F ChallengeAZ 2024

 Famille recomposée 

Nous avons vu que la jeune Thérèse Livet et son frère Auguste avaient vécu avec leur mère, Marie-Louise Bernard, séparée de leur père, François Frédéric Livet.

Dès qu’elle en a eu l’âge, la jeune fille a été placée, comme tous les autres enfants, en tant que domestique, sauf qu’il m’a été impossible de savoir où… jusqu’à une certaine époque.

Nous avons vu que sa mère, Marie-Louise Bernard, était décédée le 05 novembre 1870 et que son père s’était éteint le 26 février suivant.

Il semble certain que Thérèse a quitté le village d’Hargeville où elle avait grandi pour travailler à Versailles, chef-lieu des Yvelines. Comment, si jeune, a-t-elle vécu le contraste entre les agglomérations ? En tous les cas, c’est à l’hôpital civil de Versailles que, le 25 décembre 1873, elle accouche d’un garçon, de père non dénommé. Elle est alors domiciliée au 3 boulevard du Roi, adresse que l’on retrouve lorsque, le 06 janvier suivant, elle se reconnaît comme la mère du bébé. Impossible cependant de retrouver sa trace boulevard du Roi, malgré les recensements annuels et très détaillés des habitants de Versailles. Le bébé, Noé, est vite confié aux bons soins de sa tante Eulalie, devenue mère de trois enfants. Puis, il nous faut attendre quelques années pour retrouver Thérèse, toujours domestique, mais rue Galande, dans le 5ᵉ arrondissement de Paris, où elle vit avec Jean Berroy, qu’elle épouse le 1ᵉʳ décembre 1877. Thérèse a récupéré son fils Noé, peut-être avant le mariage, en tous les cas, Jean Berroy va l’élever comme si c’était son fils. De ce mariage, vont naître quatre enfants :

• Louis Désiré Denis, né à la fin de l’année 1879, au domicile familiale, rue Galande. Il atteindra l’âge adulte et se mariera en 1910 ; malheureusement, il décédera en 1912 ;
• Joséphine, elle est née le 06 juillet 1883, rue des Blancs Manteaux, dans le 4ᵉ arrondissement parisien ;
• Auguste Jean-Marie est né en 1886, au même endroit que sa sœur, mais qui décède à l’âge de 3 ans et 3 mois, rue du Petit Pont, là où la famille est installée depuis peu ;
• Émile Augustin, né le 08 avril 1890, un an après le décès d’Auguste ; se mariera et aura des enfants.

Ce dernier enfant n’aura probablement aucun souvenir de son père, car Jean Berroy, entrepreneur en nettoyage, se tue, lors d’un accident de travail, le 20 novembre 1892.

Nous avons vu que Jean Berroy avait élevé Noé Livet, le fils aîné de Thérèse, mais qui va élever Louis, Joséphine et Émile ?

Je n’aurai sans doute jamais de réponse à cette question, et pourtant, un homme, nouveau compagnon de Thérèse, s’est occupé des enfants.

 

Regardez la photo de mariage de Noé Livet. Elle a été prise le 15 avril 1899. Toute la famille Livet est présente. Thérèse est assise à la droite du marié et elle tient la main de l’homme qui est à son côté. Thérèse ne l’a pas épousé, elle restera jusqu’à la fin de ses jours « veuve Berroy » et le nom de cet ami s’est perdu. Pourquoi ? Tout simplement parce que lorsque Émilie Chalvet – la mariée –  montrait cette photo et qu’elle nommait les personnes, elle disait que cet homme était le père de Joséphine et de ses frères… mon père, lorsque, à son tour, il nommait les personnes présentes sur la photo disait que cet inconnu, ami de Thérèse, était Jean Berroy… Jusqu’à ce que je découvre que Jean Berroy était décédé en 1892 et qu’il ne pouvait donc pas figurer sur une photo de 1899 et qu’il était entrepreneur en nettoyage et pas fourreur… métier de l’inconnu qui le transmettra à Émile Berroy… Thérèse Livet, de domestique ou ménagère, sera dorénavant qualifiée de « fourreuse ».

Catherine Livet

Vers la lettre G

Ce texte est rédigé dans le cadre du ChallengeAZ

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