ChallengeAZ 2022 : Bertrand

Pendant que Bertrand rêve de piloter la dernière Rolls-Royce présentée à la princesse de Lucinge, sa belle-mère, et qu'il teste le pouvoir de séduction de ses 16 ans au son du froufrou de ses premiers bals, les temps sont en train de changer et la situation à travers le monde va devenir explosive…

J'eusse préféré retrouver Bertrand à une autre époque plutôt que de devoir parler de Grande Guerre surtout que, lorsqu'elle éclate, il est trop jeune pour être soldat, et son père est trop âgé, de plus sa santé n'a jamais été exceptionnelle, il a toujours souffert d'une lésion organique du cœur qui l'a empêché de faire son service militaire.

Mais la situation est particulière et le père de Bertrand a entendu l'appel du glaive, il a senti bouillonner dans ses veines le sang des suzerains du Faucigny, il s'est souvenu de son prestigieux grand-père et de son grand-oncle, le magnifique officier, Gaspard qui avait permis que Madame Royale puisse rejoindre son beau-père Charles X durant la révolution de 1830... Plus près de lui, son jeune frère Gérard s'était engagé dans la cavalerie et, à la mobilisation générale, a immédiatement repris du service tout comme leur frère Rogatien qui a préféré l'aéronautique, sans oublier leurs cousins, tous volontaires. Non, Ferdinand, prince de Lucinge, ne peut pas être en reste. Il va donc tenter de s'engager mais l'armée ne veut décidément pas de lui... Plein de ressources, il va alors obtenir un poste d'infirmier principal à l'hôpital complémentaire 21 de Guingamp, la ville la plus proche du château des Côtes du Nord (aujourd'hui Côtes d'Armor) qui appartient à la famille ; il faut dire que l'armée aurait eu mauvaise grâce à lui refuser cette fonction, il venait de faire transformer, à ses frais, deux maisons dont il était propriétaire en annexes de l'hôpital qu'il venait de doter, au surcroît, d'une ambulance et d'une unité de radiologie... mais son état de santé se détériore... terminé pour lui son dévouement auprès des convalescents... il doit rejoindre ses foyers...

Pendant ce temps, Bertrand a été appelé, comme tous les autres jeunes gens de sa classe, par anticipation et il est arrivé au sein du 48e Régiment d'Infanterie le 17 avril 1917 sauf que... Bertrand fait crise d'asthme sur crise d'asthme et il est renvoyé dans ses foyers dès le 12 mai suivant...

Son père n'a toujours pas dit son dernier mot et veut absolument encore donner de sa personne alors, usant certainement des relations de sa famille, il réussit à se faire enrôler et à embarquer son fils dans l'aventure avec lui... Ils ne peuvent pas manier le fusil... ils ne doivent pas être exposés auprès de malades dans un hôpital... Pas un capon chez les Faucigny, ils seront tous les deux cantiniers auprès des Braves ! Ce sera plus particulièrement sur le front d'Italie, en première ligne, que Ferdinand démontrera son courage et son sens de l'organisation, ce qui lui vaudra de recevoir les plus prestigieuses récompenses tant françaises - Croix de guerre, Légion d'Honneur - qu'étrangères - Valeur italienne d'argent, Couronne italienne, ordre de St-Maurice et St-Lazare, etc. -

Et le jeune Bertrand, dans le sillage de son père, sur le front d'Italie, a fait preuve de la même bravoure et, sans penser à rien d'autre que de servir la Patrie, s'est élancé sans relâche, dans des circonstances des plus inconfortables et périlleuses, pour ravitailler les hommes de la première ligne. Pour ses exploits remarqués, il a été décoré de la Croix du Mérite de guerre de l'ordre de l'armée italienne.

Mais, c'était tout de même à prévoir, tout comme celle de son père, sa santé se dégrade fortement en service et le Consul général de France à Milan le réforme pour emphysème pulmonaire très prononcé accompagné de dyspnée et d'accès d'asthme très violents avec accidents asphyxiques et tachycardie.

Oh là là ! C'est terminé pour leurs exploits et père et fils rentrent définitivement à la maison.

Bertrand deviendra pilote automobile et finira misérablement sa vie que vous pouvez retrouver en suivant le lien

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