Flore Godin est née le 1er août 1846 à Sebourg dans le Nord. Elle est la fille de François Joseph et d'Euphrosine Monard. Orpheline de mère dès 1857, elle perd son père en 1862.
Elle épouse le 15 juillet 1867, Alexis Leferme, fils d'Alexis Célestin et de Virginie Audubert.
Voici un passage de sa vie qui a, sans doute, marqué son esprit pour très longtemps. Elle a accouché de triplés. Si vous désirez en lire plus à son sujet, rien de plus simple, suivez le lien : Vers toute l'histoire
[...]
Un peu moins d'un an après le mariage, il est évident que la taille
jusqu'alors juvénile de Flore commence à s'épaissir... à n'en pas
douter, elle porte le fruit de son union avec Alexis... quelques mois
encore et il faut bien reconnaître que la pauvre Flore est devenue
énorme... elle a du mal à se mouvoir tant son volumineux ventre est
lourd et l'empêche même de voir où elle pose les pieds... Les langues
des commères vont bon train, les paris sont ouverts... Pour sûr, ce
n'est pas un mais deux petits que la Flore tient au chaud... tout le
village en est persuadé maintenant... on ne dit rien mais on commence
sérieusement à penser que l'accouchement va être à hauts risques...
Et puis, ce 08 septembre 1868, Flore a poussé un petit cri d'effroi
lorsqu'elle a senti un liquide tiède lui couler le long des jambes...
sans attendre, les douleurs ont fait leur apparition, d'abord diffuses,
les
contractions sont devenues évidentes puis, au fur et à mesure qu'elles
se rapprochaient l'une de l'autre, montait leur intensité... Les
matrones ont brusquement abandonné leur ouvrage, elles sont arrivées
prestement à la rescousse, elles ont pratiquement porté la jeune femme
en sa demeure et ont pris soin d'elle tout en ayant pensé à envoyer
quérir la sage-femme... Elles en étaient sûres les voisines, le travail
était commencé et il n'allait pas être facile... rien ne voulait sortir
malgré les douleurs... Elles se signent et elles prient tout en tenant
l'eau au chaud et les linges propres... on lui tamponne les tempes avec
de l'eau fraîche pour tenter de la soulager un peu la Flore, faudrait
pas qu'elle attrape une fièvre... on lui tapote l'épaule ou on lui
presse la main crispée sur le drap pour l'encourager au passage mais on a
du mal à trouver les mots de réconfort... Ce n'est jamais une partie de
plaisir qu'un accouchement mais là, ça va mal, ça ne se présente
vraiment pas bien, c'est pas habituel... de mémoire de femmes, on n'a
pas encore connu une situation pareille... C'est long, c'est beaucoup
trop long... des heures et des heures que la Flore est dans les
douleurs... Alexis et son père ainsi que les oncles de Flore se rongent
les sangs... on les rembarrent sans ménagement lorsqu'ils font mine de
vouloir se mêler de l'affaire... il faut dire que tout le monde est à
cran... on se relaie toute la nuit au chevet de la Flore... faudrait pas
qu'elle flanche... et puis la sage-femme qui somnolait un peu sursaute,
elle se précipite vers le lit où Flore qui vient d'étouffer un cri se
tord de douleurs... encore quelques minutes et l'accoucheuse tire
délicatement à elle un minuscule bébé qu'elle dit être de sexe masculin,
il est 7 heures du matin lorsqu'elle coupe le cordon ombilical et passe
le nouveau-né à une comparse qui s'empresse de le frictionner et de
l'emmailloter bien serré...
Mais la délivrance ne suit pas... Flore est toujours dans les affres de
l'enfantement... Elles avaient vu juste les femmes du village, Flore
mûrissait des jumeaux... le temps passe, il s'écoule si lentement, si
douloureusement pendant que le bébé tente de se frayer laborieusement un
passage vers la vie en bousculant les entrailles et en déchirant les
chairs de la parturiente... on retient son souffle... on a mal pour la
malheureuse... il y a déjà deux heures que le premier est sorti
lorsqu'enfin, Flore arrive à expulser le suivant... il est peut-être
encore plus petit que son aîné et la sage-femme le reconnaît également
de sexe masculin... Une accalmie permet au cœur de Flore, qui a cru
mourir, de se calmer un peu et puis, une demi-heure après la seconde
naissance, les contractions reprennent... les sourires commencent à
renaître sur les visages des femmes... c'est la délivrance... enfin ! Oh
mon Dieu non ! pensent-elles toutes en même temps... ce n'est pas le
placenta qui quitte Flore mais un troisième enfant que la sage-femme
vient de recueillir... il est sans vie...
Le père des jumeaux attend le début d'après-midi pour aller faire les
déclarations. La première naissance est enregistrée à deux heures du
soir, Alexis nomme le bébé Eloi Joseph ; le grand-père du nouveau-né,
Alexis Célestin Leferme et l'incontournable Pierre Joseph Monard, oncle
maternel de Flore, sont venus aider le jeune père sans doute un peu
débordé par la tâche. La seconde naissance est enregistrée dans la
foulée de la première, l'enfant est nommé François Alexis.
Et puis, peut-être parce qu'ils ne savaient pas ce qu'il fallait faire
dans le cas d'un enfant mort-né, Alexis et son père retournent à la
mairie à 6 heures du soir pour faire cette sinistre déclaration.
Les jumeaux survivants sont bien fragiles, surtout le second, François
Alexis, qui décède peu de temps après que sa naissance ait été inscrite
sur le registre d'état civil de Sebourg... son éphémère vie n'aura duré
qu'environ 5 heures mais père et grand-père attendront le lendemain pour
faire la déclaration de décès.
Tous les soins alors possibles sont apportés à Eloi Joseph mais il est
bien maigrichon, bien faible et son âme minuscule quitte le petit corps
le 14 septembre suivant à 6 heures du matin... après une vie de moins de
cinq jours...
Jeune, saine et robuste, Flore va se refaire une santé et sortir vive de
cette terrible épreuve ; elle ne va pas s’arrêter à ce coup d'essai
raté et va donner la vie à neuf autres enfants qui, à part la dernière
née qui décédera à l'age de 10 mois, atteindront l'âge adulte et se
marieront.
Alexis la laissera veuve le 27 août 1897, jour où il décède, chez eux,
durant la nuit, Pavé du Gouvoi à Sebourg. Flore lui survivra jusqu'au 03
janvier 1914 et quittera la terre âgée de 68 ans ; ce seront deux de
ses fils, Henri et Louis qui s'occuperont de faire la déclaration de
décès... il faut croire que l'école n'était pas une grande priorité de
Sebourg car les jeunes hommes, alors que nous sommes au 20e siècle sont
incapables de signer le registre de l'état civil.
A demain pour la lettre
GCatherine Livet
Difficile pour une jeune femme, au joli prénom de Flore, de donner naissance à des triplés pour ses premiers enfants.
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