samedi 20 mai 2023

#RDVAncestral avec Jules Bazile

Une fois n’est pas coutume, il y a déjà plusieurs jours que je pense au #RDVAncestral et que je sais qui viendra me rencontrer. C’est donc joyeusement que mon esprit s’envole, virevoltant, plus léger que l’air et plus rapide que le temps qui, pourtant, à la réputation de passer trop vite…

Je le vois, il m’attend…

Bonjour Jules. Laissez-moi me présenter. Je connais votre père, je l’ai rencontré le mois dernier, il était au #RDVAncestral, comme vous aujourd’hui. Puis-je dire que je suis une amie de votre famille ? En fait, je suis la belle-fille de l’une de vos descendantes, la grand-mère paternelle de mes fils ; elle s’appelait Jeannine Georget et ne voulait pas que je m’intéresse à sa généalogie. Elle me disait qu’elle n’avait plus aucune famille en dehors de son époux et de ses trois fils, pourtant elle ne savait rien au sujet de votre père, elle ne connaissait pas plus l’histoire de votre fils et de sa première épouse ; non, ce ne sont pas ses lointains ancêtres qui la chagrinaient, elle avait simplement très peur que je découvre qu’elle avait renié père et mère.

Votre histoire commence à Cérences, village de la Manche d’environ 2 300 habitants, où vous êtes né le 19 juin 1836.
Une sœur, Augustine, vous y attendait depuis 1831. La particularité de votre naissance est que vous auriez bien pu ne pas avoir de nom, car votre père s’appelait juste Bazile ; il était un enfant trouvé et porte le nom que son parrain lui a donné… sauf que c’est un prénom qui aurait dû lui être transmis lors de son baptême, mais Bazile était bien le patronyme de son parrain. En tous les cas, vous avez été prénommé Jules et Bazile est devenu, comme pour votre sœur, votre nom, celui que vous allez transmettre à vos enfants. Malgré le fait que votre père a été dit, jusqu’à sa mort, enfant trouvé, il aura bien mené sa barque ; il est devenu cultivateur, à Cérences, et vous avez un beau métier en main, puisque vous êtes ébéniste.

Vous êtes installé à Granville, ville portuaire en pleine expansion d’environ 15 000 habitants, lorsque, le 15 avril 1858, vous épousez, à Avranches, la demoiselle Virginie Victoire Lechartier.

Votre mariage est bien organisé et vous faites paraître une annonce dans L’Avranchin du 11 avril.

Votre fiancée est née à Ducey, le 13 mai 1837. Son père, Jacques Philippe, était tanneur, il est décédé le 23 novembre 1853 et sa mère, Marie Desfours, est présente et consentante. La future est assistée par son beau-frère, Jean François Julienne ; il est le mari de Victorine Anne qui est de onze ans plus âgée que sa sœur et ils habitent également à Granville.

Vos parents ont déclaré ne pas savoir signer alors que, jusque-là, votre père signait les actes et votre autographe est un peu étrange : Basil, alors que plus tard, lors de la déclaration de naissance de vos enfants, vous signerez différemment.

 

La première naissance semble être celle de Jules César Léon qui n’arrive à votre foyer, toujours situé à
Granville, que le 22 juin 1863 ; il est le lien entre vous et feue ma belle-mère.
Lors de cette naissance, vous étiez encore ébéniste et habitiez, avec votre épouse, rue Notre-Dame à Granville.
Votre signature a vraiment évolué par rapport à celle que vous avez apposée sur votre acte de mariage.

Votre situation va changer.

Votre père, l’enfant trouvé, décède le 22 juin 1864, chez lui, à Cérences, à l’âge de 72 ans et votre mère le rejoint le 08 mars 1866.
C’est à cette époque que vous semblez revenir vous installer dans votre village natal et qu’un autre fils, Ernest Auguste, vient agrandir votre famille.
Lors de la naissance de cet enfant, le 02 avril 1868, vous êtes cultivateur à Cérences.

