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Franchement ! Quel malin plaisir avez-vous pris à me faire braire ainsi ? Pensez-vous vraiment que j’allais abandonner ou tourner chèvre ? Têtue comme une bourrique, j’ai tenu bon et j’ai déroulé l’écheveau de vos pièges jusqu’à ce qu’il se transforme en fil d’Ariane pour sortir du labyrinthe dans lequel vous vouliez me perdre.
Maintenant que je vous ai trouvés, nous allons discuter d’égaux à égale et nous verrons bien si l’un d’entre vous a quelque chose à rétorquer à ce que je vais vous dire !
Commençons par vous. Après tout, vous êtes mon ancêtre ; je m’arroge donc le droit de vous admonester.
Oui, c’est bien à vous Pierre Joseph Lapostre que je m’adresse. Vous êtes né le 05 novembre 1802 à Landrecies dans le Nord. Vous êtes le seul survivant de Marie Barbe Joseph Lapostre. C’est un fait, chez les Lapostre, on loue un culte certain à Joseph et pour l’honorer, on donne ce prénom à tous les enfants, filles ou garçons, depuis le début du 18e siècle… mais il est toujours adjoint un autre prénom que je suppose usuel. Les Lapostre ne sont pas les seuls du village à distribuer généreusement ce prénom à leurs enfants… peut-être en hommage à Joseph François Dupleix, futur gouverneur de Pondichéry en Inde, né à Landrecies en 1697 ?
C’est en 1828 que vous épousez Angélique Banse, à Solesmes, toujours dans le département du Nord, où vous êtes installé depuis quelques années. Vous aurez un certain nombre d’enfants… tout va bien pour eux jusqu’en 1834 où des jumelles ne vivront que quelques jours. Neuf mois plus tard, naît un garçon que vous prénommez comme vous. D’autres vont suivre, mais le petit Pierre Joseph né en 1835 décède en 1840. Dans cette circonstance, il est compréhensible que vous appeliez le suivant, né en 1844, également Pierre Joseph, mais ce deuxième Pierre Joseph décède en 1845 et vous allez donc donner les mêmes prénoms au suivant né en 1846. Mais voilà que vous prénommez également l’enfant né en 1849 Pierre Joseph et… les deux vont atteindre l’âge adulte, se marier et avoir une descendance dont moi, issue de la lignée de Pierre Joseph 1846 mais, j’ai eu bien du mal à en être certaine !
Maintenant, parlons de vous, les frères Pierre Joseph Lapostre, fils de Pierre Joseph mais aussi de vous, les sœurs Leferme.
Non, Pierre Joseph 1849, ne vous croyez pas exempt de reproches au prétexte que vous n’êtes pas mon ascendant. Vous avez également tenté de brouiller les pistes en épousant, en 1872, Juliette Leferme, la sœur d’Henriette qui était déjà la femme de votre frère Pierre Joseph 1846. Au moins les sœurs Leferme ne portent pas le même prénom ! Je crois que cela vous a un peu contrarié d’ailleurs et vous avez pris grand soin de prénommer l’une de vos filles Juliette Henriette… Et qu’avez-vous fait ensuite ? Vous avez marié vos deux filles à deux frères ! Félicie a épousé Ernest Adolphe Guénée en 1897 et Juliette Henriette Emelie s’est marié avec Louis Guénée, le frère d’Ernest, en 1900. Je ne sais pas si vos filles et vos gendres ont fait perdurer la coutume familiale de ce genre de mariages.
Revenons au cœur du sujet avec vous, Pierre Joseph 1846. Vous vous êtes marié en 1868 avec Henriette Adèle Leferme dont la sœur, quatre ans plus tard, a épousé votre frère comme nous venons d’en discuter avec Pierre Joseph 1849. Pour resserrer les liens familiaux, vous vous êtes dit qu’il fallait marier votre fille aînée avec le fils de votre frère. C’est ainsi qu’Henriette Lapostre, née en 1876, épouse en 1894, Jules Joseph Lapostre, son cousin qui est le fils de votre frère Arsène. Malheureusement, votre fille se retrouve veuve en 1899 avec un fils né en 1898.
