentine Noyon, médaillée militaire, et surtout ses deux premiers maris, Communards, condamnés à la déportation en Nouvelle-Calédonie. Mais, il y a aussi les Beckrich…

Mon verre de Glenlivet de 18 ans d’âge aidant peut-être, je laisse mon esprit vagabonder… il me faut absolument rencontrer, une fois encore, celui de Jacques Beckrich - le père de mon terrible arrière-grand-père Gustave – pour comprendre, ou du moins tenter de le faire, quel a été le rôle des Beckrich durant cette période de sang et de larmes qui a enflammé Paris.

Bonjour Jacques, vous souvenez-vous l’avant-dernière fois où nos esprits se sont rencontrés ? Nous avions effleuré le sujet en disant que l’histoire vous avait rattrapé en région parisienne lorsque, stupéfait, vous vous êtes retrouvé face aux Prussiens… mais je pensais alors que vous étiez resté aux Lilas, à l’abri du fort de Romainville… Pour preuve, j’avais retenu que votre fils Gaspard était né aux Lilas le 27 août 1870, mais je l’avais perdu de vue et je dois dire que, pensant que l’enfant était mort en bas âge, je l’avais oublié jusqu’à ce que je ressorte mes dossiers dans le but de compléter mon livre « Mes ancêtres sous la Commune de Paris ». J’ai donc cherché des traces de votre fils Gaspard et j’ai découvert que sa minuscule dépouille avait été déposée le 26 novembre 1870 dans la tranchée gratuite du cimetière de Charonne à Paris… J’ai été très intriguée par cette découverte. En effet, pourquoi enterrer un bébé dans un cimetière du 20e arrondissement de la capitale si vous habitiez Les Lilas ? Je n’avais d’ailleurs pas trouvé son décès dans cette ville pas plus qu’à Pantin… et pour cause, l’enfant est mort à votre domicile qui était alors situé au 61 rue des Cascades dans le quartier de Belleville, dans le 20e arrondissement parisien.

Jacques, saurais-je un jour pourquoi vous êtes venu vous installer à Paris intra-muros juste au moment où la capitale était assiégée ? Qu’avez-vous fait Jacques ? Quel rôle avez-vous joué tout au long de ces événements qui allaient faire tant et tant de victimes ? Etiez-vous simplement réfugié ou êtes-vous venu spécialement pour prendre part aux événements ? Misérable Lorrain, vous avez quitté votre Moselle natale une dizaine d’années plus tôt pour tenter votre chance à Paris et là, vous avez été obligé de trimer dans une tannerie pour tenter de nourrir votre famille, pas un lopin de terre pour cultiver quelques légumes, il faut acheter toutes les denrées à des prix beaucoup trop élevés ; pas une maison convenable pour loger votre progéniture, mais des entresols moisis où des galetas surchauffés en été et glacés en hiver ; vous avez vu vos premiers enfants naître et mourir sans avoir parfois le temps de faire leurs premiers pas dans une vie dominée par les difficultés et la mort ; en 1870, sur les huit naissances que vous avez accueillies au sein de votre foyer, seuls trois filles et un garçon survivent, ils atteindront d’ailleurs l’âge adulte et se marieront… La misère est votre quotidien… Vous cochez toutes les cases pour faire de vous un Communard de première ligne mais… je n’ai, pour l’instant, trouvé aucun indice qui pourrait orienter mes recherches pour savoir à quoi vous avez réellement participé… Même si vous êtes resté en recul, il est évident que vous avez été aux premières loges, vous avez souffert du siège, vous avez eu faim et froid puis vous avez été témoin des atrocités qui ont ravagé toute la capitale et plus particulièrement, le quartier et ses environs où vous vous êtes installé.

Je ne suis pas certaine non plus que votre frère Jean soit venu avec vous se réfugier ou prendre les armes derrière les murs de Paris, car sa fille Gertrude est née le 02 avril 1871 à Pantin… En tous les cas, votre vie a été encore plus dure que jusqu’alors.

Image anonyme - la fosse commune - Pere-Lachaise - juin 1871 - Musée Carnavalet - Paris
Faites-moi un signe Jacques, dites-moi quelles étaient vos idées durant ces terribles événements, 
racontez-moi tout ce que vous avez fait pendant le siège de Paris, la Commune et la Semaine sanglante…

Le calme va revenir et, dans quelques années, votre vie va enfin s’adoucir, mais ceci arrivera trop tard pour votre fils Gustave, qui n’est pas encore né à l’époque dont nous parlons, et qui va connaître un destin très cruel qui marquera profondément la vie de son propre fils, mon futur grand-père maternel.

Il me faut une fois de plus vous quitter, car mon esprit doit rejoindre mon corps qui l’attend pour pouvoir mettre par écrit cette étrange rencontre avant que mes idées ne se perdent.

Catherine Livet

Ce texte est écrit dans le cadre du #RDVAncestral de mars 2021

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Sources/bibliographie

  • Archives de Paris 
  • Archives de Pantin 
  • Archives départementales de Seine-St-Denis
  • Archives de Saint-Denis
  • Archives privées
  • Musée Carnavalet (Crédit photo La fosse commune du Père Lachaise - Juin 1871)
  • La Commune de Paris au jour le jour par Elie Reclus aux éditions Schleicher frères

2 commentaires:

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