lundi 7 novembre 2022

ChallengeAZ 2022 : Flore

 

 

 

 

Flore Godin est née le 1er août 1846 à Sebourg dans le Nord. Elle est la fille de François Joseph et d'Euphrosine Monard. Orpheline de mère dès 1857, elle perd son père en 1862.

Elle épouse le 15 juillet 1867, Alexis Leferme, fils d'Alexis Célestin et de Virginie Audubert.



Voici un passage de sa vie qui a, sans doute, marqué son esprit pour très longtemps. Elle a accouché de triplés. Si vous désirez en lire plus à son sujet, rien de plus simple, suivez le lien : Vers toute l'histoire

[...]

Un peu moins d'un an après le mariage, il est évident que la taille jusqu'alors juvénile de Flore commence à s'épaissir... à n'en pas douter, elle porte le fruit de son union avec Alexis... quelques mois encore et il faut bien reconnaître que la pauvre Flore est devenue énorme... elle a du mal à se mouvoir tant son volumineux ventre est lourd et l'empêche même de voir où elle pose les pieds... Les langues des commères vont bon train, les paris sont ouverts... Pour sûr, ce n'est pas un mais deux petits que la Flore tient au chaud... tout le village en est persuadé maintenant... on ne dit rien mais on commence sérieusement à penser que l'accouchement va être à hauts risques...
Et puis, ce 08 septembre 1868, Flore a poussé un petit cri d'effroi lorsqu'elle a senti un liquide tiède lui couler le long des jambes... sans attendre, les douleurs ont fait leur apparition, d'abord diffuses, les contractions sont devenues évidentes puis, au fur et à mesure qu'elles se rapprochaient l'une de l'autre, montait leur intensité... Les matrones ont brusquement abandonné leur ouvrage, elles sont arrivées prestement à la rescousse, elles ont pratiquement porté la jeune femme en sa demeure et ont pris soin d'elle tout en ayant pensé à envoyer quérir la sage-femme... Elles en étaient sûres les voisines, le travail était commencé et il n'allait pas être facile... rien ne voulait sortir malgré les douleurs... Elles se signent et elles prient tout en tenant l'eau au chaud et les linges propres... on lui tamponne les tempes avec de l'eau fraîche pour tenter de la soulager un peu la Flore, faudrait pas qu'elle attrape une fièvre... on lui tapote l'épaule ou on lui presse la main crispée sur le drap pour l'encourager au passage mais on a du mal à trouver les mots de réconfort... Ce n'est jamais une partie de plaisir qu'un accouchement mais là, ça va mal, ça ne se présente vraiment pas bien, c'est pas habituel... de mémoire de femmes, on n'a pas encore connu une situation pareille... C'est long, c'est beaucoup trop long... des heures et des heures que la Flore est dans les douleurs...  Alexis et son père ainsi que les oncles de Flore se rongent les sangs... on les rembarrent sans ménagement lorsqu'ils font mine de vouloir se mêler de l'affaire... il faut dire que tout le monde est à cran... on se relaie toute la nuit au chevet de la Flore... faudrait pas qu'elle flanche... et puis la sage-femme qui somnolait un peu sursaute, elle se précipite vers le lit où Flore qui vient d'étouffer un cri se tord de douleurs... encore quelques minutes et l'accoucheuse tire délicatement à elle un minuscule bébé qu'elle dit être de sexe masculin, il est 7 heures du matin lorsqu'elle coupe le cordon ombilical et passe le nouveau-né à une comparse qui s'empresse de le frictionner et de l'emmailloter bien serré...
Mais la délivrance ne suit pas... Flore est toujours dans les affres de l'enfantement... Elles avaient vu juste les femmes du village, Flore mûrissait des jumeaux... le temps passe, il s'écoule si lentement, si douloureusement pendant que le bébé tente de se frayer laborieusement un passage vers la vie en bousculant les entrailles et en déchirant les chairs de la parturiente... on retient son souffle... on a mal pour la malheureuse... il y a déjà deux heures que le premier est sorti lorsqu'enfin, Flore arrive à expulser le suivant... il est peut-être encore plus petit que son aîné et la sage-femme le reconnaît également de sexe masculin... Une accalmie permet au cœur de Flore, qui a cru mourir, de se calmer un peu et puis, une demi-heure après la seconde naissance, les contractions reprennent... les sourires commencent à renaître sur les visages des femmes... c'est la délivrance... enfin ! Oh mon Dieu non ! pensent-elles toutes en même temps... ce n'est pas le placenta qui quitte Flore mais un troisième enfant que la sage-femme vient de recueillir... il est sans vie...
Le père des jumeaux attend le début d'après-midi pour aller faire les déclarations. La première naissance est enregistrée à deux heures du soir, Alexis nomme le bébé Eloi Joseph ; le grand-père du nouveau-né, Alexis Célestin Leferme et l'incontournable Pierre Joseph Monard, oncle maternel de Flore, sont venus aider le jeune père sans doute un peu débordé par la tâche. La seconde naissance est enregistrée dans la foulée de la première, l'enfant est nommé François Alexis.
Et puis, peut-être parce qu'ils ne savaient pas ce qu'il fallait faire dans le cas d'un enfant mort-né, Alexis et son père retournent à la mairie à 6 heures du soir pour faire cette sinistre déclaration.
Les jumeaux survivants sont bien fragiles, surtout le second, François Alexis, qui décède peu de temps après que sa naissance ait été inscrite sur le registre d'état civil de Sebourg... son éphémère vie n'aura duré qu'environ 5 heures mais père et grand-père attendront le lendemain pour faire la déclaration de décès.
Tous les soins alors possibles sont apportés à Eloi Joseph mais il est bien maigrichon, bien faible et son âme minuscule quitte le petit corps le 14 septembre suivant à 6 heures du matin... après une vie de moins de cinq jours...
Jeune, saine et robuste, Flore va se refaire une santé et sortir vive de cette terrible épreuve ; elle ne va pas s’arrêter à ce coup d'essai raté et va donner la vie à neuf autres enfants qui, à part la dernière née qui décédera à l'age de 10 mois, atteindront l'âge adulte et se marieront.
Alexis la laissera veuve le 27 août 1897, jour où il décède, chez eux, durant la nuit, Pavé du Gouvoi à Sebourg. Flore lui survivra jusqu'au 03 janvier 1914 et quittera la terre âgée de 68 ans ; ce seront deux de ses fils, Henri et Louis qui s'occuperont de faire la déclaration de décès... il faut croire que l'école n'était pas une grande priorité de Sebourg car les jeunes hommes, alors que nous sommes au 20e siècle sont incapables de signer le registre de l'état civil.
 
A demain pour la lettre G
Catherine Livet

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1 commentaire:

  1. Difficile pour une jeune femme, au joli prénom de Flore, de donner naissance à des triplés pour ses premiers enfants.

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