mardi 10 novembre 2020

#ChallengeAZ Lettre I

Pêle-mêle d'étrangetés et autres casse-tête - Challenge AZ 2020

 Intriguant !

#ChallengeAZ 2020 Lettre I pour Intriguant !

Elle  pousse son premier cri en entrant dans un siècle tout neuf le 04 Prairial de l'an VIII qui sent bon les fleurs des champs et l'éveil de la vie...

C'est donc ce 24 mai 1800, dans la maison de ses parents à Maubeuge qu'il lui est donné le caressant prénom d'Angélique... le même que sa mère Angélique Hélain. Ni son père ni les témoins de la naissance qui l'ont accompagné à la mairie ne savent apposer leur signature au bas de l'acte qui officialise la naissance de l'enfant.

Son père ne déroge pas aux habitudes et, comme la majorité des hommes de la famille, il exerce le métier de cloutier... rien que les expressions que nous utilisons encore comme "ça ne vaut pas un clou" ou "travailler pour des clous" nous donne une idée de la pauvreté du foyer dans lequel le hasard de la vie vient de la faire entrer.

Et la situation ne va pas s'améliorer puisque Alexis Rahir, le père de famille qui comprend alors trois enfants, décède alors que la petite Angélique n'a que 7 ans et qu'une sœur, enfant posthume va naître le 20 mars 1808 alors que leur père est décédé le 05 septembre 1807... Ah ! Terrible mauvais sort qui s'acharne toujours sur les mêmes ! La famille est dans une situation si difficile qu'elle ne peut survivre que grâce aux dons du bureau de secours de Lerzy dans l'Aisne ou elle est durablement installée.

Angélique grandit en apprenant le métier de fileuse, celui que sa mère exerce déjà depuis  toujours et puis, vers la fin de l'année 1821, elle donne le jour à une petite fille qui n'aura jamais de père et qui décédera 18 mois après sa naissance, en 1823 ; c'est la grand-mère, Angélique Hélain qui fait toutes les démarches...

Un peu plus tard, le 07 octobre 1825, Angélique se marie ; elle épouse Jean-Baptiste Merda, un journalier de Lerzy de 25 ans. L'union est féconde et le jeune marié se présente à la mairie pour déclarer qu'une petite fille qu'il nomme Marie Célestine est arrivée à son domicile le 19 janvier 1826 mais il faudra enregistrer le décès du bébé le 20 juillet suivant.

Peut-être embobinée par un séducteur de pacotille qui lui a promis de la soie et des diamants,  Angélique coupe les ponts, elle abandonne mère, frère, sœurs et époux et part à la conquête du monde... 

Malheureuse !  La voici perdue de vue... jusqu'au mois de juin 1831... Seule là-bas, dans cette contrée au nom enchanteur de Côte d'Or, où elle semble avoir été abandonnée par son bonimenteur qui lui avait promis une vie de duchesse, elle est en train de souffrir les affres de l'enfantement dans une masure d'Auxonne où elle a échoué il y a déjà 6 mois et où, pour survivre, elle a dû, malgré son état de grossesse avancé, effectuer le rude métier de blanchisseuse. C'est une fille qui vient au monde ce 13 juin 1831 ; elle est inscrite comme fille naturelle et non reconnue d'Angélique Rahir et est nommée Marguerite Angélique Rahir.

Et voici Angélique une nouvelle fois sur les routes, direction le nord, traînant son maigre baluchon et portant sur son sein protecteur son petit paquet de vie emmailloté serré car le bébé, malgré les très dures circonstances de sa venue au monde s'accroche de tous ses instincts à l'existence...  

Jean-Baptiste Merda, son époux, attend-il avec impatience le retour de sa femme et de cette enfant tombée du ciel ? Angélique a-t-elle vraiment l'intention de réintégrer le domicile conjugal après toutes ces années d'absence ? Qui le saura ? 

Quoi qu'il en soit, nous la retrouvons à Avsnes (sur-Helpe). Si c'est dans le Nord qu'elle pose son maigre bagage, la frontière avec l'Aisne n'est pas loin et Jean-Baptiste Merda vit toujours à Lerzy, à une vingtaine de kilomètres. C'est rue Sainte-Croix qu'elle échoue... ce n'est certainement pas un hasard car dans cette même rue habite Jean-Joseph Rahir, un cousin.