Combien de temps êtes-vous resté au village ? En tous les cas, vingt ans plus tard, vous êtes retourné vivre à Granville avec votre femme et votre fils Ernest Auguste.
Ce dernier a été ajourné plusieurs fois pour faiblesse par l’armée, il ne sera considéré apte à effectuer son service militaire qu’à partir de décembre 1891 ; il restera soldat du 2e régiment d’infanterie jusqu’au 19 septembre 1892. Bien plus tard, à la déclaration de la Grande Guerre, il sera rappelé, dès le premier août 1914, et sera affecté au 79e régiment territorial d’infanterie ; il restera en service jusqu’au 16 juillet 1917. Entre temps, il aura pris épouse et sera devenu père.

À ce stade de votre histoire, tout semble aller pour le mieux dans votre existence, pourtant je me trouve alors face à un mystère… Que vous est-il arrivé ?

Votre fils Jules César Léon est allé chercher du travail en région parisienne ; il s’est installé au numéro 19 de la rue de Charonne à Saint-Mandé dans le Val-de-Marne.
De sa relation avec la très jeune Isabelle Houbre, est née, le 27 octobre 1886, Jeanne Juliette Isabelle, chez une sage-femme, dans le 5e arrondissement parisien ; sa mère, qui n’avait que 16 ans lors de l’accouchement, est couturière ; elle est la fille naturelle, reconnue, de Marie Augustine Houbre qui est décédée le 06 avril 1883 à Epinay-sur-Orge, dans l’Essonne, mais elle habitait rue d’Orsel dans le 18e arrondissement de Paris ; Isabelle, la fiancée de votre fils, n’avait que 13 ans lorsqu’elle a perdu sa mère. Chargée de famille, Isabelle est allée vivre chez son grand-père, François Houbre, à Montreuil-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis.
Un conseil de famille a nommé le grand-père tuteur de sa petite-fille, afin qu’il autorise le mariage projeté entre cette femme-enfant et votre fils.
Votre épouse habite alors rue de la Corderie à Granville, mais… pas vous ! Où êtes-vous passé ? Personne ne le sait. Pour que votre fils puisse épouser la jeune Isabelle, il faut qu’il fasse constater votre absence par un acte de notoriété dressé, le 13 février 1888, par le juge de paix du canton de Bréhal.
Virginie Lechartier ne se déplace pas pour assister au mariage de votre fils, elle fait parvenir son consentement par un acte notarié ; d’ailleurs, il semblerait qu’aucun membre de la famille assiste Jules César Léon, pourtant une annonce est parue dans l’Avranchin du 13 mai 1888, le journal où votre mariage et la naissance de votre fils avaient aussi été publiés…
Le mariage, célébré à Montreuil-sous-Bois le 26 mai 1888, légitime la petite Jeanne Juliette Isabelle qui prend le patronyme Bazile ; de nombreuses années plus tard, elle donnera le jour à celle qui deviendra la grand-mère paternelle de mes fils.

Voici donc où nous en sommes de votre histoire. Peut-être, un jour plus ou moins lointain, à la lecture d’un acte ou d’une coupure de presse, vais-je retrouver votre trace ?

Sachez également, qu’en plus de votre incompréhensible – pour l’instant – disparition, j’ai découvert un bien mystérieux fait… dont je ne manquerai pas de parler avec votre fils Jules César Léon, lorsque nous aurons #RDVAncestral.

Je vous dis adieu, Jules. Le moment est venu pour mon esprit de retrouver son enveloppe charnelle et mes proches parmi lesquels se trouve ma place.

Catherine Livet

Ce texte est rédigé dans le cadre du #RDVAncestral. Venez participer à cette belle aventure littéraire, vous êtes chaleureusement invité.

 

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4 commentaires:

  1. Du suspense, encore du suspense, vivement le prochain #RDVAncestral 😉

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    1. Je me suis trouvée devant une situation vraiment peu banale et que je n'arrive toujours pas à m'expliquer. Merci Laurence pour la lecture et le commentaire.

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  2. Qu’allons-nous découvrir le moi prochain ?

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    1. Surprise... et de taille. Un vrai mystère dont je doute de trouver un jour l'explication

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Merci pour cette lecture.
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