Peu après ce veuvage, en 1900 à Paris, vous mariez votre seconde fille, Gabrielle née en 1882 avec Laurent Hector Muyllaërt… Jusqu’à son mariage, ce jeune homme, à part le fait qu’il soit né en 1881 dans le Nord, était étranger à la famille. Votre fille Gabrielle va donner la vie à un petit garçon sept jours après son union officielle.
Pendant ce temps, l’aînée de vos filles, Henriette, traîne ses guêtres à Paris où elle met au monde, en 1905, une petite fille qui ne vivra pas deux ans ; le temps passe et, en 1910, elle prend un nouvel époux, un certain Charles François Muyllaërt qui est le jeune frère de Laurent Hector.
Voyez-vous Henriette Lapostre, j’ai toujours trouvé votre mariage avec Charles Muyllaërt très curieux. Il a été incontestablement précipité puisque ma grand-mère, Charlotte, est née juste trois jours après vos épousailles… aviez-vous fait un pari avec votre sœur dont le premier enfant était né une semaine après son mariage ? Mais il y a aussi votre différence d’âge ; vous êtes de quatorze ans plus âgée que votre conjoint qui est mineur lors de votre mariage et qui se trouve n’avoir que huit ans de plus que votre fils. Ce fils, Emile Jules Henri Lapostre semble rester chez votre père, Pierre Joseph 1846, qui l’élèvera. Cet Emile Lapostre est donc le demi-frère de ma grand-mère Charlotte Muyllaërt pourtant, la « P’tite Denise », fille de Charlotte ne saura jamais qu’Emile Lapostre, qu’elle a connu, est son oncle ; elle désignera toujours les Lapostre sous le vocable « cousins »… Il faut dire que les liens familiaux à sa génération sont devenus très enchevêtrés… mais comme nous arrivons déjà à une époque très récente, nous en reparlerons une prochaine fois.
Tout ceci vous paraît simple à vous, les esprits Lapostre et Leferme et certainement aussi à vous, mon lecteur, mais je vous assure qu’il n’en a pas été de même pour moi à la lecture des actes découverts parfois dans le désordre, avec des prénoms différents comme Pierre pour Pierre Joseph ou Joseph pour Pierre Joseph… Cela n'aide pas vraiment !
En tous les cas, Lapostre et Leferme, soyez rassurés. Il y a une constance dans vos habitudes matrimoniales et un profond attachement à la famille qui va perdurer encore quelques générations puisque vous aurez des descendants qui vont se marier entre cousins… Mais c’est déjà une autre histoire.
Mais non, nous ne nous quittons pas fâchés même s’il est vrai que vous m’avez fait mariner, pester, suer, vociférer - et j’en passe -, je ne vous en veux pas ; tout cela n’était pas tourné contre moi. En revanche, il est certain que je reviendrai voir plusieurs d’entre vous dans un futur plus ou moins proche car vous avez des profils qui sortent parfois de l’ordinaire… même pour vos époques respectives… D’ailleurs, Pierre Joseph Lapostre père et fils, n’est-ce pas que j’ai déjà parlé de vous et tout particulièrement d’Adolphe votre fils et frère ?
Allez, je vous dis donc à bientôt car mon esprit doit se ressaisir et rejoindre la terre où j’ai encore un rôle à tenir ne serait-ce que celui de réacteur du #RDVAncestral.
Catherine Livet
Ce texte a été rédigé dans le cadre du #RDVAncestral de juillet 2021
Dans mon livre "Mes ancêtres et la Commune de Paris", vous retrouverez les Pierre Joseph Lapostre père et fils ainsi que leur fils et frère Adolphe qui est mort sur une barricade parisienne pendant la semaine sanglante. (La version numérique est disponible à la FNAC au prix de 5,99 € TTC)
comme toujours un gros travail de recherche et d'écriture, largement de quoi nous inspirer
RépondreSupprimerMerci beaucoup Dominique !
SupprimerOh là là, quel écheveau enchevêtré !
RépondreSupprimerBravo pour avoir démêlé tout cela et le raconter de manière si fluide.
Merci beaucoup !
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