Rue Ste-Croix à Avesnes/Helpe - Nord
Rue Ste-Croix Avesnes - en haut, le tribunal, la gendarmerie et la prison
C'est dans ce lieu de la basse ville qu'un fait intriguant va se produire : Angélique va accoucher, le 10 juillet 1835, d'une petite fille qu'elle prénomme Julie. Mais voilà, c'est la sage-femme du coin qui fait la déclaration en mairie et affirme que le nouveau-né est la fille d'Angélique Rahir domiciliée à Avesnes et de son époux, journalier demeurant à Lerzy... sauf que Jean-Baptiste est prénommé Jean-Joseph. L'enfant née ce jour s'appelle donc officiellement Julie Merda.

 

Ce même fait, un peu déroutant, va se répéter, le 21 juin 1838 ; la même sage-femme va déclarer la naissance d'une petite Catherine Clémentine née d'Angélique Rahir habitant à Avesnes et de Jean-Joseph Merda, son époux demeurant à Lerzy.

Pourquoi le mari d'Angélique est-il alors appelé Jean-Joseph plutôt que Jean-Baptiste lors de la naissance de ces deux petites filles ? Simple erreur ou volonté de la part de la sage-femme de souligner que le père légal n'est pas le père biologique des fillettes ? Ou y-a-t-il une autre explication car justement, la question s'est déjà posée lorsque le père de Jean-Joseph Rahir, le cousin d'Angélique :  alors que son prénom avait été Jean-Joseph depuis sa naissance, il avait été appelé Jean-Baptiste lorsqu'il vivait à Avesnes...

Angélique ne laisse plus de trace d'elle pendant quelques années mais il est probable qu'elle ne quitte pas Avesnes. 

Nous la retrouvons en 1855... elle est veuve. Jean-Baptiste Merda est décédé chez lui, à Lerzy dans l'Aisne. Angélique nous convie à son second mariage...

Direction la mairie... Ah non ! Monsieur le maire doit se transporter à l'hospice civil d'Avesnes. C'est Monsieur Henri Joseph Delattre qui lui a fait demander de venir car lui-même souffre d'une grave maladie qui l'empêche de se rendre jusqu'à la mairie... Angélique aussi se transporte à l'hospice civil... c'est normal, c'est son mariage avec le susdit Delattre que le maire doit célébrer en ce 05 juillet 1855 dans cette maison si peu commune pour un tel événement... La cérémonie a lieu dans le réfectoire pour que le monde puisse y assister. Angélique Hélain, la mère de la future, âgée de plus de 80 ans, fileuse à Lerzy, a fait parvenir son consentement par acte à l'intriguant mariage de sa fille...

Henri Delattre décède le 13 août suivant, à l'hospice civil d'Avesnes qu'il na pas quitté.

Angélique est le seul ayant-droit d'Henri Delattre qui possédait quelques biens qui vont permettre à la veuve de couler des jours moins durs...

Henri Delattre semble n'avoir jamais été marié avant cette union in extremis avec Angélique. En bonne santé, il était portefaix et, bien qu'il soit né à Roubaix, il y a certainement longtemps que ces époux un peu spéciaux se connaissaient puisqu'il était le témoin de ce fameux cousin d'Angélique, Jean-Joseph Rahir, lors du second mariage de ce dernier, célébré le 03 décembre 1837 à Avesnes...  

La vie quelque peu mouvementée d'Angélique va tout de même durer presque 84 ans. Et, si c'est toujours à Avesnes qu'elle décède le 18 avril 1884, c'est vraisemblablement chez son gendre, Charles Durget, "l'homme de la famille", employé des chemins de fer, qui va se charger de la déclaration... comme il se charge généralement de tous les actes officiels pour l'ensemble des membres de son étrange belle-famille (il sera notamment le tuteur de son neveu lors du mariage de ce dernier). Sur l'acte de décès d'Angélique Rahir, il est bien noté qu'elle était veuve en premières noces de jean-Baptiste - et non Jean-Joseph - Merda.

Angélique Rahir, fille d'Alexis et d'Angélique Hélain est la sœur de (Marie Joseph) Célestine dont nous avons cherché l'époux, Pierre Joseph Delmotte, tout au long de la lettre G de ce présent #ChallengeAZ et dont la suite de l'histoire est prévue pour le #RDVAncestral du 21 novembre prochain.

Elle est aussi la grand-mère d'Hortense Merda, l'héroïne malgré elle de la lettre E de ce même challenge.

A demain pour la lettre J pour  Jekill et Hyde 

Catherine Livet  

"De la généalogie à l'écriture

Présentation des ateliers Becklivet

 

Vers l'ensemble du #ChallengeAZ

 

Bien contextualiser la vie de nos ancêtres

 




3 commentaires:

  1. Une bien féconde et émancipée jeune femme que cette Angélique

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  2. Quelle drôle de vie ! Je ne comprends toujours pas pourquoi a-t-elle quitté son mari ?

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Merci pour cette lecture.
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